(Isabelle)
Nous
avons terminé hier la lecture de Michée au chapitre 6 (Mi 6, 1-4.6-8) par
ceci : « Homme (… voici) ce que le Seigneur réclame de toi :
rien d’autre que respecter le droit, aimer la fidélité, et t’appliquer à
marcher avec ton Dieu ». Pratiquer la justice, accueillir la miséricorde, se
convertir, c’est donc ce qui est attendu de nous. Le chapitre suivant, que vous
allez entendre, continue avec cette belle prière d’espérance : « Seigneur,
sois le pasteur de ton peuple (…) Tu lui feras voir des merveilles (…) Tu nous
montreras ta miséricorde. Tu fouleras aux pieds nos crimes, tu jetteras au fond
de la mer tous nos péchés ! ».
Dans
l’Evangile de Matthieu à la fin du chapitre 12 (Mt 12, 46-50), Jésus nous rappelle
un autre élément important pour l’avènement du Royaume : la
fraternité. Qui est ta mère ? Qui sont tes frères ?
Voici
donc dits, dans ces deux textes, ce que le Seigneur attend de ses fils – fils
de Dieu, frères en Christ - : justice, miséricorde, conversion et fraternité.
Avant
d’écouter ces lectures et de méditer le texte de l’évangile, entrons en prière avec
le chant des psaumes.
Méditation
Cet
évangile a interpellé bien des gens sur
la relation de Jésus à sa mère et à ses frères, qu’il semble ici rabrouer ou en
tout cas ne pas vouloir recevoir. Beaucoup ont disserté sur Marie, « La Mère »
(pourrions-nous être tous mère ?), ou sur La Grande Famille des croyants
(tous frères ?). Comme je vous le partageais en introduction, on
peut voir dans ce texte un rappel de ce qu’est la fraternité en Christ.
Je vous
partage quelques autres réflexions de ma méditation :
La
première, c’est que je comprends Jésus quand on le vient le perturber dans son
enseignement aux foules pour lui dire que sa famille voudrait lui parler.
Quelles qu’en soient les raisons, c’est agaçant ! Et ce n’est pas étonnant
qu’il réagisse ainsi ! La réaction
de Jésus est normale - oserai-je dire « humaine » ?
Deuxième
réflexion : « lekh- lekha »[1]. Nous connaissons bien ces
mots du livre de la Genèse (Gn 12, 1) : « Quitte ton pays, ta
famille, et va (lekh-lekha) vers la terre que je te montrerai ». « Pars
pour toi ». « Va vers toi ». « Va en toi ». Remplis ta
mission. Pour devenir soi-même, pour « grandir », il est nécessaire
d’abandonner certaines choses du monde, de prendre la distance physique et
émotionnelle nécessaire, notamment avec sa famille[2]. La réaction de Jésus est cohérente.
Elle démontre sa maturité pour la mission que Dieu lui confie : en faisant
la volonté de Dieu, en devenant lui-même, libre et disponible, il devient
pleinement Fils de Dieu. Et il peut accompagner d’autres en chemin.
Troisième
point : C’est à ses disciples que Jésus dit « Celui qui fait la
volonté de Dieu est pour moi un frère, une soeur, une mère. » Il parle à ceux
qui le suivent, qu’il connaît, qu’il enverra en mission, qui témoigneront, qui
évangéliseront. La réaction de Jésus est
juste. Ceux qui font la volonté de Dieu partagent le même projet de vie que
lui. Ils sont de sa famille, une famille réunie par son sang, unie par l’Amour de Dieu.
Je
relis ainsi cet évangile comme un texte qui nous montre :
-
la juste place du Christ en action,
-
la juste
place du Christ face à sa cellule familiale - c’est sa
mère et ses frères que Jésus est appelé à quitter pour répondre à l’appel de
Dieu, son Père des cieux -, et
-
la juste
place qu’il nous donne dans le projet divin - une place de frères,
de sœurs, de mère, donnée par la conversion ; une place remplie de compassion,
de miséricorde d’amour filial et fraternel.
Laissons
Jésus nous combler de cette justice et de cette fraternité.
Invitation au Notre Père
Ce
sont tes mots, Jésus, notre frère, relayés par tes évangélistes, que nous
chantons ensemble.
Oraison finale
Seigneur
Dieu, nous te remercions de nous considérer comme tes filles et tes fils en Jésus,
alors que nous essayons tant bien que mal de faire ta volonté et de t’être fidèle.
Donne-nous d’accueillir ta miséricorde, de pratiquer ta justice et d’être
dignes de cette fratrie à laquelle Jésus nous associe.
Nous
te le demandons, à toi qui vis et règne, avec Jésus, le Christ, en communion
avec le Saint Esprit, pour toujours et à jamais.
[1]« Lekh-lekha ». L’appel à Abraham
en Genèse 12,1 et les tournures parallèles, Innocent
Himbaza https://www.cairn.info/revue-etudes-theologiques-et-religieuses-2016-1-page-21.htm
[2]
De très nombreux versets d’évangile parlent du détachement de soi et d’avec sa
famille comme promesse de vie éternelle : il faut « haïr son
père et sa mère » (Lc 14 :26 ; Mt 10, 27 ; Mt 19,29). En
même temps, il est commandé d’« honorer son père et sa mère » (Ex 20, 12 ; Ep 6, 2) afin que nos jours
se prolongent dans le pays que Dieu nous donne. Le logion 101 de l’apocryphe de
Thomas illustre bien cette apparente contradiction : « Celui qui ne haïra pas son père et sa mère
comme moi ne pourra être mon disciple, et celui qui n’aimera pas
son père et sa mère comme moi ne pourra être mon disciple. »
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