vendredi 10 juin 2022

Liturgie de la Parole, 10e vendredi TO

 (SMJn Noville)

Introduction

Nous voici rassemblés en communauté, en Eglise.

Nous poursuivons la lecture des deux livres ouverts en ce Temps ordinaire.

Dans le premier livre des Rois, nous écouterons le beau récit du prophète Elie parvenu au Mont Horeb, qui reçoit la visite de Dieu.

Dans l’évangile de Matthieu, nous accueillerons la suite du Sermon sur la montagne.

Un fil rouge unit ces deux textes : celui de l’adultère.

En effet, Elie oppose son attitude à celle de son peuple : « J’éprouve une ardeur jalouse pour toi, Seigneur, Dieu de l’univers. Les fils d’Israël ont abandonné ton Alliance, renversé tes autels, et tué tes prophètes par l’épée ».

L’Alliance, c’est une relation d’amour ; son abandon peut être assimilé à une idolâtrie, un adultère.

C’est bien ce dont Jésus veut nous prémunir dans le Sermon sur la montagne :

« Tu ne commettras pas d’adultère ».

Avec le psalmiste, entendons le désir du Seigneur sur nos vies : « Cherchez ma face ».

Par la prière des psaumes, faisons nôtres les intentions des hommes et femmes de notre temps.

Méditation

Le bel extrait du premier Livre des Rois appellerait de longs commentaires.

Je voudrais pointer deux éléments pour nourrir notre prière et guider notre chemin de foi.

Le contexte du récit peut rejoindre nos vies et celle de nos contemporains : Elie est poursuivi et se sent découragé « Maintenant, Seigneur, c’en est trop ! Reprends ma vie : je ne vaux pas mieux que mes pères ».

Que fait Elie ?

Il se met en route vers l’Horeb, une caverne bien connue de la tradition.

Il s’agit précisément de la « fente du rocher » où YHWH a couvert Moïse de sa main pour qu’il voie le visage de Dieu, non de face, mais de dos (Ex 33, 22).

Elie se réfugie dans un lieu d’accueil du découragement, puisque Moïse était lui aussi écrasé par la tâche (Ex 33, 13).

Moïse y exprimait sa demande : « Je t’en prie, laisse-moi contempler ta gloire » (Ex 33, 18).

De la même manière, osons dire au Seigneur le poids de ce que nous portons ou vivons, déposons auprès de notre Dieu le fardeau de nos contemporains.

Le Seigneur pourra se faire proche… Mais pas n’importe comment.

« Que fais-tu là, Élie ? », lui demande le Seigneur.

Une longue réponse du prophète, pas tout à fait conforme à la réalité d’ailleurs, lui sert de justification. Une réponse très centrée sur lui-même, où Elie rejoint le désir de Dieu d’être seul Dieu en Israël.

Là où Dieu disait : « Tu ne te prosterneras pas devant ces dieux, pour leur rendre un culte. Car moi, le Seigneur ton Dieu, je suis un Dieu jaloux… » (Ex 20, 5)

Elie exprime ce même désir que le Seigneur seul soit servi en Israël : « Les fils d’Israël ont abandonné ton Alliance… et tué tes prophètes par l’épée ».

Pas tout à fait vrai, puisque les prophètes ont été tués par Jézabel et non par les fils d’Israël et que ces derniers ont opté pour le Seigneur (1 R 18, 39).

Dès lors, sa déclaration « moi, je suis le seul à être resté » n’est pas tout à fait juste.

Face à nos contradictions, nos tentatives pour nous esquiver, car tel est bien le désir d’Elie d’être libéré de sa mission de prophète, Dieu ne se laisse certes pas apitoyer, mais il se manifeste :

Pas comme lors des théophanies ‘classiques’ (« … un ouragan fort et violent… un tremblement de terre… un feu »), qui sont ici des signes avant-coureurs de la manifestation de Dieu, mais dans « la voix d’un silence ténu ».

Dieu surprend Elie par cette manifestation inhabituelle… Et Il le conduit plus avant.

Je vous cite un commentaire : « Dans la tradition biblique, le découragement d’un prophète n’impressionne jamais Dieu, au contraire, il invite toujours le prophète à reprendre sa mission : il l’a fait avec Elie, déçu par son échec, avec Moïse, ployant sous les critiques, et avec Jérémie, accablé par les frustrations de la vie »[1].

Dieu le fait avec nous…

Il nous reconduit dans notre mission et notre vocation, soutenu(e)s par Lui.

Nous avons célébré la Venue de l’Esprit à la Pentecôte.

L’Esprit-Saint habite nos cœurs : laissons-Le résolument nous inspirer…

Temps de silence

Notre Père

Portés par l’Esprit de Dieu, redisons la prière des enfants de Dieu…

Oraison

Seigneur, ton prophète a connu le découragement. Il s’est mis à ta rencontre et tu es venu le rejoindre, dans la discrétion et le silence. Accorde-nous l’attention du cœur pour nous tenir attentifs à tes manifestations dans nos vies, qu’elles soient fracassantes ou ténues. Que la prière du psalmiste soit nôtre, jour après jour : « Tu restes mon secours ». Nous te le demandons par Jésus-Christ, ton Fils, qui règnes avec Toi et le Saint-Esprit, maintenant pour les siècles des siècles.

Bénédiction

Que le Seigneur qui nous accompagne sur le chemin nous bénisse et nous garde…



[1] W. Vogels, Elie et ses fioretti, Paris, Cerf, 2013, p. 131.

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