mercredi 7 avril 2021

Liturgie de la Parole : mercredi de l'octave de Pâques

 (soeur Myrèse)

Accueil :

Nous voici rassemblés en Eglise, au milieu de ce jour, nous voici rassemblés autour de la table de la Parole. Nous voici invités à faire l’expérience de la présence du Ressuscité au milieu de nous. Tant les Actes que l’Evangile nous invitent à sa rencontre. Nous nous trouvons aujourd’hui devant deux textes qui sont de véritables monuments : la mise debout, la résurrection, de l’infirme de la Belle Porte, ce qui nous invite à prier tout spécialement pour la communauté de la Belle Porte dont c’est la fête aujourd’hui. Et l’évangile des disciples d’Emmaüs. Cet évangile est si souvent lu, que le cardinal Danneels avait coutume de dire que leurs semelles devaient être complètement usées… Alors aujourd’hui, tandis que nous allons recevoir ces textes, laissons-nous renouveler intérieurement, pour écouter à neuf ces grandes pages ! Permettons à Jésus, le Ressuscité, de venir par cette liturgie à notre rencontre.


La Parole méditée :

Je vous propose maintenant d’entrer dans cette page d’évangile : seriez-vous un des deux pèlerins d’Emmaüs ? Vous allez me dire : je ne m’appelle pas Cléophas, et c’est vrai. Soit, mais on ne connaît pas le nom du deuxième disciple : ce peut être vous. Une icône présente les pèlerins comme un couple : à l’origine de cette représentation, une note de certains exégètes qui font s’identifier le Cléophas de l’évangile de Luc, avec le Clopas de l’évangile de Jean. Cléophas de Luc, vous connaissez, on vient de nous dire qu’il était en route, quittant Jérusalem pour Emmaüs. Clopas ? nous ne le connaissons pas, mais Jean nous dit que sa femme était au pied de la croix de Jésus, avec quelques autres femmes. Cette femme a donc assisté à la crucifixion et à l’agonie douloureuse de Jésus. Elle a assisté impuissante, partageant autant qu’il était possible la souffrance de Jésus. Elle a recueilli ses paroles. Elle a vu le grand souci de Jésus : confier Marie à Jean, confier Jean à Marie. Elle a entendu son souci d’accomplir jusqu’au bout les Ecritures. Elle a entendu sa soif et son pardon ! Elle a vu son côté percé, d’où ont jailli le sang et l’eau. Et elle est femme, cela lui parle mystérieusement de naissance, non ? Elle a entendu la confession de foi du centurion. Elle a vu Joseph d’Arimathie et Nicodème, larmes aux yeux et au cœur, le descendre de la croix, et le déposer au tombeau. Alors si Cléophas et Clopas sont un unique et même personnage, on voit sur le chemin d’Emmaüs, mr et mme Cléophas : ils rentrent chez eux, après ces événements tragiques. Elle est encore hantée par les images de la mort de Jésus. Comment pourrait-elle oublier ? Elle raconte encore et encore… Lui était peut-être parmi les disciples qui ont fui, pris de panique ! Il se demande alors, de manière lancinante : qu’aurions-nous pu faire ? Qu’aurions-nous dû faire ? On connait tous ce genre de relecture cruelle de moments dramatiques dans l’existence… relecture où on passe et repasse encore l’événement douloureux, comme en quête d’une issue… on voudrait rebobiner le temps, et changer la direction des événements… mais ce n’est pas possible… et bonjour les cauchemars !

Voilà monsieur et madame Cléophas en route… remuant leur désespoir, le tournant et retournant dans leur cœur, dans leurs échanges… et voici que Jésus vient se joindre à eux, les accompagner au plein sens du terme ! Il écoute d’abord. Car oui, il ne se révèle pas de suite, il écoute d’abord longuement, très longuement… pour qu’ils aient le temps de se dire, de déposer ce qui est si lourd dans leur cœur. Et seulement alors ils deviennent disponibles à une parole, alors du cœur de Jésus peut monter une parole. Et cette parole, Jésus la tire judicieusement du trésor commun qu’il partage avec eux : l’Ecriture. Oui, il va chercher, non en lui-même, mais bien dans la mémoire commune. Car par avance, Dieu nous a donné tout ce qui était nécessaire pour traverser la ténèbre. Et Jésus parcourt avec eux LE livre, la Bible, doucement, lentement, au rythme de la respiration douloureuse des pèlerins. Il parcourt la loi et les prophètes… on imagine le défilé : les promesses d’alliance, l’exode et l’exil, l’échec de la royauté davidique, le mystérieux personnage qu’est le serviteur souffrant… le cri de Job et le désabusement de Qohélet, la parole du sage et la prière du psalmiste, l’espérance des prophètes… et la Parole méditée, peu à peu, donne sens à l’événement douloureux, traumatisant. La Parole méditée, peu à peu, ouvre une porte d’espérance… le cœur des pèlerins se réchauffe. Ils sortent de leur enfermement, et deviennent capables de poser un regard sur cet homme qui accompagne leur route. Ils deviennent capables d’hospitalité : ils l’invitent à faire halte avec eux… et autour de la table du pain partagé, leurs yeux s’ouvrent. Alors Jésus disparait à leurs yeux, mais il est lumière dans leur cœur. Alors ils se lèvent : ils ressuscitent ! Ils font l’expérience de la résurrection, et cette expérience les projette sur la route de la communauté ! Ils vont la retrouver à Jérusalem. Voilà le fruit de leur lectio accompagnée ! Car la lectio que fait-elle ? Sinon se tisser les fils de notre existence, avec ceux de la révélation biblique. Et la vie en jaillit ! Laissons la Parole pénétrer ainsi nos cœurs ! Laissons Jésus ressuscité nous rencontrer en sa Parole, laissons-le dire une parole sur nos vies. Et notre existence atteindra sa plénitude, celle qui n’est accessible que dans la relation (cf Zundel)

Invitation au Notre Père :

Jésus, nous n’avons pas de plus beau nom que le tien pour nous tourner vers le Père, aussi est-ce en ton nom que nous osons dire : Notre Père

Prière d’envoi :

Seigneur Jésus, dans le désarroi de notre temps, tu viens marcher avec nous ! Tandis que nous courbons le cœur devant les événements douloureux, tandis que nous ployons sous le fardeau des incertitudes, et des désespérances des hommes, femmes et enfants de notre temps, tu viens sur nos routes, et tu nous ouvres les Ecritures. Donne à chacun de faire l’expérience de te rencontrer, toi qui, aujourd’hui ressuscité, te tiens à nos côtés. Fais de nous les joyeux messagers de ta bonne nouvelle !

Bénédiction :

Que le Dieu de l’espérance…


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