mercredi 30 décembre 2020

Célébration de la Parole 30 décembre 2020

(sœur Marie-Raphaël)

Ouverture.

Il y a le temps de la longue patience et la soudaineté de la grâce. Anne a connu la longue patience. Elle a attendu 12 fois 7 ans : une plénitude de plénitude. Elle a tellement attendu que, peut-être, elle ne savait même plus qu’elle attendait. Elle était simplement là, présente au présent. À force d’attendre, elle était devenue poreuse. Poreuse à la grâce (ce n’est pas pour rien qu’elle s’appelait Anne), poreuse à l’eau de la grâce qui s’infiltrait doucement jusqu’à la nappe phréatique de son âme. Elle était en contact permanent avec la nappe phréatique de son âme.

Par le chant des psaumes, rendons-nous poreux, afin que la prière circule librement de la terre au ciel.

Résonnances.

« Je vous l’écris, enfants, vous connaissez le Père ». Vous connaissez… Jean insiste sur ce mot. C’est un verbe au parfait, mais on le traduit au présent. Car les verbes au parfait désignent non pas un processus, mais un état, quelque chose qui est acquis. « Vous connaissez, parce que vous avez appris à connaître et que maintenant vous savez pour de bon ». On pourrait dire : « c’est inscrit dans votre disque dur ». L’idée, c’est qu’il y a une connaissance de Dieu qui nous habite depuis toujours, qui est donnée d’office, mais dont nous devons prendre conscience. D’où l’image de la nappe phréatique : elle est là, très profond, mais nous ne le savons pas, et nous devons la découvrir, la faire émerger, aller chercher l’eau au plus bas. Entrer en communication avec elle, afin de la faire émerger. Cela prend du temps : le temps de la longue patience.

Anne ne savait plus qu’elle attendait, mais quand Jésus est entré dans le temple, elle a su, instantanément. Elle le connaissait depuis toujours, et maintenant, elle le reconnaissait. L’eau a jailli des profondeurs. L’arrivée du petit enfant dans le temple a suffi pour que le déclic se réalise en elle : l’eau profonde a jailli en surface avec une force telle qu’elle n’a pas pu la garder pour elle.

Ensuite, c’est au tour de Jésus d’entrer dans le temps de la longue patience. Le temps de la vie cachée à Nazareth. « L’enfant grandissait et se fortifiait, rempli de sagesse et accompagné par la grâce de Dieu. » Vie cachée comme une nappe phréatique, que l’eau de la grâce vient élargir.

Merveille de l’Incarnation qui va jusque-là : Dieu accepte la médiation de la durée. Même le Fils de Dieu doit grandir dans le temps. Tout est là, mais caché dans les profondeurs. Viendra le jour où l’eau vive jaillira pour irriguer toute la terre. Le jour où l’eau coulera, avec le sang, de son côté ouvert. Au bout d’une très longue patience.

Prière.

Par ton Incarnation, Seigneur Jésus, tu entres dans le temps de notre humanité, le temps des longues patiences et des mûrissements, mais aussi le temps de l’urgence, le temps de la croissance et le temps de la vie. Apprends-nous à accueillir la grâce du temps que nous avons à vivre. Et viens encore aujourd’hui abreuver le monde assoiffé de ton amour.

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