(soeur Myrèse)
Accueil :
Nous voici rassemblés en Eglise, au milieu de
ce jour, nous voici rassemblés autour de la table de la Parole. Nous voici
invités à faire l’expérience de la présence du Ressuscité au milieu de nous.
Tant les Actes que l’Evangile nous invitent à sa rencontre. Nous nous trouvons
aujourd’hui devant deux textes qui sont de véritables monuments : la mise
debout, la résurrection, de l’infirme de la Belle Porte, ce qui nous invite à
prier tout spécialement pour la communauté de la Belle Porte dont c’est la fête
aujourd’hui. Et l’évangile des disciples d’Emmaüs. Cet évangile est si souvent
lu, que le cardinal Danneels avait coutume de dire que leurs semelles devaient
être complètement usées… Alors aujourd’hui, tandis que nous allons recevoir ces
textes, laissons-nous renouveler intérieurement, pour écouter à neuf ces
grandes pages ! Permettons à Jésus, le Ressuscité, de venir par cette
liturgie à notre rencontre.
La Parole méditée :
Je vous propose maintenant d’entrer dans cette
page d’évangile : seriez-vous un des deux pèlerins d’Emmaüs ? Vous
allez me dire : je ne m’appelle pas Cléophas, et c’est vrai. Soit, mais on
ne connaît pas le nom du deuxième disciple : ce peut être vous. Une icône
présente les pèlerins comme un couple : à l’origine de cette
représentation, une note de certains exégètes qui font s’identifier le Cléophas
de l’évangile de Luc, avec le Clopas de l’évangile de Jean. Cléophas de Luc,
vous connaissez, on vient de nous dire qu’il était en route, quittant Jérusalem
pour Emmaüs. Clopas ? nous ne le connaissons pas, mais Jean nous dit que
sa femme était au pied de la croix de Jésus, avec quelques autres femmes. Cette
femme a donc assisté à la crucifixion et à l’agonie douloureuse de Jésus. Elle
a assisté impuissante, partageant autant qu’il était possible la souffrance de
Jésus. Elle a recueilli ses paroles. Elle a vu le grand souci de Jésus :
confier Marie à Jean, confier Jean à Marie. Elle a entendu son souci
d’accomplir jusqu’au bout les Ecritures. Elle a entendu sa soif et son pardon !
Elle a vu son côté percé, d’où ont jailli le sang et l’eau. Et elle est femme,
cela lui parle mystérieusement de naissance, non ? Elle a entendu la
confession de foi du centurion. Elle a vu Joseph d’Arimathie et Nicodème,
larmes aux yeux et au cœur, le descendre de la croix, et le déposer au tombeau.
Alors si Cléophas et Clopas sont un unique et même personnage, on voit sur le
chemin d’Emmaüs, mr et mme Cléophas : ils rentrent chez eux, après ces
événements tragiques. Elle est encore hantée par les images de la mort de
Jésus. Comment pourrait-elle oublier ? Elle raconte encore et encore… Lui
était peut-être parmi les disciples qui ont fui, pris de panique ! Il se demande
alors, de manière lancinante : qu’aurions-nous pu faire ? Qu’aurions-nous
dû faire ? On connait tous ce genre de relecture cruelle de moments
dramatiques dans l’existence… relecture où on passe et repasse encore
l’événement douloureux, comme en quête d’une issue… on voudrait rebobiner le
temps, et changer la direction des événements… mais ce n’est pas possible… et
bonjour les cauchemars !
Voilà monsieur et madame Cléophas en route…
remuant leur désespoir, le tournant et retournant dans leur cœur, dans leurs
échanges… et voici que Jésus vient se joindre à eux, les accompagner au plein
sens du terme ! Il écoute d’abord. Car oui, il ne se révèle pas de suite,
il écoute d’abord longuement, très longuement… pour qu’ils aient le temps de se
dire, de déposer ce qui est si lourd dans leur cœur. Et seulement alors ils
deviennent disponibles à une parole, alors du cœur de Jésus peut monter une
parole. Et cette parole, Jésus la tire judicieusement du trésor commun qu’il
partage avec eux : l’Ecriture. Oui, il va chercher, non en lui-même, mais
bien dans la mémoire commune. Car par avance, Dieu nous a donné tout ce qui
était nécessaire pour traverser la ténèbre. Et Jésus parcourt avec eux LE
livre, la Bible, doucement, lentement, au rythme de la respiration douloureuse
des pèlerins. Il parcourt la loi et les prophètes… on imagine le défilé :
les promesses d’alliance, l’exode et l’exil, l’échec de la royauté davidique, le
mystérieux personnage qu’est le serviteur souffrant… le cri de Job et le
désabusement de Qohélet, la parole du sage et la prière du psalmiste,
l’espérance des prophètes… et la Parole méditée, peu à peu, donne sens à
l’événement douloureux, traumatisant. La Parole méditée, peu à peu, ouvre une
porte d’espérance… le cœur des pèlerins se réchauffe. Ils sortent de leur
enfermement, et deviennent capables de poser un regard sur cet homme qui
accompagne leur route. Ils deviennent capables d’hospitalité : ils
l’invitent à faire halte avec eux… et autour de la table du pain partagé, leurs
yeux s’ouvrent. Alors Jésus disparait à leurs yeux, mais il est lumière dans
leur cœur. Alors ils se lèvent : ils ressuscitent ! Ils font
l’expérience de la résurrection, et cette expérience les projette sur la route
de la communauté ! Ils vont la retrouver à Jérusalem. Voilà le fruit de
leur lectio accompagnée ! Car la lectio que fait-elle ? Sinon se tisser
les fils de notre existence, avec ceux de la révélation biblique. Et la vie en
jaillit ! Laissons la Parole pénétrer ainsi nos cœurs ! Laissons
Jésus ressuscité nous rencontrer en sa Parole, laissons-le dire une parole sur
nos vies. Et notre existence atteindra sa plénitude, celle qui n’est accessible
que dans la relation (cf Zundel)
Invitation au Notre Père :
Jésus, nous n’avons pas de plus beau nom que
le tien pour nous tourner vers le Père, aussi est-ce en ton nom que nous osons
dire : Notre Père
Prière d’envoi :
Seigneur Jésus, dans le désarroi de notre
temps, tu viens marcher avec nous ! Tandis que nous courbons le cœur
devant les événements douloureux, tandis que nous ployons sous le fardeau des
incertitudes, et des désespérances des hommes, femmes et enfants de notre
temps, tu viens sur nos routes, et tu nous ouvres les Ecritures. Donne à chacun
de faire l’expérience de te rencontrer, toi qui, aujourd’hui ressuscité, te
tiens à nos côtés. Fais de nous les joyeux messagers de ta bonne
nouvelle !
Bénédiction :
Que le Dieu de l’espérance…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire