mercredi 12 novembre 2025

Liturgie de la Parole 32e mercredi TO-I

Devenir merci (Luc 17, 11-19)

Lectures : Sagesse 6,1-11 ; psaume 81 ; Luc 17,11-19

Calligraphie de Sr M-Jean-©Hurtebise
Méditation

Dix hommes, dix lépreux s’approchent de Jésus. Ils s’arrêtent à distance. Ils crient : “Aie pitié de nous.” La lèpre n’est pas seulement une maladie, c’est la rupture du lien, en particulier du lien social. On ne touche plus. on ne vit plus au milieu des autres. Le cri de ces dix homme est celui de ceux qui n’ont plus le droit de s’approcher du temple...

Jésus ne les touche pas. Il les envoie : “Allez vous montrer aux prêtres.” Autrement dit : mettez-vous en marche. Et en cours de route, dit Luc, ils furent purifiés - guéris. Jésus laisse advenir la guérison dans la marche. Son autorité n’est pas celle du miracle, mais celle du souffle qui met en route. Le verbe grec katharizô — "purifier" — désigne le rétablissement du lien : ces hommes peuvent revenir parmi les vivants.

Et un seul, voyant qu’il est guéri, “revient en arrière” (hypéstrepsen). Ce verbe est capital chez Luc : c’est celui des disciples d’Emmaüs quand ils “reviennent à Jérusalem”. C’est le verbe du retournement intérieur, du demi-tour vers la source du don. 

Le Samaritain ne poursuit pas la réintégration sociale en premier lieu. Il revient, glorifie Dieu à pleine voix et se jette face contre terre aux pieds de Jésus en lui “rendant grâce” (eucharistôn). C’est la racine même du mot Eucharistie. Ce qu’il accomplit n’est pas un remerciement poli, mais un acte eucharistique : la reconnaissance du don et de sa source. Il est passé de la santé retrouvée à la relation retrouvée.

Les autres ont été purifiés ; lui, il est sauvé. La purification rend le corps à la société; le salut rend l’être à lui-même, dans la relation à Dieu. Cet homme s’est retourné sur ce qu’il vivait, il a perçu l’essentiel, il a reconnu le don. Il est relié. Et c’est là, dit Jésus, que se trouve sa foi.

Le miracle n’est pas tant d’avoir été guéri, mais d’avoir su revenir.

Seigneur, comme ce lépreux qui revient sur ses pas,
je voudrais reconnaître ce qui, en moi, a été rejoint.

Tu m’as simplement mis en marche. 
Et parfois, en chemin,
s’ouvre un lieu de rencontre,
sans que je sache comment.

Fais-moi la grâce de me retourner,
de ne pas continuer trop vite,
de m’arrêter là où le don a eu lieu.

Quand mes mots se taisent,
que ma vie seule te dise merci.

Isabelle le 12 novembre 25


Aucun commentaire: