mardi 17 janvier 2023

Liturgie de la Parole, 2e mardi TO

(Rosy)

Ouverture

Il y a quelques semaines, nous avons été invitées à méditer autour de la question : quel est le nom que je donne à Dieu ? Comment est-ce que je le désigne dans ma prière ?

A partir des textes d’aujourd’hui j’ai envie de l’appeler “Dieu qui se repose”.

Jamais les hommes n’ont inventé cela !

Et pourtant, Jésus n’a pas cessé d’enseigner – par l’exemple – quel est le juste rôle du repos, en l’occurrence du sabbat. Nous allons donc un peu creuser cela; en écoutant aussi l’auteur de la lettre aux Hébreux “ne devenez pas paresseux”.

Avant de contempler Jésus et ses amis aux milieu des champs, unissons nos voix par les psaumes.

 Commentaire

Nous rejoignons donc Jésus sur les chemins champêtres de Galilée. Il a fait beaucoup de guérisons le jour du sabbat, mais ici, ce sont les disciples qui déclenchent la polémique. Ils se sentent libres vis-à-vis de la Loi, vis-à-vis du permis/défendu,

A propos du blé, le Dt prévoit: "Si tu traverses les moissons de ton prochain, tu pourras arracher des épis avec la main, mais tu ne porteras pas la faucille sur la moisson de ton prochain"(Dt 23,26).

Mais à partir du moment où on qualifie de travail ce petit geste, il devient défendu le jour du sabbat.

On ne peut s’empêcher dès lors de s’interroger sur la raison d’être du sabbat. Ce qui ne peut que nous éclairer sur l’origine de notre dimanche qui, à partir de la prescription du sabbat, s’est bien sûr élargi, enrichi… en devenant le 1er jour de la semaine, jour de la résurrection.

Voyons cela en commençant par un peu d’étymologie : le nom du sabbat vient paraît-il d’une racine hébraïque signifiant « cesser, arrêter, chômer ». Comme le Dieu créateur nous en a montré l’exemple, il ne s’agit pas simplement de s’abstenir de travailler le 7e jour, mais bien de travailler 6 jours puis de s’arrêter pour se reposer de son labeur. Voici donc un premier élément.

Vient alors la question du « pour-quoi », et la réponse est riche et multiple.

Lisons dans le décalogue : (Ex 20,8) « Souviens-toi du jour du sabbat pour le sanctifier. Pendant six jours tu travailleras et tu feras tout ton ouvrage mais le septième jour est le jour du repos, sabbat en l’honneur du Seigneur ton Dieu. »

Deux éléments seront chaque fois présents : d’une part celui d’un travail achevé… Mais qu’est-ce qu’un travail achevé, par exemple dans un monastère où la cloche interrompt si souvent le travail ? C’est une bonne question… Peut-être Dieu lui-même nous inspire-t-il la réponse dans la Genèse quand il vit que « cela était bon ». Non pas fini, mais bon.

Ainsi réfléchir sur le repos implique de réfléchir sur le travail.

En tous cas, sur la notion de repos après le travail, se greffe l’idée de jour sanctifié en l’honneur du Seigneur !

L’institution du sabbat en jour de repos hebdomadaire consacré à Dieu est donc un commande-ment explicitement formulé dans le Décalogue. Et, selon la Genèse, Dieu lui-même en a donné l’exemple :

« Et Dieu acheva le septième jour ses œuvres qu’il avait faites et il se reposa le septième jour de toutes ses œuvres qu’il avait faites. Et Dieu bénit le septième jour et le sanctifia »

Dieu ne s’est pas reposé parce qu’il était fatigué ! Mais bien parce qu’il avait tout achevé, c’est-à-dire a tout mené à sa perfection. Et Dieu lui-même « sanctifia » ce jour, lui donna un caractère consacré, sanctifié, « mis à part ». C’est donc un jour saint, un jour à part.

Cette prescription a encore une autre dimension, plus que jamais d’actualité : il s'agit d'offrir le repos en particulier aux travailleurs mais aussi aux animaux et, à travers eux, à toute la création.

“ Le septième jour est un sabbat pour YHWH ton Dieu. Tu n'y feras aucun ouvrage, toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bœuf, ni ton âne ni aucune de tes bêtes, ni l'étranger qui est dans tes portes. Ainsi, comme toi-même, ton serviteur et ta servante pourront se reposer. (Dt 5,14);

En sacralisant le sabbat, et en le vouant à la prière, loin des contingences quotidiennes, les juifs manifestent l'alliance entre Dieu et son peuple.

Et notre Dimanche ?

En Europe, le dimanche est considéré comme un jour de repos depuis ce cher Constantin qui en a fait le « Jour du Soleil » en hommage au Soleil invaincu. Puis le “dimanche” devint, pour les chrétiens, le premier jour de la semaine commémorant la Résurrection du Christ.

La méthode était énergique :  ainsi, au IVe siècle, plusieurs lois interdisaient les spectacles théâtraux et les courses de chars pour favoriser l'écoute des sermons des prédicateurs chrétiens !

Par la suite, tout travail fut prohibé, sauf les travaux des champs.

De nos jours, la legislation en a fait un jour chômé auquel des autorisations sont accordées. Peut-être trop d’autorisations d’ailleurs et surtout sur de mauvais critères, parfois très commerciaux.

L’évangile de ce jour resitue les choses : le Fils de l'Homme se déclare libre devant le sabbat, institué par Dieu mais réglementé par les hommes. Libre, non pas pour l'abolir, mais pour l'équilibrer et l'intérioriser dans le sens voulu par Dieu.

         "Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau,

           et moi, je vous donnerai le repos" (Mt 11,28).

L’épitre aux Hébreux invite à plusieurs reprises à "entrer dans le repos de Dieu", non pas seulement le 1er jour de la semaine, mais pour partager son repos aujourd’hui et sans fin.

C'est le Christ qui rythme, par son Esprit, les travaux et les jours de notre vie dans la foi.

C'est lui qui nous dit, de temps à autre, comme aux premiers disciples: "Reposez-vous un moment, à l'écart", et qui nous donne toujours quelques grains à froisser lorsque la route est longue et l'étape lointaine.

 Notre Père

Tournons-nous vers notre Père qui connaît nos labeurs et nos peines et prions-le d’un seul coeur.

 Oraison

 Sois béni, Seigneur Dieu, pour l’institution du dimanche : apprends-nous à le vivre selon ton désir, comme ce repos que tu nous offres après le travail, comme ce temps d’intimité avec toi ,vécu dans la prière et la célébration, dans l’attention aussi à tous ceux qui nous entourent : qu’’ainsi tu sois loué par tous nos frères humains et par toute la création.

Nous t’en prions, toi qui vis avec le Père et l’Esprit, aujourd’hui et pour toujours.

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