mercredi 13 juillet 2022

Liturgie de la Parole, 15e Mercredi TO

 (SMJn Noville)

Introduction

Nous voici rassemblés en communauté, en Eglise.

« C’est par la vigueur de ma main que j’ai agi, et par ma sagesse, car j’ai l’intelligence.

J’ai déplacé les frontières des peuples, j’ai pillé leurs réserves ; fort entre les forts, j’ai détrôné des puissants… »

Tel est le discours du roi d’Assour, au chapitre 10 du prophète Isaïe.

Parlant au nom de Dieu, le prophète clarifie le sentiment de ce roi :

« … le ciseau se glorifie-t-il aux dépens de celui qui s’en sert pour tailler ? La scie va-t-elle s’enfler d’orgueil aux dépens de celui qui la tient ? »

Manifestation d’un orgueil suprême qui se retournera contre lui.

Telle est la première lecture que nous offre la liturgie en ce 15e mercredi du TO.

Tout en contraste, l’évangile de Matthieu, qui rapporte la perception joyeuse de Jésus :

« Ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits »

Ces tout-petits, ce sont les anawim du Premier Testament, ceux qui attendent tout du Seigneur et qui se tournent vers Lui…

 Pour nous aider à approfondir ces lectures, je m’attarderai à la réponse qu’offre Jésus à l’orgueil, à savoir l’humilité.

Et, avant de chanter les psaumes pour rejoindre les intentions des hommes et femmes de notre temps, souvent tentés ou victimes de l’orgueil, rappelons l’importance de l’humilité dans notre vie chrétienne.

Abba Antoine a dit :

« J’ai vu tous les filets de l’Ennemi étendus sur la terre et je me disais en gémissant : ‘Qui pourrait passer au travers ?’ J’entendis une voix qui me disait : ‘L’humilité’ »

 Méditation

Il n’est certes pas facile de parler de l’humilité…

Comme l’écrit André Louf : « De quel droit pouvais-je, moi, parler d’humilité ? Allais-je laisser entendre que j’étais moi-même expert en la matière ? Peut-être même un exemple ? Mais comment oser prétendre une telle chose sans par là même faire la preuve éclatante qu’on en est totalement privé ? ‘Croire que l’on n’est pas orgueilleux, dit saint Jean Climaque, est une des plus claires manifestations qu’on l’est’. Et croire qu’on est humble est sans doute illusion pire encore… »[1].

 Les humbles, les petits ont une place particulière dans le cœur de Dieu.

Et dans l’Evangile de ce jour, ils sont bénéficiaires des mystères : « Ce que tu as caché aux sages et aux savants, dit Jésus, tu l’as révélé aux tout-petits ».

Et Lui, Jésus, connaît ce chemin d’humilité, lui qui se dira « doux et humble de cœur » (Mt 11).

Pour conduire notre méditation sur ce sujet, je vous propose un extrait de la tradition monastique.

Un temps de silence nous donnera ensuite l’occasion de le laisser résonner en nos cœurs… Et l’Esprit-Saint pourra faire son œuvre.

 Voici un apophtegme, un court récit datant du 4e siècle dans le désert d’Egypte :

« On racontait qu’un ancien avait jeûné durant 70 semaines, ne mangeant qu’une seule fois par semaine.

Il faisait cela afin d’être éclairé sur le sens d’un texte de l’Ecriture, mais Dieu ne l’éclaira pas.

Il se dit alors en lui-même : ‘Voilà que j’ai fait de tels efforts et je n’ai rien obtenu, je vais aller vers mes frères et leur demander la solution’.

À peine avait-il fermé la porte pour partir, qu’un ange lui fut envoyé de la part du Seigneur et qui lui dit : ‘Les 70 semaines de jeûne ne t’ont pas rapproché de Dieu ; mais lorsque tu t’es humilié pour aller vers tes frères, je t’ai été envoyé pour te révéler le sens de cette parole’.

Et après lui en avoir clairement donné la signification, il le quitta »[2].

 Temps de silence

 Notre Père

Animés par la joie filiale de Jésus, redisons la prière des enfants de Dieu…

Oraison

Seigneur, face à l’orgueil qui menace notre monde, qui menace nos cœurs, nous nous tournons vers Toi : « Ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits ». Cette capacité de s’ouvrir à ton action, d’accueillir ta Parole, de te faire confiance, ce chemin d’humilité, Jésus l’a parcouru et nous en montre la direction.

Comme tu le fis pour ton Fils, accorde-nous ton Esprit, afin que nous ne cessions de recevoir de Toi l’inspiration, le secours et la révélation de tes mystères. Nous te le demandons par Jésus-Christ, ton Fils, qui règnes avec Toi et le Saint-Esprit, maintenant pour les siècles des siècles.

 Bénédiction

Que le Seigneur qui nous entraîne sur son chemin de la véritable grandeur nous bénisse et nous garde…

 


[1] A. Louf, L’humilité, s.l., Parole et Silence, 2002, p. 8.

[2] Nau 314 : cité dans A. Louf, L’humilité, s.l., Parole et Silence, 2002, p. 49.

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