Et ils se
couchèrent pour la nuit. Quant à Ragouël, il se leva, appela ses serviteurs, et
ils s’en allèrent creuser une tombe.
« Car,
se disait-il, si jamais Tobie était mort, nous serions objet de risée et de
blâme. »
Quand ils
eurent fini de creuser la tombe, Ragouël rentra chez lui, appela sa femme
et lui
dit : « Envoie une jeune servante : qu’elle aille voir si Tobie
est encore vivant. Et s’il est mort, nous l’enterrerons, sans que personne ne
le sache. »
(Tobie 8, 9-12 traduction
liturgique)
Viens Esprit Saint, illumine nos cœurs, éclaire nos chemins,
que nous marchions vers le Père.
Et ils se couchèrent pour la nuit.
Après la
prière, Tobie et Sarra se couchent. Nuit de noce.
Quant à
Ragouël, il se leva, appela ses serviteurs, et ils s’en allèrent creuser une
tombe.
Pendant
que Tobie et Sarra s’abandonnent en confiance, Ragouël, lui gère son angoisse
comme il peut… après avoir connu par 7 fois la mort de son beau-fils dans la
première nuit de leur mariage, il prend les devant. Il a beau avoir prié,
célébré la fête, il prend peur, et avec ses serviteurs va creuser la tombe par
avance. IL s’explique :
« Car, se disait-il, si jamais Tobie était
mort, nous serions objet de risée et de blâme. »
La scène
est cocasse, digne d’un roman. Mais c’est toute l’angoisse de Ragouël qui
perce, à laquelle s’ajoute la peur du ridicule. Quand par 7 fois l’époux décède
dans la nuit de noce, donne-t-on sa fille une nouvelle fois en mariage ? l’expérience
n’a-t-elle pas suffi ? en plus de la peine Ragouël ne veut pas avoir à
affronter la risée du voisinage, il se prépare à dissimuler la mort.
Quand ils eurent fini de creuser la tombe, Ragouël
rentra chez lui, appela sa femme
et lui dit : « Envoie une jeune
servante : qu’elle aille voir si Tobie est encore vivant.
Ragouël
et les serviteurs ont creusé la mort, marchant du côté de la mort. Sa femme et
la servante sont appelées du côté de la vie. Ragouël ne sait vivre son
angoisse, la traverser, qu’en la vérifiant, en la faisant vérifier. Il demande
qu’on vérifie que Tobie est encore vivant.
Et s’il est mort, nous l’enterrerons, sans que
personne ne le sache. »
Et il
prévoit le pire : s’il est mort. Et en ce cas, il prévoit de masquer cette
mort, la taire, elle sera suffisamment douloureuse sans que s’y ajoute la peine
de la moquerie et du blâme du voisinage. Ragouël ne semble pas très courageux
pour affronter le voisinage. Mais est-ce pour lui qu’il prévoit cette dérobade ?
ou pour sa fille, qui a déjà tant enduré de moquerie ? le texte n’en
souffle mot.
Mais il
nous montre un père en désarroi face à une angoisse plus forte que lui. Un
homme blessé qui se débrouille, qui s’en tire avec ses pauvres moyens pour
prévoir un plan catastrophe.
Seigneur,
lorsque nous cheminons dans l’obscurité de nos doutes, lorsque nous portons le
poids de nos blessures et qu’elles nous submergent, et éteignent notre
espérance, tu es là.
Sois à
nos cotés, que nos chemins soient fidèles à ta vie, à ton appel.
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