jeudi 15 avril 2021

Liturgie de la Parole, 2e jeudi du Temps Pascal

 (Sœur Marie-Raphaël)

Ouverture

L’Évangile de Jean, c’est comme quand on jette un caillou dans l’étang. Des cercles concentriques de plus en plus larges, tandis que la pierre elle-même tombe dans les profondeurs. Le message de Jean, c’est cette pierre qui tombe, et qui fait des vagues… On a l’impression qu’il se répète, et c’est vrai, mais toujours en agrandissant les perspectives. Tout est déjà dit dans la Prologue, et tout l’évangile va à la fois approfondir et élargir ce que dit le Prologue. Ici, dans la première moitié de l’évangile de Jean, le grand thème, c’est « croire ». Dans la deuxième partie, ce sera « aimer ».

« Croire ou ne pas croire », telle est la question. Qu’est-ce que croire ?

 Résonnances

« Croire ou ne pas croire », telle est la question. Dans le texte, cela paraît évident. Dans la réalité, ce l’est beaucoup moins. Quand quelqu’un affirme quelque chose (que ce soit dans le domaine de la science, de la politique, de la santé publique, de la société…), je me pose plusieurs questions : Qui est-il pour affirmer cela ? Quelles sont ses compétences, quelle est son autorité ? Où a-t-il trouvé cette information. Mais aussi : que vise-t-il en disant cela, quelles sont ses intentions secrètes ou avouées ? Avant d’accorder crédit à quelqu’un, nous sommes plutôt méfiants. Si la personne est douée pour la parole, charismatique, si elle entraîne les foules… nous serons peut-être influencés par tout le climat qui l’entoure (en bien ou en mal). Un critère sera aussi de vérifier si la personne est cohérente, si ses actes correspondent à ses paroles, si elle est crédible. Nous vérifierons ses dires par des recoupements avec d’autres informations, mais aussi par l’analyse des résultats : tout ce qui se passe en aval… Enfin, je dirais que dans le registre de la confiance, il doit y avoir une sorte de « résonance » profonde, quelque chose, au fond de moi, qui me dit : « c’est vrai ! »

Tout cela est valable aussi pour le témoignage. Dans le passage de Jean que nous avons entendu aujourd’hui, il y a cette phrase étonnante : « celui qui vient du Ciel… témoigne de ce qu’il a vu et entendu, et personne ne reçoit son témoignage. Mais celui qui reçoit son témoignage certifie par là que Dieu est vrai ». Dans la première lettre de Jean, on lit quelque chose d’un peu semblable, en négatif : « celui qui ne croit pas… fait de Dieu un menteur ».

Cela veut-il dire que la vérité de Dieu dépend de nous ? En lui-même, Dieu est Dieu, Dieu est vrai. Cela ne dépend pas de nous … Mais cette phrase suggère que le témoignage de Jésus n’est pleinement accompli que quand il est reçu… et cela dépend de nous ! Il dépend de nous de faire en sorte que son témoignage aboutisse. L’image est celle du sceau que l’on appose sur une lettre recommandée. Jésus est comme un ambassadeur. Il vient de la part de Dieu, il vient nous présenter ses lettres de créance. Mais curieusement, c’est nous qui devons signer le document, c’est nous qui devons y apposer le sceau qui l’authentifie, le certificat de vérité… Mon acte de foi est un amen apposé sur la parole de Jésus : en disant amen, j’affirme non seulement : « tu dis vrai », mais « ta parole est pour moi la parole même de Dieu ».

Alors, croire ou ne pas croire ? Les derniers versets insistent sur notre liberté. S’il n’y avait pas de liberté de croire ou de refuser, il n’y aurait pas de foi. Mais ce que je voudrais retenir aujourd’hui, c’est l’idée que la foi se vit dans une alliance. Nous mettons notre foi en Dieu, mais Dieu a foi en nous ! Dieu a besoin de notre foi, de notre amen, pour que son témoignage soit accompli. Dieu nous fait confiance… il le montre en nous donnant son Fils. La foi en Dieu est une responsabilité !

 Prière

Seigneur Jésus, le Père t’aime, il a tout remis en ta main, il t’a montré toute sa confiance, toute sa foi. Tu témoignes de première main, tu nous parles du Père parce que tu le connais de l’intérieur. Nous voulons te donner toute notre confiance, pour être à la hauteur de tant d’amour. Reçois notre amen, balbutiant, mais fortifié par l’Esprit de vérité, afin que notre louange te rende gloire et permette à ta Parole de poursuivre dans tous les cœurs ton œuvre de salut.

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