(sœur Marie-Raphaël)
Ouverture
Durant ces mois d’été, nous poursuivons notre lecture
continue de l’évangile de Mt et parallèlement un parcours à grandes enjambées
des prophètes d’Israël. Le texte du prophète Michée que nous entendrons
aujourd’hui est connu, il est capital. Il nous fait réfléchir à ce que le
Seigneur attend de nous. Le psaume 49 lui fait écho de manière poétique. Il
suggère que le « sacrifice d’action de grâce » a plus de valeur, pour
Dieu, que tous les sacrifices d’animaux. Oui, notre prière est un lieu de
rencontre intime avec le Seigneur, le Dieu de l’Alliance. Notre psalmodie est
un sacrement. Offrons à Dieu le sacrifice de louange !
Résonances
Dans le film « Lunana », qui se déroule dans
un des villages les plus reculés du Bhoutan, à plus de 5000 mètres d’altitude,
on voit une jeune femme assise devant la montagne, à un endroit bien choisi
pour que l’écho amplifie sa voix. Elle chante le chant des yacks : en
entendant ce chant, les yacks dispersés dans les pâturages des hauteurs
retrouvent le chemin du village. Le jeune maître d’école – qui vient de la
ville et ne connaît pas tout cela – lui demande : « pourquoi fais-tu
cela ? Pourquoi chantes-tu ici ? » Et elle répond : « c’est
mon offrande ». Il y a en elle un mouvement spontané qui vient des
profondeurs de l’âme et qui la pousse à offrir ce qu’elle a de plus
beau. Car la beauté n’atteint sa plénitude, sa véritable raison d’être, que
dans le fait d’être offerte, partagée… La jeune fille offre son chant parce
qu’elle déborde d’un bonheur tout simple et qu’elle sent qu’elle doit
rendre grâce. À qui l’offre-t-elle ? Elle ne s’en préoccupe pas :
elle l’offre, c’est tout. Et la nature, l’écho de la montagne l’amplifie, la
répercute, prend le relais. Il y a là quelque chose de très pur. Cela rejoint
un poème de Tagore : Je me suis assis à tes pieds. Que seulement je
fasse de ma vie une chose simple et droite, pareille à une flûte de roseau que
tu puisses emplir de musique. (L’Offrande lyrique, no 7).
L’offrande, le sacrifice, est lieu de rencontre avec
Dieu. Mais ce qui est beau au départ peut vite être dévoyé. Les prophètes
dénoncent les abus : soit une ritualité qui n’a plus rien à voir avec le
cœur profond, soit, à l’autre extrême, une obsession du péché et l’impression
qu’on n’offrira jamais assez pour apaiser la colère de Dieu.
Entre les deux extrêmes, le prophète Michée offre une
réponse limpide.
« Homme, on t’a fait connaître ce qui est bon (la
bonté qui est caractéristique de la création de Dieu : et Dieu vit que
cela était bon), ce que le Seigneur réclame de toi (ce qu’il cherche
en toi, ce qu’il scrute en toi, lui qui connaît le fond des
cœurs) : rien d’autre que respecter le droit (faire, agir, mettre
en œuvre ce qui est juste), aimer la fidélité (la fidélité hèsèd est
un des mots de l’amour : il invite à aimer l’amour !) et t’appliquer
à marcher avec ton Dieu (marcher, toujours marcher, ce n’est jamais
fini, mais pas seul : marcher avec Dieu qui marche avec nous). »
Prière
Seigneur, nous voulons t’offrir nos vies. Reçois les
balbutiements de notre louange, les humbles efforts de notre charité, la
persévérance de notre marche, comme une offrande à ta gloire. Que ta grâce
transfigure nos vies et les remplisse de ta musique.
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