(Sœur Marie-Raphaël)
Ouverture
L’Évangile de Jean, c’est comme quand on jette un
caillou dans l’étang. Des cercles concentriques de plus en plus larges, tandis
que la pierre elle-même tombe dans les profondeurs. Le message de Jean, c’est
cette pierre qui tombe, et qui fait des vagues… On a l’impression qu’il se
répète, et c’est vrai, mais toujours en agrandissant les perspectives. Tout est
déjà dit dans la Prologue, et tout l’évangile va à la fois approfondir et
élargir ce que dit le Prologue. Ici, dans la première moitié de l’évangile de
Jean, le grand thème, c’est « croire ». Dans la deuxième partie, ce
sera « aimer ».
« Croire ou ne pas
croire », telle est la question.
Qu’est-ce que croire ?
« Croire ou ne pas croire », telle est la
question. Dans le texte, cela paraît évident. Dans la réalité, ce l’est
beaucoup moins. Quand quelqu’un affirme quelque chose (que ce soit dans le
domaine de la science, de la politique, de la santé publique, de la société…),
je me pose plusieurs questions : Qui est-il pour affirmer cela ?
Quelles sont ses compétences, quelle est son autorité ? Où a-t-il trouvé
cette information. Mais aussi : que vise-t-il en disant cela, quelles sont
ses intentions secrètes ou avouées ? Avant d’accorder crédit à quelqu’un,
nous sommes plutôt méfiants. Si la personne est douée pour la parole,
charismatique, si elle entraîne les foules… nous serons peut-être influencés
par tout le climat qui l’entoure (en bien ou en mal). Un critère sera aussi de vérifier
si la personne est cohérente, si ses actes correspondent à ses paroles, si elle
est crédible. Nous vérifierons ses dires par des recoupements avec d’autres
informations, mais aussi par l’analyse des résultats : tout ce qui se
passe en aval… Enfin, je dirais que dans le registre de la confiance, il doit y
avoir une sorte de « résonance » profonde, quelque chose, au fond de
moi, qui me dit : « c’est vrai ! »
Tout cela est valable aussi pour le témoignage. Dans
le passage de Jean que nous avons entendu aujourd’hui, il y a cette phrase
étonnante : « celui qui vient du Ciel… témoigne de ce qu’il a vu et
entendu, et personne ne reçoit son témoignage. Mais celui qui reçoit son
témoignage certifie par là que Dieu est vrai ». Dans la première
lettre de Jean, on lit quelque chose d’un peu semblable, en négatif :
« celui qui ne croit pas… fait de Dieu un menteur ».
Cela veut-il dire que la vérité de Dieu dépend
de nous ? En lui-même, Dieu est Dieu, Dieu est vrai. Cela ne dépend pas de
nous … Mais cette phrase suggère que le témoignage de Jésus n’est pleinement
accompli que quand il est reçu… et cela dépend de nous ! Il dépend de nous
de faire en sorte que son témoignage aboutisse. L’image est celle du sceau que
l’on appose sur une lettre recommandée. Jésus est comme un ambassadeur. Il vient
de la part de Dieu, il vient nous présenter ses lettres de créance. Mais
curieusement, c’est nous qui devons signer le document, c’est nous qui devons y
apposer le sceau qui l’authentifie, le certificat de vérité… Mon acte de foi
est un amen apposé sur la parole de Jésus : en disant amen,
j’affirme non seulement : « tu dis vrai », mais « ta parole
est pour moi la parole même de Dieu ».
Alors, croire ou ne pas croire ? Les derniers
versets insistent sur notre liberté. S’il n’y avait pas de liberté de croire ou
de refuser, il n’y aurait pas de foi. Mais ce que je voudrais retenir
aujourd’hui, c’est l’idée que la foi se vit dans une alliance. Nous
mettons notre foi en Dieu, mais Dieu a foi en nous ! Dieu a besoin de
notre foi, de notre amen, pour que son témoignage soit accompli. Dieu nous fait
confiance… il le montre en nous donnant son Fils. La foi en Dieu est une
responsabilité !
Seigneur Jésus, le Père t’aime, il a tout remis en ta
main, il t’a montré toute sa confiance, toute sa foi. Tu témoignes de première
main, tu nous parles du Père parce que tu le connais de l’intérieur. Nous
voulons te donner toute notre confiance, pour être à la hauteur de tant
d’amour. Reçois notre amen, balbutiant, mais fortifié par l’Esprit de vérité,
afin que notre louange te rende gloire et permette à ta Parole de poursuivre
dans tous les cœurs ton œuvre de salut.
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