Luc 23, 6-12
Viens Esprit de Jésus, viens
lire pour nous cette page d’Ecriture,
Viens Esprit de Jésus,
donne-nous de marcher avec lui, par-delà les oppositions.
Pilate ayant entendu demanda
si cet homme était galiléen.
On vient de lui dire que Jésus avait empli le pays de son enseignement,
à commencer par la Galilée. Et la Galilée était le lieu par excellence de
l’opposition au monde romain. Pilate était procurateur de Judée, d’Idumée et de
Samarie.
Et ayant reconnu qu’il
dépendait de l’autorité d’Hérode, il le renvoya à Hérode, celui-ci étant aussi
à Jérusalem en ces jours.
Hérode Antipas était tétrarque de Galilée. Pilate défère Jésus à
Hérode, comme si l’origine de la personne déterminait l’autorité qui peut le
juger. Mais c’est aussi simple manière pour Pilate de se dérober, de ne pas
juger. Hérode serait monté comme beaucoup de juifs, pour célébrer la Pâque à
Jérusalem. Jésus dépendait de son autorité… que mettait alors Hérode sous ce
mot autorité ? et Pilate ? à les voir traiter les personnes, on ne
voit guère un service de la nation…
Aussi, Hérode voyant Jésus
se réjouit beaucoup.
L’un se dérobe, l’autre se réjouit. Et Jésus dans tout cela ??? un
simple objet que l’on se passe ? Pourquoi cette joie d’Hérode ?
Depuis longtemps en effet,
il désirait le voir à cause de tout ce qu’il avait entendu à son sujet.
Luc nous avait déjà parlé du désir d’Hérode de voir Jésus (9, 9). La
rumeur était montée jusqu’à lui, sa curiosité en était piquée. Qu’est-ce qu’il
a entendu dire ? Cela provoque son désir de le voir : rien à redire à
cela. Mais dans quel but ? simplement pour alimenter sa curiosité ?
ou accepter de se laisser enseigner par ce rabbi hors du commun ? quand on
sait comment Jean a fini pour avoir critiqué ouvertement un comportement
d’Hérode… on peut avoir quelques doutes…
Et il espérait le voir opérer quelque signe.
On avait dû lui rapporter les guérisons accomplies par Jésus, le
partage des pains, la mer apaisée, la pêche surabondante… lui aussi voudrait
voir un de ces signes. Mais rien n’est dans le spectacle, tout est dans le sens
vers lequel pointe le signe. A quoi sert de voir un signe si le regard ne se
tourne pas vers le sens ?
Il l’interrogea avec des propos abondants.
J’aurais plutôt imaginé qu’il tente de l’écouter, et donc l’interroge
avec des propos brefs, rapides, incisifs, ciselés… le voici avec des propos
abondants, comme si malgré sa curiosité, il était à ce point calfeutré dans son
moi intérieur, qu’il ne pouvait écouter Celui qui vient d’ailleurs.
Lui, par contre, ne lui répondit rien.
A-t-il seulement l’espace pour placer un mot parmi les propos abondants
d’Hérode ? Que peut-il ajouter à l’enseignement qu’il a déjà largement
dispensé ? son être lui-même n’est-il pas parole ? son silence ne
parle-t-il pas plus qu’un flot de mots ? Jésus se tient là, humblement,
simplement, livré…
Les grands-prêtres et les scribes se tenaient
là et l’accusaient avec véhémence.
Face à ce silence de Jésus : le flot d’interrogations d’Hérode, la
houle des accusations des autorités religieuses. Tous semblent agités, hors d’eux-mêmes…
Jésus lui reste là, calme, silencieux… présent.
Hérode et ses gardes, après l’avoir tenu pour rien
et s’être moqué de lui, l’ayant enveloppé d’un manteau éclatant, le renvoya à
Pilate.
Après le flot de paroles, devant le silence de Jésus, la joie première
d’Hérode à l’idée de voir Jésus s’est transformée en haine, mépris. Il le tient
pour rien. Lui Hérode, le puissant regarde Jésus de haut, et entraîne ses
gardes dans ce regard, ce mépris. A la curiosité succède la moquerie, la
dérision.
Il le renvoie à Pilate. On a l’impression de revenir à la case départ.
Pilate n’a pas voulu trancher, il avait déféré Jésus à Hérode, voici que Hérode
lui renvoie, enveloppé d’un manteau éclatant… il invite Pilate à entrer dans le
jeu de la dérision, de la moquerie…
En ce jour, Hérode et Pilate devinrent amis
l’un de l’autre. Auparavant en effet, l’inimitié était entre eux.
Etrange amitié fondée sur une commune dérision, sur un mépris. Notre
humanité est mise à nu en cet épisode. Toutes les pulsions de mort, de
violence, d’abus de pouvoir, sont là en éveil, en action… en face, un homme,
démuni, silencieux… apparemment livré aux mains des hommes, son silence dit
toute sa liberté profonde.
Seigneur, aujourd’hui j’écoute ton silence. Qu’il me parle de toi. Qu’il
me dise ton nom, et m’entraîne en ta liberté souveraine.
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