mardi 5 octobre 2021

Liturgie de la Parole, 27e mardi TO

 (Rosy)

 Ouverture

 Nous sommes réunis en assemblée priante pour accueillir la Parole de Dieu.

J’ai reçu un récit évangélique auquel je suis très attachée.

Surtout depuis ce jour où l’on m’a demandé d’écrire une pièce de théâtre sur Béthanie.

A la même époque, j’ai rencontré, au monastère de Béthanie près de Bruges, sur le mur d’un couloir, une œuvre de Claúdio Pastro qui m’a séduite au point de demander à Claúdio de pouvoir en faire l’affiche du spectacle « Au jardin de Béthanie ».


Si vous prenez un peu de temps pour la contempler, vous découvrirez ces petits détails qui changent tout par rapport à l’icône classique dont il a pourtant conservé la structure.

Je pense, par exemple, à la proximité entre les personnages et au petit bol fumant qu’apporte Marthe. Nous sommes loin des raisonnements sur le rapport entre action et contemplation : nous sommes dans le registre de la fraternité, de l’amitié, de l’écoute.

Pour creuser cela, j’aurai aussi recours à une réécriture de ce récit par sœur Myrèse, réécriture qui est devenue un des tous premiers fascicules des « Petites éditions » sous le titre « Marthe et Marie, une école de communion. » C’est déjà tout dire.

Mais d’abord, chantons les psaumes et écoutons les lectures.

 Commentaire

 Pour rafraîchir notre regard sur ce texte, nous pouvons jouer avec différentes hypothèses : imaginer une variante, un autre déroulement … cela peut nous ouvrir ensuite plus profondément à  ce que dit le texte… Car, un peu à la manière des paraboles, ce récit suscite des surprises, des aspects qui ne tournent pas rond, en tous cas pas comme attendus… tout cela qui nous étonne révèle aussi, non pas une réflexion morale, mais quelque chose du Royaume et surtout du visage de Jésus.

 

Tandis que Jésus et ses disciples étaient en chemin, il entra dans un village où une femme, appelée Marthe, le reçut chez elle. .

A peine ouvert, le récit présente déjà deux incongruités :

Spontanément, on se pose la question : mais où sont les disciples qui faisaient route avec Jésus ? Jésus les a-t-il renvoyés ? Pourquoi Marthe ne reçoit-elle que Jésus ? C’est tout de même étonnant, « ils font route, Marthe le reçoit… » A noter que certaines traductions gomment tout simplement le pluriel : une manière de contourner le problème, qui montre surtout que problème il y a bien.

Alors, Marthe  aurait-elle dit inconsciemment,: « Sois bienvenu Jésus, mais tu viens seul... » Aurait-elle refusé d’accueillir Jésus « tel qu’il est » avec ses disciples... Or, pour entrer en communion avec lui, ne faut-il pas entrer en communion avec ses disciples, sans exclusion ?

Second étonnement face à ce verset :

Il entre dans un village, Marthe le reçoit

Mais pourquoi n’est-ce pas « Marthe et Marie »? Marthe aurait-elle écarté de l’horizon sa sœur,: « c’est moi qui reçoit…» Pas étonnant alors que Marie ne soit pas dans l’équipe d’accueil !

 Voici, le décor de notre récit est planté. Alors quelle suite ? Essayons:

Une femme du nom de Marthe le reçut dans sa maison.

Elle s’empressa à le servir… Jésus se réjouit du bon repas, et la félicite: « Marthe, tu es merveilleuse, tu es un vrai cordon bleu !  » Et Marthe jubile … La vie solitaire est quand même aisée… Marthe a reçu Jésus, seule, pas de sœur pour la troubler ou faire monter en elle de mauvaises pensées… 

 Mais le texte poursuit autrement… reprenons : 

Elle avait une sœur, Marie qui, était absente. Marthe accueille le Seigneur, et en même temps, a une pensée pour sa sœur : « Dommage que Marie ne soit pas là »

Bel élan fraternel de Marthe ; Jésus aurait pu y penser et venir à Béthanie un jour où Marie était allée faire des courses ! Alors, nous pourrions vivre les uns à côté des autres... mais pas ensemble. On recevrait chacun en notre maison, et se disant, tiens dommage que l’autre ne soit pas là… et fini les bagarres… mais notre cœur en deviendrait-il plus disciple?

 Bon reprenons le texte…

Elle avait une sœur, Marie qui,  s’étant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole. Marie est dans la position du disciple. Elle écoute.

 Alors Marthe intervint. Elle fait une prière à Jésus, sous forme de question : une très belle question à laquelle j’aimerais m’arrêter un instant.

« Seigneur, cela ne te fait rien… ». Je crois que c’est une question que nous posons souvent et depuis toujours : face aux problèmes, aux souffrances aux difficultés de tous ordres…

Et déjà le psaume y répond :  Il en coûte au Seigneur de voir mourir les siens !

« Seigneur, cela ne te fait rien ? » C’est faire appel à la fibre compatissante de Jésus, à son émotion, à son amitié… Et Jésus l’entend bien ainsi qui répond à Marthe : « Oui, cela me fait quelque chose de te voir ainsi, préoccupée, toute absorbée par le service… ».

 Cela ne te fait rien que ma sœur m’ait laissé faire seule le service ». Ici aussi les traductions varient et certaines mettent la phrase au présent. Tiens, tiens, un autre point délicat ?

Mais le « dis-lui donc de m’aider »... est bien prononcé tandis que tout est déjà fait, il ressemble à une invitation mensongère... Marthe s’est assurée qu’il est trop tard pour aider !

 Ce « Dis-lui donc de m’aider ». montre bien que c’est une affaire entre Marthe et Jésus, pas entre les deux sœurs car Marthe aurait pu tout simplement demander à Marie de l’aider, mais, en fait, là n’est pas son but. C’est de Jésus qu’elle attend la reconnaissance, l’attention, l’amitié.

 Marie, au pied du Seigneur, est dans la position du disciple, celui qui, le cœur ouvert, écoute la parole, l’accueille…

On ne peut recevoir Jésus, sans avoir un cœur en communion. Si on rejette les disciples pour n’accueillir que Jésus seul, on ignore le véritable visage de Jésus.

 Comme une vraie parabole, ce récit n’a pas de fin : qu’a fait Marthe ?

Je peux vous proposer une réponse grâce à la représentation de Claúdio : Jésus accueille Marthe auprès de lui, avec son bouillon bien fumant. Les visages des deux sœurs expriment la même attention : Marthe est devenue disciple, elle aussi, à l’invitation de Jésus. Lazare aussi est là, ils sont tous les quatre si proches l’un de l’autre, réunis dans l’amitié, la tendresse, l’écoute. Ils sont lumineux dans le halo de leurs vêtements blancs. Jésus et ses amis de Béthanie !

 A chacun de voir si cette relecture le rejoint, si elle est bonne nouvelle pour nous, si elle nous dévoile une facette du visage de notre Dieu... 

 Invitation au Notre Père

Avec une âme de disciple mais aussi de fil et fille, tournons-nous tous ensemble vers notre Père.

 Prière finale

Seigneur Jésus, toi seul peux ouvrir largement nos cœurs afin qu’ils accueillent tes amis, tes disciples et tous les hommes que tu aimes. Nous te rendons grâce pour la merveille de ton amitié : donne-nous de la révéler autour de nous afin que soit touché le cœur de tous.

Nous te le demandons, à toi qui es vivant, avec le Père et l’Esprit Saint, aujourd’hui et pour toujours.

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