(sœur Bernadette)
Lectures : Actes des Apôtres
5,34-42 // Ps 26 (27) // Jean 6,1-15
Méditation :
Aujourd'hui, je voudrais
commencer par le récit historique d'un prêtre allemand. L'incident se déroule
juste à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il s'agit de prisonniers de
guerre en route pour la Russie dans un wagon à bestiaux.
« "Maintenant, nous rentrons à la maison.
Embarquement ! Dépêchez-vous !" [...] "Les wagons étaient verrouillés
et câblés à l'extérieur. Nos gardes russes buvaient beaucoup de vodka et
échangeaient les denrées alimentaires qui nous étaient destinées. [...] Ce
voyage a duré quatre semaines. Au moment où le jour s’est levé, nous avons
réalisé que nous ne rentrions pas chez nous, mais que nous allions vers l'Est.
Tout espoir était complètement éteint.
Dans nos conversations, nous évoquions - probablement
à cause de la faim - des recettes de cuisine. Les wagons à bestiaux en Russie
étaient beaucoup plus grands que les nôtres. Il y avait une porte coulissante
au milieu du wagon. Chacun des compartiments accueillait 35 hommes. Peut-être
qu'il y en avait plus. Pour chaque moitié du wagon, il y avait une miche de
pain et une tasse d'eau par jour.
Une fois, alors que le soldat russe avait refermé la
porte coulissante et l'avait verrouillée de l'extérieur, une bagarre a éclaté
dans le wagon. Affamés, certains s'étaient jetés sur ce pain. L'un d'entre eux
a été battu à mort. La situation s’envenimait également dans notre moitié de
wagon. "Qui va partager le pain ?" a crié l'un d'eux. Le silence
s'est installé. Personne ne voulait le faire. Tout le monde avait peur d'être
lynché. Nous n'avions ni balance ni couteau. Comment peut-on obtenir 35
morceaux égaux à partir d'une miche de pain ? Peut-être en le cassant ?
Certains ont crié : "Nous avons un prêtre parmi nous, qu'il le fasse
!" - "Maintenant, ils vont aussi me battre à mort", ai-je pensé.
Soudain, une pensée salvatrice m'est venue. Notre 8e division de Jäger avait
été équipée de chaussures avec des lacets. J’ai entouré le pain en plaçant le
lacet au milieu et j’ai tiré. Cette façon de procéder a permis d'obtenir une
coupe lisse. Alors que tout le monde me regardait, je ne pouvais m'empêcher de
penser au verset du psaume " Les yeux sur toi, tous, ils espèrent : tu
leur donnes la nourriture au temps voulu " (Psaume 144,15) J’ai
réussi à couper 35 morceaux. L'un d'eux se tenait à côté de moi et regardait.
Nous avons pesé les morceaux avec nos mains. Ici et là, on ajoutait un petit
morceau qui était tombé lorsque le morceau était trop lourd. "Compte à
rebours !" J'ai crié, et ils ont immédiatement suivi. Tout le monde avait
faim après tout. "Trente-cinq, alors", ai-je déclaré. "Je prends
du recul maintenant. S'il manque la 35e pièce, je n'aurai pas de pain et je
serai tenaillé par la faim aujourd'hui". Puis je suis allé de l'un à
l'autre avec le pain. Involontairement, je devais penser à la distribution de
la Sainte Communion. Les morceaux de pain étaient en effet suffisants. Tout le
monde était satisfait et j'ai remercié Dieu. Jour après jour, cette cérémonie a
eu lieu jusqu'à ce que nous atteignions enfin notre objectif." »[1]
L'Évangile d'aujourd'hui
raconte comment Jésus a délibérément placé un signe devant toutes les personnes
présentes. Il semble que ce soit un signe dont même les autres occupants du
wagon à bestiaux avaient une idée, sinon pourquoi demandent-ils au prêtre,
entre tous, de partager le pain ?
Que devons-nous voir dans le
miracle du pain ? « Le don ou plutôt le donneur ? Ce miracle est un signe
qui pointe au-delà de lui-même. Il nous conduit à une personne qui, de tout son
être, est abondance et don. Il nous conduit à celui en qui nous rencontrons
Dieu lui-même. Et qui n'est donc pas seulement un roi du pain ou un prophète
d'un monde meilleur, mais qui est le pain de l'humanité elle-même. »[2]
Je crois que Jésus était là
aussi, dans le wagon à bestiaux, parmi les prisonniers affamés. Une fois de
plus, il a accompli le partage du pain et a apporté la paix dans cette
communauté de souffrances.
« Les yeux sur toi, tous, ils espèrent : tu leur donnes
la nourriture au temps voulu ; tu ouvres ta main : tu rassasies avec
bonté tout ce qui vit »[3]
Notre Père :
Confiants en toi, nous prions comme tu nous l'as enseigné.
Prière de
conclusion :
Prions avec les mots de Sainte
Bernadette Soubirous :
Jésus seul pour But, Jésus
seul pour Maître, Jésus seul pour Modèle, Jésus seul pour Guide, Jésus seul
pour la Joie, Jésus seul pour la Richesse, Jésus seul pour Ami ! Alors,
allons, mon âme, courage. Un jour encore, à la suite de Jésus et de Marie,
gravissant le Calvaire, et puis, avec Jésus et Marie, le Bonheur, l’Allégresse,
l’Éternité ![4]
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