(sœur Marie-Raphaël)
Introduction
Nous voici donc en ce dernier jour de l’octave
pascale : ce midi, c’est la fin de l’évangile de Marc qui nous est
proposé, avec son accent particulier qui place le salut dans une dimension cosmique.
Il y aurait beaucoup à dire sur l’attitude des disciples, sur leur manque de
foi, sur leur cœur endurci. En tout cas, la lecture des Actes montre à quel
point ils ont changé, passant de la peur et de l’incrédulité à la tranquille
assurance devant les chefs du peuple qui veulent les faire taire. L’Esprit est
à l’œuvre, et c’est là un des signes indéniables de la présence du Ressuscité.
Demandons-lui d’ouvrir notre intelligence et notre cœur devant ces signes et ne
craignons pas de lui accorder toute notre foi !
« Allez dans le monde entier. Proclamez l’évangile à toute la création ».
Marc est le seul évangéliste à utiliser le mot création.
Arrêtons-nous un instant à ces derniers mots qu’il met sur les lèvres du
Ressuscité.
Il ne dit pas « la nature », mais « la
création ». Parler de la nature comme d’une création, c’est reconnaître
l’œuvre d’un Créateur : la création est le don gratuit du Créateur, et
nous en faisons partie. L’évangile,
la bonne nouvelle de la résurrection du Christ, concerne non seulement les
hommes, mais tout le cosmos. Tout est lié. Le pape François a exprimé cela dans
Laudato si’ en s’inspirant de la pensée de Pierre Teilhard de Chardin.
Voici ce qu’il dit :
« L’aboutissement de la marche de l’univers se
trouve dans la plénitude de Dieu, qui a été atteinte par le Christ ressuscité,
axe de la maturation universelle. […] La fin ultime des autres créatures, ce
n’est pas nous. Mais elles avancent toutes, avec nous et par nous, jusqu’au
terme commun qui est Dieu, dans une plénitude transcendante où le Christ
ressuscité embrasse et illumine tout ; car l’être humain, doué
d’intelligence et d’amour, attiré par la plénitude du Christ, est appelé à
reconduire toutes les créatures à leur Créateur » (LS 83).
L’homme est certes au cœur et au sommet de la
création, mais non pour la dominer, bien plutôt pour l’entraîner avec lui vers
la plénitude à laquelle elle est appelée. Or, le Christ ressuscité a déjà
atteint cette plénitude et c’est donc vers lui que tout converge. C’est une
pensée pleine d’espérance, parce qu’elle ne s’enferme pas dans la désolation,
elle perçoit que l’univers est en marche vers un horizon. Je trouve cette
pensée très stimulante. Elle ne nous désincarne pas. Au contraire, elle nous
montre que la résurrection corporelle du Christ atteste d’une « qualité
résurrectionnelle » de la matière du monde.
Comme je le disais à Charles en début de semaine,
chaque année à Pâques, je dois retremper ma foi pascale dans le tombeau vide.
Le tombeau vide représente pour moi le hiatus, la césure entre l’avant et
l’après. Le comment et le quoi de la résurrection nous échappent…
Mais la pensée de Teilhard de Chardin permet de voir là une expression du
« saut qualitatif » qui fait passer de l’homme ancien à l’homme
nouveau (de même que la science fait l’hypothèse d’un saut qualitatif entre
chaque seuil de l’évolution des espèces).
Alors, oui, au-delà de toute inquiétude pour le sort
de notre maison commune (et ce qui n’enlève rien à l’inquiétude mais invite à
regarder plus loin), nous affirmons que la résurrection du Christ est une bonne
nouvelle pour toute la création : le salut est un événement
cosmique !
Maître de la vie, devant le tombeau vide, nous
ressentons comme un appel d’air, un grand souffle d’espérance. Pardonne nos
lenteurs à croire, transfigure nos corps par la puissance de vie du Ressuscité,
et que la bonne nouvelle se distille dans toute la création. Par Jésus.
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