vendredi 14 novembre 2025

Liturgie de le Parole 32e vendredi TO-I

Lectures : Sagesse 13,1-9 ; psaume 18a ; Luc 17,26-37

Homélie 

      Chaque verset de l'évangile, pris isolément, peut être une source inépuisable de méditation. Chaque passage mérite qu'on s'y arrête. Cependant, il y a des paroles qui prennent tout leur sens quand on les remet à leur place. À l'occasion, d'ailleurs, la même phrase peut signifier deux choses différentes dans deux contextes distincts. Matthieu et Luc, tout particulièrement, n'exploitent pas toujours de la même façon les matériaux qu'ils ont sous les yeux.
      
      L'évangile de ce jour est assez secouant et je ne voudrais pas vous empêcher de vous laisser secouer. C'est peut-être de cela que vous avez besoin aujourd'hui. Mais il me semble qu'il est bon de ne pas oublier qu'il est la suite de celui d'hier et que le propos de Jésus se prolonge dans celui de demain.
      
      Le point de départ est une question des pharisiens : quand viendra le règne de Dieu ? La réponse de Jésus est assez longue et ne s'achève pas sur ce rassemblement de vautours. Il y ajoutera demain la parabole de la veuve casse-tête, dont la conclusion est que Dieu est pressé de venir pour établir son Règne, qu'il n'attend pas pour le plaisir de nous faire attendre, mais aussi que s'il venait aujourd'hui, il serait désolé de ne pas nous trouver prêts. Le Fils de l'homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? 
      
      Autrement dit, la question nous est renvoyée. Quand viendra le Règne de Dieu ? 
      – Aujourd'hui, pourvu que vous le fassiez venir. Le Règne de Dieu est au milieu de vous, en vous. Il est entre vos mains. C'est à vous de le mettre au monde. 
      – Mais, Seigneur, c'est trop grand pour moi. Le monde est immense, les sociétés sont compliquées, nos moyens sont dérisoires. Comment veux-tu que nous puissions faire advenir ton Règne, alors que des dizaines de générations se sont succédé sans y parvenir ? Nous ne pouvons compter que sur toi. Fais venir ton Règne !

    Dieu nous répond : "Pas sans toi." Et il ajoute probablement la phrase de Rabbi Tarfon, au deuxième siècle : "Il ne t'appartient pas d'achever le travail, mais pas non plus de t'y dérober tout à fait."     

    Et alors, si nous acceptons de prendre au sérieux cette réponse, notre prière peut renvoyer la balle à Dieu : "D'accord, je vais être l'artisan de ton Royaume. Je veux bien croire que la bonté d'une seule personne rend meilleure l'humanité tout entière. Mais, si je puis me permettre… pas sans toi."

Frère François de Wavreumont le 14 novembre 25


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