Ps 37, 12-15
« (v. 12) Amis et
compagnons se tiennent à distance,
Et mes proches, à l’écart
de mon mal.
(v. 13) Ceux qui veulent
ma perte me talonnent,
Ces gens qui cherchent
mon malheur ;
Ils prononcent des
paroles maléfiques,
Tout le jour ils ruminent
leur traîtrise.
(v. 14) Moi, comme un
sourd, je n’entends rien,
Comme un muet, je n’ouvre
pas la bouche,
(v. 15) Pareil à celui
qui n’entend pas,
Qui n’a pas de réplique à
la bouche »
En ces quelques versets,
le psalmiste poursuit l’expression de sa souffrance. A présent, elle se décline
en termes relationnels. Une double réaction est ainsi dénoncée. D’un côté, les
« amis, compagnons et proches », qui « se tiennent à
distance », « à l’écart de (son) mal ».
De l’autre, ceux dont les
intentions sont malfaisantes, « qui veulent (sa) perte, cherchent (son)
malheur » : eux qui « talonnent, prononcent des paroles
maléfiques, ruminent leur traîtrise ».
De part et d’autre, la
poursuite malveillante, la prise de distance, l’abandon. Les seules paroles
entendues sont « maléfiques » et vectrices de traîtrise.
Le psalmiste ne ressent
que solitude et isolement.
Les versets 14 et 15 font
connaître l’autre versant, à savoir la réaction du psalmiste. On aurait pu entendre
une révolte, une colère, un cri.
Au contraire, le
psalmiste s’identifie à un sourd qui « n’entend rien » ; à un
muet « qui n’ouvre pas la bouche ».
Cela fait écho à un
auteur du 4e siècle, Jean Cassien, source privilégiée de la Règle de notre fondateur St Benoît, qui prescrivait
de telles attitudes : être aveugle vis-à-vis du « moins
édifiant » ; être sourd vis-à-vis des comportements désordonnés des
autres ; être muet face aux injures et aux outrages (Institutions, IV, n° 40).
Une triple attitude
certes peu aisée, mais qui permet de ne pas renforcer la spirale de la
violence. Attitude aussi qui confirme ce que le psalmiste disait au verset 10
« Seigneur, tout mon désir est devant toi, et rien de ma plainte ne
t’échappe ». Cette surdité et ce mutisme donnent la preuve de sa
confiance. Rendre à Dieu l’occasion d’exercer la justice, au lieu de la rendre soi-même,
avec le risque de verser dans le centuple…
Seigneur, même dans les
situations les plus extrêmes, où je me sens seul(e), abandonné(e) de tou(te)s,
ton Esprit m’inspire une attitude de confiance.
Malgré des apparences
parfois bien contraires, le plus important, mon essentiel est sain et sauf… et ne
me sera jamais enlevé : Tu es là !
lectio partagée par sr M Jean
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