(sœur Marie-Raphaël)
Introduction.
Voici les derniers mots de l’Ancien
Testament, les derniers mots du prophète Malachie : « Voici que je vais
vous envoyer Elie, le prophète, avant que vienne le jour du Seigneur, jour
grand et redoutable. Il ramènera le cœur des pères vers leurs fils et le cœur
des fils vers leurs pères, pour que je ne vienne pas frapper d’anathème le
pays ». Ces versets sont cités dans les deux lectures de ce jour : la
lecture de Ben Sira, et l’évangile de Matthieu. Dans l’évangile, Jésus établit
un lien entre le prophète Elie et Jean le Baptiste. Il est vrai que ces deux
hommes ont des points communs. Que la prière des Psaumes nous aide à créer des
liens entre l’Ancien et le Nouveau Testament, entre le Messie et nous !
Résonnances
Selon une tradition juive, le
prophète Elie précédera de peu l’arrivée du Messie. C’est pour cela que la
figure d’Elie apparaît dans beaucoup de récits rabbiniques, et que les Juifs
préparent sa place au repas du seder. Elie et Jean Baptiste ont donc en commun
non seulement d’avoir une parole de feu, mais aussi d’être précurseurs du
Messie. Ils ont encore autre chose en commun : le fait d’avoir dû
convertir leur regard sur Dieu. Dieu n’est pas ce qu’ils attendaient. Elie doit
se défaire de l’image d’un Dieu vengeur et tout puissant, pour découvrir la
vraie présence de Dieu dans le bruit d’un fin silence, à l’Horeb. Jean aussi
doit se défaire de l’image d’un Dieu vengeur et justicier. Il est surpris par
la douceur et la discrétion de Jésus, au point de lui demander :
« es-tu celui qui doit venir, ne me suis-je pas trompé ? »
C’est beau, cette conversion de deux hommes de
feu !
Mais leur fin est différente :
Elie est emmené sur un char de feu, dans une sorte de gloire qui fait croire
qu’il n’est pas vraiment mort… et que donc il va revenir. Jean va être décapité
dans l’obscure prison d’Hérode. Mort qui n’a rien de glorieux… Et c’est jusque
dans sa mort, jusque dans cette mort ignominieuse, que Jean sera le précurseur
de Jésus ! Folie d’un Messie crucifié !
Ce passage de l’évangile de Mathieu
se situe juste après la profession de Pierre à Césarée, la première annonce par
Jésus de sa passion, et l’épisode de la transfiguration. Nous sommes donc en
route vers Jérusalem et Jésus tente de préparer le cœur de ses disciples à la
fin douloureuse qui l’attend. La parole sur Jean Baptiste identifié au prophète
Elie prend son sens dans ce contexte. À la question de ses disciples, Jésus ne
répond pas directement : il ne s’agit pas de comprendre pourquoi le
prophète Elie doit venir d’abord, mais il s’agit de percevoir qu’en fait, il
est déjà venu, non pas sur un char de feu, mais incognito. Il n’est
plus question d’attendre : si le prophète Elie est « déjà venu »
et s’ils lui ont « fait tout ce qu’ils ont voulu », c’est que le
Messie est déjà là, lui aussi, et qu’ils lui feront tout ce qu’ils voudront… Soyons
attentifs à la présence du Messie, incognito, au milieu de nous !
Prière de conclusion.
Sur les traces d’Elie, dont la
parole brûlait comme un feu, sur les traces de Jean Baptiste qui réconcilie les
cœurs des pères et des fils, Seigneur, nous attendons ta venue, mais nous te savons
déjà présent au milieu de nous, dans la discrétion de celui que personne ne
remarque. Ouvre l’intelligence de notre cœur, révèle-nous ta présence,
apprends-nous à accueillir le mystère de ta Pâque où Jean Baptiste t’a devancé
en précurseur. Nous t’en prions, toi qui règnes avec le Père et l’Esprit Saint,
pour les siècles des siècles.
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