(Rosy)
J’ai
reçu un récit évangélique auquel je suis très attachée.
Surtout
depuis ce jour où l’on m’a demandé d’écrire une pièce de théâtre sur Béthanie.
A la
même époque, j’ai rencontré, au monastère de Béthanie près de Bruges, sur le
mur d’un couloir, une œuvre de Claúdio Pastro qui m’a séduite au point de demander
à Claúdio de pouvoir en faire l’affiche du spectacle « Au jardin de
Béthanie ».
Je
pense, par exemple, à la proximité entre les personnages et au petit bol fumant
qu’apporte Marthe. Nous sommes loin des raisonnements sur le rapport entre
action et contemplation : nous sommes dans le registre de la fraternité,
de l’amitié, de l’écoute.
Pour
creuser cela, j’aurai aussi recours à une réécriture de ce récit par sœur
Myrèse, réécriture qui est devenue un des tous premiers fascicules des
« Petites éditions » sous le titre « Marthe et Marie, une école
de communion. » C’est déjà tout dire.
Mais
d’abord, chantons les psaumes et écoutons les lectures.
Tandis
que Jésus et ses disciples étaient en chemin, il entra dans un village où une
femme, appelée Marthe, le reçut chez elle. .
A peine ouvert, le récit présente déjà deux
incongruités :
Spontanément, on se pose la question : mais où sont les
disciples qui faisaient route avec Jésus ? Jésus les a-t-il renvoyés ? Pourquoi
Marthe ne reçoit-elle que Jésus ? C’est tout de même étonnant, « ils font
route, Marthe le reçoit… » A noter que certaines traductions gomment tout
simplement le pluriel : une manière de contourner le problème, qui montre
surtout que problème il y a bien.
Alors, Marthe aurait-elle
dit inconsciemment,: « Sois bienvenu Jésus, mais tu viens
seul... » Aurait-elle refusé d’accueillir Jésus « tel qu’il
est » avec ses disciples... Or, pour entrer en communion avec lui, ne
faut-il pas entrer en communion avec ses disciples, sans exclusion ?
Second étonnement face à ce verset :
Il entre dans un village, Marthe le reçoit
Mais pourquoi n’est-ce pas « Marthe et Marie »?
Marthe aurait-elle écarté de l’horizon sa sœur,: « c’est moi qui reçoit…»
Pas étonnant alors que Marie ne soit pas dans l’équipe d’accueil !
Une femme du nom de Marthe le reçut dans sa maison.
Elle s’empressa à le servir… Jésus se réjouit du bon
repas, et la félicite: « Marthe, tu es merveilleuse, tu es un vrai cordon
bleu ! » Et Marthe jubile … La vie solitaire est quand même aisée…
Marthe a reçu Jésus, seule, pas de sœur pour la troubler ou faire monter en
elle de mauvaises pensées…
Elle avait une sœur, Marie qui, était absente. Marthe accueille le Seigneur, et en même
temps, a une pensée pour sa sœur : « Dommage que Marie ne soit pas là »
Bel élan fraternel de Marthe ; Jésus aurait pu y
penser et venir à Béthanie un jour où Marie était allée faire des
courses ! Alors, nous pourrions vivre les uns à côté des autres... mais
pas ensemble. On recevrait chacun en notre maison, et se disant, tiens dommage
que l’autre ne soit pas là… et fini les bagarres… mais notre cœur en deviendrait-il
plus disciple?
Elle avait une sœur, Marie qui, s’étant assise
aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole. Marie est dans la position du
disciple. Elle écoute.
« Seigneur, cela ne te fait rien… ». Je crois que c’est une question que nous posons souvent
et depuis toujours : face aux problèmes, aux souffrances aux difficultés
de tous ordres…
Et déjà le psaume y répond : Il
en coûte au Seigneur de voir mourir les siens !
« Seigneur, cela ne te fait rien ? » C’est faire appel à la fibre compatissante de
Jésus, à son émotion, à son amitié… Et Jésus l’entend bien ainsi qui répond à Marthe :
« Oui, cela me fait quelque chose de te voir ainsi, préoccupée, toute
absorbée par le service… ».
Mais le « dis-lui donc de m’aider »... est bien prononcé tandis que tout est déjà fait, il ressemble
à une invitation mensongère... Marthe s’est assurée qu’il est trop tard pour
aider !
On ne peut recevoir Jésus, sans avoir un cœur en
communion. Si on rejette les disciples pour n’accueillir que Jésus seul, on ignore
le véritable visage de Jésus.
Je peux vous proposer une réponse grâce à la
représentation de Claúdio : Jésus accueille Marthe auprès de lui, avec son
bouillon bien fumant. Les visages des deux sœurs expriment la même attention :
Marthe est devenue disciple, elle aussi, à l’invitation de Jésus. Lazare aussi
est là, ils sont tous les quatre si proches l’un de l’autre, réunis dans l’amitié,
la tendresse, l’écoute. Ils sont lumineux dans le halo de leurs vêtements blancs.
Jésus et ses amis de Béthanie !
Avec une âme de disciple mais aussi de fil et fille,
tournons-nous tous ensemble vers notre Père.
Seigneur Jésus, toi seul peux ouvrir largement nos cœurs afin
qu’ils accueillent tes amis, tes disciples et tous les hommes que tu aimes. Nous
te rendons grâce pour la merveille de ton amitié : donne-nous de la
révéler autour de nous afin que soit touché le cœur de tous.
Nous te le demandons, à toi qui es vivant, avec le Père
et l’Esprit Saint, aujourd’hui et pour toujours.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire