(Raymond)
Introduction
Ce 06
octobre, nous fêtons Saint Bruno, prêtre, fondateur de la Grande Chartreuse. Il
a vécu au 11ème siècle, de 1030 à 1101. C’est un allemand qui vient
de Cologne. Il s’établit à Reims pour étudier puis enseigner. Il se sent appelé
à vivre comme ermite et, dans un endroit quasi inaccessible, avec six
compagnons, ils construisent des baraques toutes faites de pailles où ils vont pouvoir
vivre leur vocation. Maintenant, Bruno
peut passer sa vie dans le silence, en parlant seul à seul avec Dieu qu’il
rencontre dans la prière et le recueillement. Lui et ses compagnons ne sont pas
conscients de fonder quelque chose de nouveau, l’ordre des Chartreux. Ce n’est
pas leur intention, ils veulent simplement rester loin des marchands du sacré
et vivre radicalement l’Evangile.
L’Evangile
de Luc que nous entendrons, nous donnera certainement de mieux comprendre
l’intention de Saint-Bruno à vivre selon l’invitation de Jésus dans la prière,
dans le silence et la relation à Notre Père : « Père que ton nom soit
sanctifié et que ton règne vienne. »
Puis,
comme Jésus le faisais à son époque là où il passait, entrons dans la louange
par la prière des psaumes.
Commentaire
Ce mardi 05 octobre est publié le rapport de la commission sur les abus sexuels dans l’Eglise. La parole du Seigneur nous est adressée comme elle le fut à Jonas. Ce récit nous invite à une relecture des événements qui ont bousculé et jeté l’Eglise dans la tempête. Le récit en entier vaudrait vraiment la peine d’être revisité pour entrer dans une dynamique de compassion pleine d’espérance. Cependant, ce qui est proposé aujourd’hui c’est une première étape d’un cheminement, une descente et une fuite de Jonas qui s’assimile à une sorte de descente aux enfers de l’Eglise.
Des pans entiers de notre Eglise ont des accointances avec Ninive.
Au début du texte, Jonas est envoyé, porteur d’une parole de condamnation : « Crie contre elle, car le mal de Ninive est monté devant le Seigneur » Le Seigneur vient, aujourd’hui encore, susurrer à l’oreille de celui qui veut bien l’entendre, de se lever et de crier. Il a le souci des hommes d’aujourd’hui de la même manière qu’il a le souci des gens de Ninive dont la méchanceté est montée jusqu’à Lui.
Au sein de l’Eglise, Jonas est apparu sur le visage
de ceux qui fuient leur responsabilité. Ils entendent les cris de ceux qui
souffrent et ils fuient vers Tarsis. Ils
descendent au fond du navire loin de la face du Seigneur et préfèrent dormir. Ces
cris sont évidemment ceux du Seigneur souffrant puisqu’il nous dit : « Tout ce que vous faites à l’un de ces
petits c’est à moi que vous le faites. »
Les milliers de victimes abusées souffrent toujours
quand elles ont été sacrifiées aux raisons de cette institution dont le silence
aura été leur seul secours ! La fuite vers Tarsis consiste à se préoccuper
davantage de l’onde de choc que provoquera le rapport de la commission. Le
principe de réalité voudrait que le choc atteigne en priorité et profondément
ces responsables de l’Eglise qui ont usé d’artifices pour reporter, voire
rendre difficile le travail de vérité.
Revenons au texte. Le mot qui caractérise les
versets du récit que nous venons d’entendre, c’est le mot « descendre » :
« Jonas descendit à Jaffa. Il descendit à l’intérieur du bateau pour
partir avec eux loin de la face de Yahvé. » Autrement dit, Jonas fait des marins ses
complices involontaires, il les embarque dans sa fuite. Il est descendu au fond du bateau et prend en
fait, la place de la cargaison jetée à la mer.
Devant le déchaînement des éléments, le déferlement des événements, il
se désolidarise des marins et du bateau.
Bien plus, il s’est couché et dort profondément. Il s’est donc figé dans
la mort, silencieux, privé de relations avec Dieu et aussi avec les marins.
Comment ne pas faire de rapprochement avec notre
Eglise et cette descente aux enfers, là où amiral de vaisseau et autres
seconds, autres marins, se sont faits complices, tous embarqués dans la fuite.
Pour terminer, je voudrais vous inviter à lire le
récit jusqu’au bout et toucher à l’espérance dont je faisais mention au début
de ce commentaire. En effet, à la fin du récit, Jonas est caractérisé par la
compassion pour un ricin, un quiqaillon, tandis que le Seigneur revendique la
possibilité d’être, lui aussi, caractérisé par la compassion, non pas pour un
quiqaillon, mais pour Ninive. Ninive, comme l’Eglise, est peut-être en attente
inconsciente, d’un Dieu qui la fasse vivre.
Notre Père
Comme
Jésus nous l’apprend et nous y invite aujourd’hui dans l’Evangile, adressons
notre prière et notre louange à Dieu Notre Père, ce Père que nul ne connaît si
ce n’est celui à qui, lui, le Fils veut bien le révéler : « Notre
Père…
« Enseigne-moi Seigneur tes voies,
afin que je marche en ta vérité ; rassemble mon cœur pour craindre ton
nom. Ô Dieu, des orgueilleux ont surgi contre moi, une bande de forcenés
pourchasse mon âme, point de place pour toi devant eux. Seigneur, Dieu de tendresse et de pitié, lent
à la colère, plein d’amour et de vérité, tourne-toi vers nous. Donne à tes serviteurs, ta force et ton
salut, fais pour nous un signe de bonté. » (Ps 85)
Que le Seigneur nous bénisse et nous garde
et nous donne sa Paix.
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