mardi 29 décembre 2020

Célébration de la Parole 29 décembre 2020

 (sr Myrèse)

Introduction : Pourquoi y-a-t-il si souvent un joueur de flûte à la crèche ? Pourquoi beaucoup de figures qui entourent la naissance de Jésus sont-elles des personnes âgées ? Zacharie, Elisabeth, Syméon, Anne ? même Joseph selon la tradition apocryphe serait un vieillard. Quand Dieu fait toutes choses nouvelles, il semble tout reprendre à l’origine, non pour défaire, non pour abolir, mais pour rejoindre et avec son intuition première, son projet créateur construire avec nous un monde beau, une nature belle et bonne, une humanité belle et bonne, fraternelle. La racine de Jessé a fleuri, l’arbre donne enfin son fruit. Ouvrons nos yeux, prenons tout ce qui en nous est vieux, pour le laisser saisir à nouveau, pour nous laisser renouveler par ce Dieu venu partager notre humanité, pour nous donner part à sa divinité.

Après l’Evangile : voilà un évangile que vous avez encore en mémoire, nous l’avons lu ce dimanche. Dimanche dans une version plus longue, vous aurez la suite demain. Fernand nous l’a commenté abondamment. Vous pouvez vous remémorer la manière dont il a fait défiler devant nos yeux tous ces personnages – pour la plupart d’un certain âge – qui entourent la naissance de Jésus. Je voudrais vous en ajouter un. Une plutôt. Elle nous vient d’une tradition déjà ancienne, un évangile de l’enfance apocryphe, arménien. Si ces écrits ne sont pas reçus comme canoniques, cela ne veut pas dire qu’ils n’ont aucun message à nous délivrer. Et cette tradition ancienne, d’une dernière visiteuse à la crèche, a été reprise dans un conte de Noël des frères Tharaud, écrivains, membres de l’académie française, décédés respectivement en 1952 et 53. Je livre ce conte à votre méditation :

C’était à Bethléem au point du jour. L’étoile venait de disparaître, le dernier pèlerin avait quitté l’étable, la Vierge avait bordé la paille, l’enfant allait dormir enfin. Mais dort-on la nuit de Noël ?… Doucement la porte s’ouvrit, poussée, eût-on dit, par un souffle plus que par une main, et une femme parut sur le seuil, couverte de haillons, si vieille et si ridée que, dans son visage couleur de terre, sa bouche semblait n’être qu’une ride de plus.

 En la voyant, Marie prit peur, comme si ç’avait été quelque mauvaise fée qui entrait. Heureusement Jésus dormait ! L’âne et le bœuf mâchaient paisiblement leur paille et regardaient s’avancer l’étrangère sans marquer plus d’étonnement que s’ils la connaissaient depuis toujours. La Vierge, elle, ne la quittait pas des yeux. Chacun des pas qu’elle faisait lui semblait long comme des siècles. La vieille continuait d’avancer, et voici maintenant qu’elle était au bord de la crèche. Grâce à Dieu, Jésus dormait toujours. Mais dort-on la nuit de Noël ?…

 Soudain, il ouvrit les paupières, et sa mère fut bien étonnée de voir que les yeux de la femme et ceux de son enfant étaient exactement pareils et brillaient de la même espérance. La vieille alors se pencha sur la paille, tandis que sa main allait chercher dans le fouillis de ses haillons quelque chose qu’elle sembla mettre des siècles encore à trouver. Marie la regardait toujours avec la même inquiétude. Les bêtes la regardaient aussi, mais toujours sans surprise, comme si elles savaient par avance ce qui allait arriver. Enfin, au bout de très longtemps, la vieille finit par tirer de ses hardes un objet caché dans sa main, et elle le remit à l’enfant. Après tous les trésors des Mages et les offrandes des bergers, quel était ce présent ? D’où elle était, Marie ne pouvait pas le voir. Elle voyait seulement le dos courbé par l’âge, et qui se courbait plus encore en se penchant sur le berceau. Mais l’âne et le bœuf, eux, le voyaient et ne s’étonnaient toujours pas. Cela encore dura bien longtemps.

 Puis la vieille femme se releva, comme allégée du poids très lourd qui la tirait vers la terre. Ses épaules n’étaient plus voûtées, sa tête touchait presque le chaume, son visage avait retrouvé miraculeusement sa jeunesse. Et quand elle s’écarta du berceau pour regagner la porte et disparaître dans la nuit d’où elle était venue, Marie put voir enfin ce qu’était son mystérieux présent. Ève (car c’était elle) venait de remettre à l’enfant une petite pomme, la pomme du premier péché (et de tant d’autres qui suivirent !) Et la petite pomme rouge brillait aux mains du nouveau-né comme le globe du monde nouveau qui venait de naître avec lui. (Jérôme et Jean Tharaud, cités dans Contes et récits de Noël, Atelier, 1995 p 63 sv)

  Ainsi, la présence de ces vieillards dans les récits d’enfance de Jésus, nous disent quelque chose de profond, de très profond… Celui qui vient de naître, ce tout petit que Syméon accueille dans ses bras, est cette lumière qui brille dans les ténèbres, et qu’aucune ténèbre n’a su au long des siècles arrêter. Ainsi Syméon a bien raison de voir dans cet enfant, qui repose entre ses bras, la lumière des nations, le salut préparé à la face des peuples. Ce salut est pour toi aussi. Tu peux avec Eve, rapporter tes pommes… et les déposer. L’enfant est là. Et s’il est encore si faible, trop faible pour triompher de tout mal, ne t’en fais pas. Si d’aventure le serpent a suivi Eve, si d’aventure, il menace l’enfant, les bergers ont laissé auprès de l’enfant, un joueur de flûte… qui par son Souffle enchante, et détourne le serpent… voyez en Lui, celui qui ne pouvait abandonner son Fils à la mort, le Père et son Souffle, son Esprit venus accompagner l’incarnation de Celui qui ne fait qu’un avec eux.

 

Invitation au Notre Père : Jésus par ta naissance, tu nous rejoins là où nous sommes, et tu nous tournes vers le Père, avec toi, nous voulons redire la prière des enfants de Dieu

 

Prière conclusive : (d’après une hymne CFC — CNPL)

Père des siècles du monde, la naissance de ton Fils en notre histoire, transfigure nos tourments en douleurs d’enfantement où déjà surgit ta gloire. Père, tu as vu le mal et la souffrance, tu as vu notre humanité chancelante, et tu nous as donné ton Fils, il est le Vrai soleil du jour nouveau, et il perce la nuit profonde. Avec Syméon, Anne, Zacharie et Elisabeth, Eve et Adam, nous chantons notre délivrance. Aujourd’hui encore illumine tous les cœurs, restaure par la naissance de ton Fils, la création. Et tandis que ce Noël nous réenchante, aide-nous à devenir un peuple nouveau, fraternel et solidaire. Nous te le demandons

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