(Isabelle Halleux)
Introduction
Entre
Noël et Nouvel An, mon fils Simon est venu nous présenter son nouvel ami. Vous
en avez peut être entendu parler : ChatGPT. Il s’agit d’un robot de
conversation, un programme informatique d’intelligence artificielle conçu pour répondre
à vos questions en allant chercher des informations dans les publications sur
internet. Il émeut beaucoup d’informaticiens par sa puissance. Dans le monde de
l’éducation, on s’interroge : Où va-t-on si on demande à un programme de
faire une dissertation à votre place ? Il faut l’interdire !
Haha !
Je me suis donc essayée à « lui » demander de me préparer l’homélie
du jour, en portant attention à un verset qui m’interpelle « Si quelqu’un blasphème contre
l’Esprit Saint, il n’aura jamais de pardon, il sera coupable pour toujours »
(Mc 3, 29).
Je
l’ai interrogé sur les liens possibles entre ce passage de l’évangile et
certains textes du Nouveau et de l’Ancien Testament, et aussi sur ce qui dit la
règle de Saint Benoît sur le blasphème contre l’Esprit ! Il m’a donné des
références utiles. Pour ce qui est de la règle de Saint Benoît, il a insisté
sur l’importance de l’obéissance à Dieu et à ses représentants– en particulier
donc à l’abbé, qui pourrait être mise en lien à l’idée de blasphème contre
l’Esprit, et sur l’importance de la parole de Dieu et de la révélation de l’Esprit
de Dieu, qui pourrait aussi être liée à l’idée de blasphème contre l’Esprit. Il
ajoute que je pourrais certainement trouver d’autres passages en relisant la
règle. Avouez que cela nous en bouche un coin !
Mais
mon ami, qui est très poli, donne ses limites : il est un outil numérique,
programmé pour certaines tâches, et ne se base que sur ce qui est disponible
sur internet. D’après nos conversations, je pense que, pour la question qui
m’intéresse, il se montre un peu « conservateur ». Je ne vous lirai donc pas son homélie, un peu
« tarte à la crème », mais vous livrerai humblement quelques éléments
de ma méditation personnelle : Comment la question du blasphème contre
l’Esprit donne-t-elle à réfléchir à notre propre foi, à notre relation à Dieu,
à la réconciliation dans les cas les plus graves ?
Connectons-nous
à Dieu par le chant des psaumes.
Méditation
Dans
l’évangile de Marc (Mc 3, 29), il est écrit : « Si quelqu’un blasphème contre l’Esprit Saint, il n’aura jamais de pardon. Il est coupable d’un péché pour toujours. ». Dans Matthieu (Mt 12,
32) : « Si quelqu’un parle
contre l’Esprit Saint, cela ne lui sera
pas pardonné ni en ce monde, ni dans le monde à venir ». Dans Luc
(Lc 12, 10) : « A celui qui blasphème contre l’Esprit Saint, il ne sera pas
pardonné ». Simple, clair, pas de « si », pas
d’insistance sur la culpabilité, ni sur le « partout » et « pour
toujours » !
Ce
verset est difficile, il a été et est toujours sujet à controverse. Ce n’est
pas d’abord une question de jugement du blasphème par les hommes, l’église ou la
loi - rappelons-nous les tensions récentes suite à des écrits, des dessins, des
déclarations jugées blasphématoires - : c’est une question à régler entre
celui qui blasphème et Dieu lui-même. En
face à face.
« Celui
qui blasphème ». Le
texte grec de Luc utilise une tournure plutôt rare[1] dans les synoptiques que
l’on peut traduire par « celui qui blasphème » mais aussi
« celui a blasphémé » ou « celui qui est blasphémant ».
Cela qualifie en quelque sorte un état dans lequel on est et dont on ne sort
pas, de rejet permanent de la grâce et de la miséricorde de Dieu. Si tu es dans
un état d’esprit tel que ton cœur s’endurcit, que tu rejettes ou que tu méprises
l’Esprit de Dieu en toi, que tu dis que « Dieu
n’est rien » (Ps 9b, 3-4), tu te sépares inexorablement de lui, tu
t’exclus toi-même du pardon et tu ne peux être pardonné. Ce verset est la plus
belle lapalissade des écritures !
« Un
péché pour toujours » qui « ne
sera pas pardonné ». Irrémissible
à un moment donné, soit, mais Je crois sincèrement que la rédemption est
toujours possible, et pour tout le monde ! Même pour les péchés réputés les
plus graves, comme celui contre l’esprit. Rémissible
quand l’état d’esprit a changé. Tu te « retournes », tu cherches
à suivre le Christ, à vivre en Dieu, sincèrement. Dieu t’accueille ! Il se réjouit même, car il t’attendait. Il te donne sa paix.
Pour
méditer un peu plus loin en silence : Quels sont nos dos tournés à
Dieu et à ses représentants dans nos communautés ? Quelles sont nos parties
de cœur endurcis ? Nos rejets de l’Amour ? Nos ruptures avec le
chemin montré par Jésus ? Comment établissons/rétablissons-nous la
relation à Dieu ? Comment s’exprime notre fidélité ?
Notre Père
Avec
Jésus, redisons les mots qu’il a utilisés pour parler à son Père…
Prière finale
Il
y a tellement de joie dans le monde, dans les familles, dans les communautés
quand les liens se tissent. Et il y a tant de souffrance quand les liens se
rompent. Les parents, les conjoints, les enfants, les amis pleurent,
impuissants. Il y a aussi beaucoup de souffrance chez ceux et celles qui
coupent les ponts avec toi, Seigneur. Sans doute pleures-tu aussi.
Donne-nous
ta patience et ta confiance. Nourris notre espérance. Aide-nous à être des
hommes et des femmes de relation avec toi et avec les autres, nos frères et
sœurs. Rends-nous avides de réconciliation. Rends-nous avides d’obéissance,
avides de ta parole et de la révélation de ton Esprit. Nous te le demandons,
par Jésus, ton fils, qui règne avec toi dans l’unité du Saint Esprit pour les
siècles des siècles.
[1] un
participe aoriste : le mot choisi pour « blasphème » peut être
utilisé comme verbe ou comme adjectif.
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