(Rosy)
Introduction
Vous rappelez-vous le tout dernier verset de l’évangile de hier ? Celui qui a des oreilles, qu’il entende !
Et qu’allons-nous entendre
aujourd’hui ? De la flûte !
Nous voilà presque à la moitié du chemin… du chemin vers
Noël, et nous recevons aujourd’hui une jolie parabole qui nous révèle un peu du
cœur de notre Dieu.
J’ai toujours été fascinée par cette scène, aussi je me
propose d’en rester à ce simple verset 17 qui nous parle de flûte et de danse.
« Nous vous avons joué de la flûte, et vous n’avez pas dansé. »
C’est un regret et une invitation, une invitation du Seigneur
lui-même à laquelle nous allons essayer d’être attentifs au cours de cette
liturgie.
Rendons nos cœurs disponibles par le chant des psaumes.
Commentaire
« J'ai joué de la
flûte sur la place du marché
Et personne avec
moi n'a voulu danser.
J'ai joué de la
flûte sur la place du marché
Toi qui m'as
entendu, viendras-tu danser ? »
Ce refrain d’Aimé Duval nous donne déjà une belle clé
pour commenter ce verset.
Oui, il s’agit d’une constatation, d’un regret, mais
surtout d’une invitation.
Nous sommes sur la place du marché, sur le lieu public
par excellence, le lieu qui appartient à tous, où tous peuvent se retrouver.
Donc l’air de flûte s’adresse à tous, représentés ici par la bande de gamins.
Une musique se fait entendre mais rien ne bouge :
personne ne se lève, personne n’esquisse quelques pas. Alors le musicien
s’attriste. Car, lui, il danse ! « Personne, avec moi, n’a voulu danser » dit
le père Duval qui imagine alors que le musicien s’adresse à chacun : Toi !
Et quelle est sa première demande ? D’écouter !
Décidément, on y revient toujours !
Toi qui m’as entendu, viendras-tu danser ?
Non pas « Danseras-tu » mais « Viendras-tu ? »
Il s’agit donc d’aller à Jésus, pour danser avec lui.
Mais peut-on dire ainsi que le flutiste, c’est Jésus :
c’est un mauvais réflexe, devant une parabole, que de vouloir à tous prix y
reconnaître Dieu ! Pourtant, cette fois, j’y cèderais bien, et voici pourquoi.
J’ai en tête les magnifiques peintures de Cláudio Pastro
et un de ses sujets préférés : le bon berger, souvent en train de jouer de la
flûte… Mais oui, si les brebis suivent le berger au son de sa voix, sans doute
le suivent-elles aussi au son des notes de flûte. C’est ainsi qu’il les
conduit…
Isaïe dit aujourd’hui :
Je suis le Seigneur ton Dieu, je te guide sur le chemin
où tu marches.
Donc, Jésus invite à le suivre, invite à la danse.
La danse ! Que signifie-t-elle ? Qu’exprime-t-elle ?
Nous savons combien elle est présente
dans la Bible, explicitement ou non : dans le premier testament : Myriam, la
fille de Jefté, David… la bien-aimée du Cantique, et surtout les appels des
psaumes que nous chantons avec tant de bonheur :
Louez-le par les cordes et les flûtes, louez-le par la
danse et le tambour !
Puis dans le nouveau testament : vous avez entendu la
musique et les danses au retour du prodigue ? Ou les danses au soir du mariage
à Cana ?
La danse est le plus souvent signe de joie, de communion,
c’est une activité qui soude la collectivité.
Bien sûr, elle est parfois dévoyée, comme celle de Salomé
devant Hérode… Tout dépend toujours de ce qu’il y a dans le cœur.
Je me suis quand même posé la question du rapport de la
danse avec les divers sentiments : est-elle inévitablement liée à la joie, à
l’exubérance ? Je pense vraiment que la danse peut tout exprimer : c’est le
corps tout entier qui se met au service de l’expression de ce que je vis, de ce
que nous vivons : louange, supplication, tristesse, espoir… tout !
Sans doute ne connaissez-vous pas Noé Preszow ? C’est un
jeune chanteur bruxellois qui allie avec bonheur musique et poésie, pour
exprimer l’entre-deux entre solitude et amitié. Bien dans notre actualité.
Il a sorti il y a quelques semaines une excellente
chanson qui s’appelle « tout s’danse » et que j’aurais aussi pu vous faire
écouter. Voici quelques lignes du refrain :
« Tu m'dis que tout
s'danse / Même la gêne, même l'errance
Que tout s'danse /
La solitude, l'état de siège, l'état d'urgence
Que tout s'danse /
Même la honte même l’absence. »
Culture contemporaine, qui rejoint notre parabole où ce
qui est reproché, c’est l’immobilisme, la paresse, le désespoir. La joie peut
s’exprimer par la danse, mais, surtout, la joie naît du chant, la joie naît de
la danse.
Il faut juste se
mettre en route :
L’avez-vous
entendue, la musique de Dieu ?
Où sont-ils les
cœurs simples qui partent sans preuve ?
Sortez de vos
tiédeurs et de vos tranquillités :
le jour va bientôt
se lever.
L’avez-vous
entendue ?
Il faut simplement
marcher, vers une étable, vers un enfant.
Ecoutez : c’est la
musique de Dieu qui nous invite à danser.
N-P
Que nos voix s’adressent maintenant à notre Père, que
tout notre être se tourne vers lui avec confiance :
Oraison
Seigneur Jésus, nous voulons marcher avec toi sur nos chemins
quotidiens, nous voulons danser avec toi sur notre route d’Avent, donne-nous
t’entendre ta petite musique au fond de nos cœurs.
Toi qui vis et règne avec le Père et l’Esprit pour les
siècles des siècles.
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