mardi 14 juin 2022

Liturgie de la Parole, 11e mardi TO

 (Isabelle)

 Introduction

 Nous écouterons aujourd’hui un extrait du premier livre des Rois (1 R 21, 17-29). Dieu est patient avec Achab ! Il faudra plus d’un prophète pour lui faire entendre « raison » ; même Elie n’y parvient pas !

 Nous entendrons aussi un extrait du discours sur la montagne, de l’évangile selon St Matthieu qui nous en apprend sur le ministère du Christ. Ce discours nous appelle à vivre en véritables disciples de Jésus, en œuvrant à la création du Royaume fait de bonté et d’amour, en devenant parfaits comme son Père est parfait. Aujourd’hui, en particulier, Jésus nous appelle à aimer nos ennemis. Dieu ne fait-il pas « lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes »? Ne nous inonde-t-il pas tous de son amour ?

 Méditation (Mt 5, 43-48)

 De quoi parles-tu Jésus, là-haut, sur ta montagne ? Dans ton discours que nous entendons depuis une semaine (Mt 5, 17-48), tu nous chantes comme un refrain : « Vous avez appris qu’il a été dit… Eh bien, moi, je vous dis… ». Tu ne lis visiblement pas la Loi de Moïse avec la rigidité stricte des pharisiens. On peut dire que tu ne nous en donnes pas non plus une réinterprétation dulcifiée ! Tu nous demandes de refuser la colère, de nous réconcilier, de ne pas entrer dans la spirale de la violence. OK ! Mais tu passes allègrement de « Tu ne tueras pas » à « Aimez vos ennemis, priez pour ceux qui vous font du mal, aimez ceux qui ne vous aiment pas ou plus, saluez ceux qui font semblant de ne pas vous voir » ! Là où la relation entre nous est rompue, où les tentatives répétées pour établir un dialogue sont vaines, quand tu sais très bien que cela ne s’arrangera pas ou que cela dégénère, tu exiges Amour, Prière et Perfection ?! Serait-ce ça, « le lien le plus parfait » à Dieu dont parle Saint Paul aux Colossiens (Col 3, 13-15) ?

 Comme d’habitude, tu en demandes beaucoup ! Même si nous savons que tu délivres une parole d’Alliance en vue du bien de tous selon la volonté du Père, et que c’est là la logique du Royaume, c’est quand même un fameux défi : être parfait comme ton Père est parfait ! Tu nous invites au décentrement, au renoncement, au discernement, pour vivre dans « la Justice de Dieu ». Cela signifie quitter nos considérations d’ « hommerie » pour entrer dans les tiennes, dans cette autre dimension : celle des hommes christianisés, celle du Royaume, celle de Dieu. C’est vrai qu’on risque de gagner en paix, en sérénité… voire en perfection. Tu dis qu’on serait alors « Fils de Dieu » Si et seulement si, dirait les matheux ?!

 Cela me rappelle le Bienheureux Frère Luc de Tibhirine, martyr de notre temps, qui disait, deux jours avant son enlèvement[1] : « Je ne pense pas que la violence puisse extirper la violence. Nous ne pouvons exister comme homme qu’en acceptant de nous faire image de l’Amour, tel qu’il s’est manifesté dans le Christ qui, juste, a voulu subir le sort de l’injuste[2] ». Toi, Jésus, tu nous en as montré le chemin, en aimant, en pardonnant, en priant sur la croix pour ceux-là mêmes qui t’ont mis à mort[3]. Tu leur as donné – tu nous donnes - cet amour infini de Dieu ! Tu es chemin, Vérité, Vie. Et tu nous invites à devenir comme toi : donneurs (et receveurs) inconditionnels d’Amour et de la joie qu’il procure.

Franchement, Jésus, toi, là-haut dans ton ciel, crois-tu que j’y arriverai un jour à cette perfection d’Amour ?  J’ai bien besoin de toi et de ton Esprit, tu sais !! Au moins pour essayer !

 Notre Père

En disciples du Christ, nous chantons la prière qu’il nous a apprise à son Père.

Prière finale

Avec une grande clairvoyance, Saint Silouane du Mont Athos, répétait que celui qui n’aime pas ses ennemis ne peut connaître ni le Seigneur ni la douceur de l’Esprit Saint. Avec lui[4], nous prions :

Seigneur, tu as donné le commandement d’aimer ses ennemis, mais cela nous est difficile, à nous autres pécheurs, si ta grâce n’est pas avec nous. Répands ton Esprit sur la terre afin que tous te connaissent et apprennent ton amour. Détourne-nous de la spirale de la violence. Aide-nous à tisser les liens qui conduisent à ta perfection, qui font de nous tes Fils.  Nous te le demandons par Jésus, le Christ, ton Fils, en unité avec toi et l’Esprit, pour les siècles des siècles. Amen.


[1] Les sept moines de Tibhirine sont enlevés dans la nuit du 26 au 27 mars 1996. Un communiqué, attribué au Groupe islamique armé (GIA), annonce leur assassinat le 21 mai 1996.

[2] Sept vies pour Dieu et l'Algérie", Bruno Chenu, Bayard, Editions, 1996, p. 209

[3] « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font. » (Lc 23, 34).

[4] Adaptation des de la prière de « Starets Silouane : Moine du Mont Athos. Vie - Doctrine - Écrits. » Éditions Présence, Sisteron, 1995, p. 259.

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