(Sœur Marie-Christine)
Introduction
Nous
sommes rassemblés en ce milieu du jour pour nous nourrir de la Parole.
La
lettre aux Hébreux nous présente Jésus Grand-Prêtre. Cette image peut nous
mettre mal à l’aise et sembler un peu compliquée. Mais derrière les mots il y a
la réalité de Jésus « toujours vivant pour intercéder en notre
faveur ». Jésus qui se donne jusqu’au bout, qui s’offre lui-même, qui
établit une alliance irrévocable : « il a fait resplendir la vie par l’Évangile[1] ».
Cette
vie il l’offre à ceux qui viennent à lui. Ils sont nombreux dans le passage
d’aujourd’hui et ils viennent non seulement d’Israël, mais aussi des régions
environnantes. Jésus ne se dérobe pas et en même temps il domestique la foule,
si l’on peut dire. Ils venaient à lui parce qu’ils avaient entendu ce qu’il
faisait. Alors il commence par ne rien faire. Il les invite à l’écouter. Il
s’arrange pour n’être pas écrasé par eux (à tous les sens du terme) et pour que
chacun puisse le voir et l’entendre. Jésus prend de la distance pour que chacun
puisse l’entendre. L’eau portant le son, même ceux qui ne sont pas au 1er
rang pourront l’écouter.
Aujourd’hui encore il est présent au milieu de nous : que nos voix le chantent par les psaumes de ce jour, que nos cœurs se laissent transformer par sa Parole.
Méditation
« Il avait fait beaucoup de guérisons, si bien que
tous ceux qui souffraient de quelque mal se précipitaient sur lui pour le
toucher. »
Tous
ceux qui souffraient de quelque mal sont-ils guéris ? L’évangile ne le dit
pas. Mais ils ont écouté Jésus et sans doute quelque chose s’est passé en eux.
S’ils ne sont pas guéris, ils sont certainement rétablis. Nous voulons tous
être guéris, recommencer comme avant, mais ce n’est pas possible, l’épreuve
nous a changé. Claude Lichtert mis en relief ce verbe « rétablir »
lors de la session de cet été.
Être rétabli c’est être rendu de nouveau capable de
relation avec la situation telle qu’elle est aujourd’hui ; le mal, la
maladie ne sont pas forcément partis, mais ils ne sont plus un obstacle à la
relation.
Je
vous cite encore Claude Lichtert dans la 5ème conférence: (Il cite
lui-même des spécialistes)
«Cette action s’impose de plus en plus aujourd’hui, surtout
en santé mentale
Le fait de rétablir renverse la perspective en plaçant les
choix du patient au cœur de son propre parcours de soin et en promouvant
l’espoir qu’une vie satisfaite soit possible, malgré les troubles, malgré la
possible maladie qui dure. Une vie satisfaisante est possible malgré l’absence
de guérison. Et si l’espoir d’une vie renouvelée était rendu possible malgré la
perdurance de la maladie, malgré l’absence de guérison ?
Cela signifie que je sais que j’ai certaines limites, qu’il
y a des choses que je ne peux pas ou plus faire. Mais plutôt que de laisser ces
limites être une occasion de désespoir, une raison de laisser tomber j’ai
appris qu’en sachant ce que je ne peux pas faire, je m’ouvre aussi aux
possibilités liées à toutes les choses que je peux faire.
Plutôt qu’un retour à l’état d’origine ou à un
fonctionnement optimal, il est maintenant vu comme transformation personnelle. (Je)
vois maintenant ce rétablissement comme
une occasion de transformation personnelle. Parfois chaotique, mais orientée
vers la possibilité de vivre de façon satisfaisante, mon quotidien malgré tout.
Le rétablissement n’est pas un terme biblique. [2]»
mais
il exprime ce qui se passe. Je pense que « tous
ceux qui souffraient de quelque mal (et) se précipitaient sur lui pour le
toucher » sont repartis rétablis.
Une
vie nouvelle est possible pour eux. Les relations avec eux-mêmes, les autres et
Dieu sont transformées par la rencontre et l’écoute de Jésus.
C’est
encourageant pour nous aujourd’hui. Quoiqu’il en soit de notre situation, approchons-nous
de Jésus « toujours vivant pour
intercéder »[3] en notre faveur. Il peut
et il veut, si nous le voulons-nous aussi, nous rétablir, nous permettre de
vivre notre quotidien tel qu’il est. Prenant en compte ce que je ne peux pas
faire, « je m’ouvre aussi aux
possibilités liées à toutes les choses que je peux faire. » et
j’avance à mon rythme, sans me décourager, ni rêver à l’impossible. Heureuse de
ce qui est ma portée, heureuse des relations créées à travers les difficultés.
Seigneur
« Tu ne voulais ni offrande ni
sacrifice, tu as ouvert mes oreilles; tu ne demandais ni holocauste ni
victime, alors j’ai dit : « Voici, je viens. »[4]
Invitation
au Notre Père
Seigneur, aujourd’hui nous venons à toi
qui nous rétablis et fais resplendir la
vie par l’Évangile[5] et
nous te chantons…
« Tu seras l’allégresse et la joie de tous
ceux qui te cherchent » Seigneur. À tous ceux qui souffrent de quelque
mal fais la grâce de voir toutes les possibilités qui s’offrent à eux, d’en
être transformés.
Que la Parole
régénère les personnes qui s’approchent de toi. Que ton amour les rétablisse et
les aide à vivre une relation nouvelle avec eux-mêmes, avec les autres, avec
toi.
Toi qui es toujours
vivant pour intercéder en notre faveur et nous conduire au Père dans l’Esprit
dès maintenant et pour toujours.
[1] Cf. le verset de l’Alléluia
[2] Claude Lichtert Il passait
en faisant le bien (Ac 10, 38) Prendre soin, soigner, rétablir, guérir, sauver.
Session à Hurtebise juillet 2022 ; 5ème conférence citation de
Wyngaerden, François, et Muriel Allart. « Le rétablissement, nouveau
paradigme ? », La Revue
Nouvelle, vol. 6, no. 6, 2021, pp. 44-53.
Seulement
cet article lui-même cite un autre : Deegan P.E., « Recovery : The
lived experience of rehabilitation », Psychosocial rehabilitation journal, 1988.
[3] Hébreux 7,25 (1ère lecture)
[4] Psaume 39 accompagnant la 1ère
lecture
[5] Cf. le verset de l’Alléluia
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