vendredi 11 décembre 2020

Célébration de la Parole 2e vendredi d'Avent

 (Rosy)

Introduction

Vous rappelez-vous le tout dernier verset de l’évangile de hier ? Celui qui a des oreilles, qu’il entende ! 

Et qu’allons-nous entendre aujourd’hui ? De la flûte !

Nous voilà presque à la moitié du chemin… du chemin vers Noël, et nous recevons aujourd’hui une jolie parabole qui nous révèle un peu du cœur de notre Dieu.

J’ai toujours été fascinée par cette scène, aussi je me propose d’en rester à ce simple verset 17 qui nous parle de flûte et de danse. « Nous vous avons joué de la flûte, et vous n’avez pas dansé. »

C’est un regret et une invitation, une invitation du Seigneur lui-même à laquelle nous allons essayer d’être attentifs au cours de cette liturgie.

Rendons nos cœurs disponibles par le chant des psaumes.


Commentaire

« J'ai joué de la flûte sur la place du marché

Et personne avec moi n'a voulu danser.

J'ai joué de la flûte sur la place du marché

Toi qui m'as entendu, viendras-tu danser ? »

 

Ce refrain d’Aimé Duval nous donne déjà une belle clé pour commenter ce verset.

Oui, il s’agit d’une constatation, d’un regret, mais surtout d’une invitation.

Nous sommes sur la place du marché, sur le lieu public par excellence, le lieu qui appartient à tous, où tous peuvent se retrouver. Donc l’air de flûte s’adresse à tous, représentés ici par la bande de gamins.

Une musique se fait entendre mais rien ne bouge : personne ne se lève, personne n’esquisse quelques pas. Alors le musicien s’attriste. Car, lui, il danse ! « Personne, avec moi, n’a voulu danser » dit le père Duval qui imagine alors que le musicien s’adresse à chacun : Toi !

Et quelle est sa première demande ? D’écouter ! Décidément, on y revient toujours !

Toi qui m’as entendu, viendras-tu danser ?

Non pas « Danseras-tu » mais « Viendras-tu ? »

Il s’agit donc d’aller à Jésus, pour danser avec lui.

Mais peut-on dire ainsi que le flutiste, c’est Jésus : c’est un mauvais réflexe, devant une parabole, que de vouloir à tous prix y reconnaître Dieu ! Pourtant, cette fois, j’y cèderais bien, et voici pourquoi.

J’ai en tête les magnifiques peintures de Cláudio Pastro et un de ses sujets préférés : le bon berger, souvent en train de jouer de la flûte… Mais oui, si les brebis suivent le berger au son de sa voix, sans doute le suivent-elles aussi au son des notes de flûte. C’est ainsi qu’il les conduit…

Isaïe dit aujourd’hui :

Je suis le Seigneur ton Dieu, je te guide sur le chemin où tu marches.

Donc, Jésus invite à le suivre, invite à la danse.

La danse ! Que signifie-t-elle ? Qu’exprime-t-elle ?

Nous savons combien elle est présente dans la Bible, explicitement ou non : dans le premier testament : Myriam, la fille de Jefté, David… la bien-aimée du Cantique, et surtout les appels des psaumes que nous chantons avec tant de bonheur :

Louez-le par les cordes et les flûtes, louez-le par la danse et le tambour !

Puis dans le nouveau testament : vous avez entendu la musique et les danses au retour du prodigue ? Ou les danses au soir du mariage à Cana ?

La danse est le plus souvent signe de joie, de communion, c’est une activité qui soude la collectivité.

Bien sûr, elle est parfois dévoyée, comme celle de Salomé devant Hérode… Tout dépend toujours de ce qu’il y a dans le cœur.

Je me suis quand même posé la question du rapport de la danse avec les divers sentiments : est-elle inévitablement liée à la joie, à l’exubérance ? Je pense vraiment que la danse peut tout exprimer : c’est le corps tout entier qui se met au service de l’expression de ce que je vis, de ce que nous vivons : louange, supplication, tristesse, espoir… tout !

Sans doute ne connaissez-vous pas Noé Preszow ? C’est un jeune chanteur bruxellois qui allie avec bonheur musique et poésie, pour exprimer l’entre-deux entre solitude et amitié. Bien dans notre actualité.

Il a sorti il y a quelques semaines une excellente chanson qui s’appelle « tout s’danse » et que j’aurais aussi pu vous faire écouter. Voici quelques lignes du refrain :

« Tu m'dis que tout s'danse / Même la gêne,  même l'errance

Que tout s'danse / La solitude, l'état de siège, l'état d'urgence

Que tout s'danse / Même la honte même l’absence. »

Culture contemporaine, qui rejoint notre parabole où ce qui est reproché, c’est l’immobilisme, la paresse, le désespoir. La joie peut s’exprimer par la danse, mais, surtout, la joie naît du chant, la joie naît de la danse.

Il faut juste se mettre en route :

L’avez-vous entendue, la musique de Dieu ?

Où sont-ils les cœurs simples qui partent sans preuve ?

Sortez de vos tiédeurs et de vos tranquillités :

le jour va bientôt se lever.

 

L’avez-vous entendue ?

Il faut simplement marcher, vers une étable, vers un enfant.

Ecoutez : c’est la musique de Dieu qui nous invite à danser.

N-P

Que nos voix s’adressent maintenant à notre Père, que tout notre être se tourne vers lui avec confiance :

Oraison

Seigneur Jésus, nous voulons marcher avec toi sur nos chemins quotidiens, nous voulons danser avec toi sur notre route d’Avent, donne-nous t’entendre ta petite musique au fond de nos cœurs.

Toi qui vis et règne avec le Père et l’Esprit pour les siècles des siècles.


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