(sœur Marie-Raphaël)
Ouverture
En ce début du TO, nous ouvrons en parallèle
l’évangile de Marc et la lettre aux Hébreux. Nous avons loupé la première
marche à cause de la fête d’hier (baptême du Christ) : nous aurions
entendu le récit de la vocation des 4 premiers disciples et le prologue
solennel de la lettre aux Hébreux (que nous avons aussi entendu le jour de
Noël).
Le début de l’évangile de Marc est surprenant par
l’usage qu’il fait du petit adverbe « aussitôt » (9 fois en 30 versets).
Cela donne à ce premier chapitre l’impression qu’on démarre en trombe… comme
si, après un long temps de préparation, on entrait de façon abrupte dans le
temps de l’urgence. Désormais, pour Jésus, tout va aller très vite.
C’est l’occasion de nous demander aussi : quelles
sont nos urgences ? Le TO sera-t-il le temps de la vitesse ? Mais
urgence ne veut pas dire vitesse. Il est parfois urgent de ralentir. Urgence
veut dire : ce qui me requiert en priorité. Pour saint Benoît, c’est
clair : « ne rien préférer à l’amour du Christ ». Pour saint
Grégoire de Nysse que nous fêtons aujourd’hui, aussi, il y a une urgence dans
le fait de mettre le Christ partout à la première place. Grégoire de Nysse est
l’un des grands théologiens du 4ème siècle, témoin du Concile de
Constantinople, témoin d’une époque où la théologie faisait l’objet de grands
débats. Il serait trop long de l’évoquer ici. Retenons une chose : la
doctrine de l’épectase : l’homme est appelé à progresses sans cesse
vers Dieu, dans une tension qu’on appellerait mystique. Que ce temps ordinaire
soit pour nous un temps d’épectase… un temps de progrès : un temps
d’espérance. Nous pouvons toujours encore grandir en Dieu !
Résonances
Entre hier (baptême) et aujourd’hui, Jésus a passé 40
jours au désert : il a consolidé au fond de lui la parole reçue du
Père : « tu es mon fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie ».
Cette parole sera pour lui le rocher sur lequel il va fonder sa confiance, sa
mission, son autorité. Pendant les 40 jours au désert, il a été confronté aux
ruses de Satan et il les a déjouées. La première action, dans la synagogue de
Capharnaüm, sera de délivrer un homme tourmenté par un esprit impur. On lui
reconnaît non seulement une parole pleine d’autorité, mais aussi une action
pleine d’autorité : « il commande même aux esprits impurs et ils lui
obéissent ! » (v.27). À partir de là, tout va aller très vite pour
lui : « sa renommée se répandit aussitôt partout, dans toute la
région de Galilée ».
D’où lui vient cette autorité ? La lettre aux
Hébreux suggère : son autorité lui vient de son humanité, et aussi, déjà,
de sa passion et de sa mort.
De son humanité : « ce n’est pas à des anges
que Dieu a soumis le monde à venir… »
De sa passion et de sa mort : « Jésus, qui a
été abaissé un peu au-dessous des anges, nous le voyons couronné de gloire et
d’honneur à cause de sa Passion et de sa mort ».
Dans la suite, l’auteur de la lettre aux Hébreux
montrera que c’est bien parce qu’il est un homme, que Jésus a pu sauver
l’humanité. Et plus encore « à cause de sa passion et de sa
mort » : nous l’entendrons demain.
En ce début d’année, alors que nous voulons résolument
orienter notre vie sur le Christ, rendons grâce à Dieu pour son don
ineffable !
Prière
Seigneur, tu passes sur nos routes, tu nous appelles à
t’accompagner, tu nous fais entrer dans l’urgence du Royaume : il n’y a
pas de temps à perdre. Pardonne nos lenteurs, réveille en nous l’ardent désir
de ne rien préférer à ton amour, et de nous lancer dans ce temps ordinaire avec
l’ardeur des commencements. Avec Grégoire de Nysse, apprends-nous à nous
élancer vers toi, à aller de commencement en commencement vers des
commencements qui n’ont pas de fin !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire