(Isabelle)
Introduction
Nous écouterons
aujourd’hui un extrait du premier livre des Rois (1 R 21, 17-29). Dieu est
patient avec Achab ! Il faudra plus d’un prophète pour lui faire entendre « raison » ;
même Elie n’y parvient pas !
Nous
entendrons aussi un extrait du discours sur la montagne, de l’évangile selon St
Matthieu qui nous en apprend sur le ministère du Christ. Ce discours nous appelle
à vivre en véritables disciples de Jésus, en œuvrant à la création du Royaume
fait de bonté et d’amour, en devenant parfaits comme son Père est parfait. Aujourd’hui,
en particulier, Jésus nous appelle à aimer nos ennemis. Dieu ne fait-il pas « lever son soleil sur les méchants et
sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes »?
Ne nous inonde-t-il pas tous de son amour ?
Méditation
(Mt 5, 43-48)
De
quoi parles-tu Jésus, là-haut, sur ta montagne ? Dans ton discours que nous
entendons depuis une semaine (Mt 5, 17-48), tu nous chantes comme un
refrain : « Vous avez appris
qu’il a été dit… Eh bien, moi, je vous dis… ». Tu ne lis
visiblement pas la Loi de Moïse avec la rigidité stricte des pharisiens. On
peut dire que tu ne nous en donnes pas non plus une réinterprétation
dulcifiée ! Tu nous demandes de refuser la colère, de nous réconcilier, de
ne pas entrer dans la spirale de la violence. OK ! Mais tu passes
allègrement de « Tu ne tueras
pas » à « Aimez vos
ennemis, priez pour ceux qui vous font du mal, aimez ceux qui ne vous aiment
pas ou plus, saluez ceux qui font semblant de ne pas vous voir » ! Là où
la relation entre nous est rompue, où les tentatives répétées pour établir un
dialogue sont vaines, quand tu sais très bien que cela ne s’arrangera pas ou
que cela dégénère, tu exiges Amour, Prière et Perfection ?! Serait-ce ça, « le lien le plus parfait » à
Dieu dont parle Saint Paul aux Colossiens (Col 3, 13-15) ?
Comme
d’habitude, tu en demandes beaucoup ! Même si nous savons que tu délivres
une parole d’Alliance en vue du bien de tous selon la volonté du Père, et que
c’est là la logique du Royaume, c’est quand même un fameux défi : être
parfait comme ton Père est parfait ! Tu nous invites au décentrement, au
renoncement, au discernement, pour vivre dans « la Justice de Dieu ».
Cela signifie quitter nos considérations d’ « hommerie » pour entrer
dans les tiennes, dans cette autre dimension : celle des hommes
christianisés, celle du Royaume, celle de Dieu. C’est vrai qu’on risque de
gagner en paix, en sérénité… voire en perfection. Tu dis qu’on serait alors « Fils
de Dieu » Si et seulement si, dirait les matheux ?!
Cela
me rappelle le Bienheureux Frère Luc de Tibhirine, martyr de notre temps, qui
disait, deux jours avant son enlèvement : « Je ne pense pas que la violence puisse extirper la violence. Nous
ne pouvons exister comme homme qu’en acceptant de nous faire image de l’Amour,
tel qu’il s’est manifesté dans le Christ qui, juste, a voulu subir le sort de
l’injuste ». Toi, Jésus, tu nous en as
montré le chemin, en aimant, en pardonnant, en priant sur la croix pour ceux-là
mêmes qui t’ont mis à mort. Tu leur as donné – tu
nous donnes - cet amour infini de Dieu ! Tu es chemin, Vérité, Vie. Et tu nous
invites à devenir comme toi : donneurs (et receveurs) inconditionnels d’Amour
et de la joie qu’il procure.
Franchement,
Jésus, toi, là-haut dans ton ciel, crois-tu que j’y arriverai un jour à
cette perfection d’Amour ? J’ai bien
besoin de toi et de ton Esprit, tu sais !! Au moins pour essayer !
Notre Père
En disciples du Christ, nous
chantons la prière qu’il nous a apprise à son Père.
Prière finale
Avec une grande clairvoyance, Saint
Silouane du Mont Athos, répétait que celui qui n’aime pas ses ennemis ne peut
connaître ni le Seigneur ni la douceur de l’Esprit Saint. Avec lui, nous prions :
Seigneur, tu as donné le
commandement d’aimer ses ennemis, mais cela nous est difficile, à nous autres
pécheurs, si ta grâce n’est pas avec nous. Répands ton Esprit sur la terre afin
que tous te connaissent et apprennent ton amour. Détourne-nous de la spirale de
la violence. Aide-nous à tisser les liens qui conduisent à ta perfection, qui
font de nous tes Fils. Nous te le
demandons par Jésus, le Christ, ton Fils, en unité avec toi et l’Esprit, pour
les siècles des siècles. Amen.
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