mardi 19 juillet 2022

Liturgie de la Parole, 16e mardi TO

 (Isabelle)

 Introduction

Nous avons terminé hier la lecture de Michée au chapitre 6 (Mi 6, 1-4.6-8) par ceci : « Homme (… voici) ce que le Seigneur réclame de toi : rien d’autre que respecter le droit, aimer la fidélité, et t’appliquer à marcher avec ton Dieu ». Pratiquer la justice, accueillir la miséricorde, se convertir, c’est donc ce qui est attendu de nous. Le chapitre suivant, que vous allez entendre, continue avec cette belle prière d’espérance : « Seigneur, sois le pasteur de ton peuple (…) Tu lui feras voir des merveilles (…) Tu nous montreras ta miséricorde. Tu fouleras aux pieds nos crimes, tu jetteras au fond de la mer tous nos péchés ! ».

Dans l’Evangile de Matthieu à la fin du chapitre 12 (Mt 12, 46-50), Jésus nous rappelle un autre élément important pour l’avènement du Royaume : la fraternité. Qui est ta mère ? Qui sont tes frères ?

Voici donc dits, dans ces deux textes, ce que le Seigneur attend de ses fils – fils de Dieu, frères en Christ - : justice, miséricorde, conversion et fraternité.

Avant d’écouter ces lectures et de méditer le texte de l’évangile, entrons en prière avec le chant des psaumes.

 

Méditation

Cet évangile a interpellé bien des gens sur la relation de Jésus à sa mère et à ses frères, qu’il semble ici rabrouer ou en tout cas ne pas vouloir recevoir. Beaucoup ont disserté sur Marie, « La Mère » (pourrions-nous être tous mère ?), ou sur La Grande Famille des croyants (tous frères ?). Comme je vous le partageais en introduction, on peut voir dans ce texte un rappel de ce qu’est la fraternité en Christ.

Je vous partage quelques autres réflexions de ma méditation :

La première, c’est que je comprends Jésus quand on le vient le perturber dans son enseignement aux foules pour lui dire que sa famille voudrait lui parler. Quelles qu’en soient les raisons, c’est agaçant ! Et ce n’est pas étonnant qu’il réagisse ainsi ! La réaction de Jésus est normale - oserai-je dire « humaine » ?

Deuxième réflexion : « lekh- lekha »[1]. Nous connaissons bien ces mots du livre de la Genèse (Gn 12, 1) : « Quitte ton pays, ta famille, et va (lekh-lekha) vers la terre que je te montrerai ». « Pars pour toi ». « Va vers toi ». « Va en toi ». Remplis ta mission. Pour devenir soi-même, pour « grandir », il est nécessaire d’abandonner certaines choses du monde, de prendre la distance physique et émotionnelle nécessaire, notamment avec sa famille[2]. La réaction de Jésus est cohérente. Elle démontre sa maturité pour la mission que Dieu lui confie : en faisant la volonté de Dieu, en devenant lui-même, libre et disponible, il devient pleinement Fils de Dieu. Et il peut accompagner d’autres en chemin.

Troisième point : C’est à ses disciples que Jésus dit « Celui qui fait la volonté de Dieu est pour moi un frère, une soeur, une mère. » Il parle à ceux qui le suivent, qu’il connaît, qu’il enverra en mission, qui témoigneront, qui évangéliseront. La réaction de Jésus est juste. Ceux qui font la volonté de Dieu partagent le même projet de vie que lui. Ils sont de sa famille, une famille réunie par son sang,  unie par l’Amour de Dieu.

Je relis ainsi cet évangile comme un texte qui nous montre :

-          la juste place du Christ en action,

-          la juste place du Christ face à sa cellule familiale - c’est sa mère et ses frères que Jésus est appelé à quitter pour répondre à l’appel de Dieu, son Père des cieux -, et

-          la juste place qu’il nous donne dans le projet divin - une place de frères, de sœurs, de mère, donnée par la conversion ; une place remplie de compassion, de miséricorde d’amour filial et fraternel.

Laissons Jésus nous combler de cette justice et de cette fraternité.


Invitation au Notre Père

Ce sont tes mots, Jésus, notre frère, relayés par tes évangélistes, que nous chantons ensemble.

 

Oraison finale

Seigneur Dieu, nous te remercions de nous considérer comme tes filles et tes fils en Jésus, alors que nous essayons tant bien que mal de faire ta volonté et de t’être fidèle. Donne-nous d’accueillir ta miséricorde, de pratiquer ta justice et d’être dignes de cette fratrie à laquelle Jésus nous associe.

Nous te le demandons, à toi qui vis et règne, avec Jésus, le Christ, en communion avec le Saint Esprit, pour toujours et à jamais.



[1]« Lekh-lekha ». L’appel à Abraham en Genèse 12,1 et les tournures parallèles, Innocent Himbaza  https://www.cairn.info/revue-etudes-theologiques-et-religieuses-2016-1-page-21.htm

[2] De très nombreux versets d’évangile parlent du détachement de soi et d’avec sa famille comme promesse de vie éternelle : il faut « haïr son père et sa mère » (Lc 14 :26 ; Mt 10, 27 ; Mt 19,29). En même temps, il est commandé d’« honorer son père et sa mère »  (Ex 20, 12 ; Ep 6, 2) afin que nos jours se prolongent dans le pays que Dieu nous donne. Le logion 101 de l’apocryphe de Thomas illustre bien cette apparente contradiction : « Celui qui ne haïra pas son père et sa mère comme moi ne pourra être mon disciple, et celui qui n’aimera pas son père et sa mère comme moi ne pourra être mon disciple. »

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