jeudi 19 janvier 2023

Liturgie de la Parole, 2e jeudi TO

 (Sœur Marie-Christine)

Introduction

Nous sommes rassemblés en ce milieu du jour pour nous nourrir de la Parole.

La lettre aux Hébreux nous présente Jésus Grand-Prêtre. Cette image peut nous mettre mal à l’aise et sembler un peu compliquée. Mais derrière les mots il y a la réalité de Jésus « toujours vivant pour intercéder en notre faveur ». Jésus qui se donne jusqu’au bout, qui s’offre lui-même, qui établit une alliance irrévocable : « il a fait resplendir la vie par l’Évangile[1] ».

Cette vie il l’offre à ceux qui viennent à lui. Ils sont nombreux dans le passage d’aujourd’hui et ils viennent non seulement d’Israël, mais aussi des régions environnantes. Jésus ne se dérobe pas et en même temps il domestique la foule, si l’on peut dire. Ils venaient à lui parce qu’ils avaient entendu ce qu’il faisait. Alors il commence par ne rien faire. Il les invite à l’écouter. Il s’arrange pour n’être pas écrasé par eux (à tous les sens du terme) et pour que chacun puisse le voir et l’entendre. Jésus prend de la distance pour que chacun puisse l’entendre. L’eau portant le son, même ceux qui ne sont pas au 1er rang pourront l’écouter.

Aujourd’hui encore il est présent au milieu de nous : que nos voix le chantent par les psaumes de ce jour, que nos cœurs se laissent transformer par sa Parole.

Méditation

« Il avait fait beaucoup de guérisons, si bien que tous ceux qui souffraient de quelque mal se précipitaient sur lui pour le toucher. »

 

Tous ceux qui souffraient de quelque mal sont-ils guéris ? L’évangile ne le dit pas. Mais ils ont écouté Jésus et sans doute quelque chose s’est passé en eux. S’ils ne sont pas guéris, ils sont certainement rétablis. Nous voulons tous être guéris, recommencer comme avant, mais ce n’est pas possible, l’épreuve nous a changé. Claude Lichtert mis en relief ce verbe « rétablir » lors de la session de cet été.

Être rétabli c’est être rendu de nouveau capable de relation avec la situation telle qu’elle est aujourd’hui ; le mal, la maladie ne sont pas forcément partis, mais ils ne sont plus un obstacle à la relation.

Je vous cite encore Claude Lichtert dans la 5ème conférence: (Il cite lui-même des spécialistes)

«Cette action s’impose de plus en plus aujourd’hui, surtout en santé mentale

Le fait de rétablir renverse la perspective en plaçant les choix du patient au cœur de son propre parcours de soin et en promouvant l’espoir qu’une vie satisfaite soit possible, malgré les troubles, malgré la possible maladie qui dure. Une vie satisfaisante est possible malgré l’absence de guérison. Et si l’espoir d’une vie renouvelée était rendu possible malgré la perdurance de la maladie, malgré l’absence de guérison ?

 

Cela signifie que je sais que j’ai certaines limites, qu’il y a des choses que je ne peux pas ou plus faire. Mais plutôt que de laisser ces limites être une occasion de désespoir, une raison de laisser tomber j’ai appris qu’en sachant ce que je ne peux pas faire, je m’ouvre aussi aux possibilités liées à toutes les choses que je peux faire.

Plutôt qu’un retour à l’état d’origine ou à un fonctionnement optimal, il est maintenant vu comme transformation personnelle. (Je) vois maintenant ce rétablissement comme une occasion de transformation personnelle. Parfois chaotique, mais orientée vers la possibilité de vivre de façon satisfaisante, mon quotidien malgré tout.

Le rétablissement n’est pas un terme biblique. [2]»

mais il exprime ce qui se passe. Je pense que « tous ceux qui souffraient de quelque mal (et) se précipitaient sur lui pour le toucher » sont repartis rétablis.

Une vie nouvelle est possible pour eux. Les relations avec eux-mêmes, les autres et Dieu sont transformées par la rencontre et l’écoute de Jésus.

C’est encourageant pour nous aujourd’hui. Quoiqu’il en soit de notre situation, approchons-nous de Jésus « toujours vivant pour intercéder »[3] en notre faveur. Il peut et il veut, si nous le voulons-nous aussi, nous rétablir, nous permettre de vivre notre quotidien tel qu’il est. Prenant en compte ce que je ne peux pas faire, « je m’ouvre aussi aux possibilités liées à toutes les choses que je peux faire. » et j’avance à mon rythme, sans me décourager, ni rêver à l’impossible. Heureuse de ce qui est ma portée, heureuse des relations créées à travers les difficultés.

Seigneur « Tu ne voulais ni offrande ni sacrifice, tu as ouvert mes oreilles; tu ne demandais ni holocauste ni victime, alors j’ai dit : « Voici, je viens. »[4]


Invitation au Notre Père

Seigneur, aujourd’hui nous venons à toi qui nous rétablis et fais resplendir la vie par l’Évangile[5] et nous te chantons…

 Prière d’envoi

« Tu seras l’allégresse et la joie de tous ceux qui te cherchent » Seigneur. À tous ceux qui souffrent de quelque mal fais la grâce de voir toutes les possibilités qui s’offrent à eux, d’en être transformés.

Que la Parole régénère les personnes qui s’approchent de toi. Que ton amour les rétablisse et les aide à vivre une relation nouvelle avec eux-mêmes, avec les autres, avec toi.

Toi qui es toujours vivant pour intercéder en notre faveur et nous conduire au Père dans l’Esprit dès maintenant et pour toujours.



[1] Cf. le verset de l’Alléluia

[2] Claude Lichtert  Il passait en faisant le bien (Ac 10, 38) Prendre soin, soigner, rétablir, guérir, sauver. Session à Hurtebise juillet 2022 ; 5ème conférence citation de Wyngaerden, François, et Muriel Allart. « Le rétablissement, nouveau paradigme ? », La Revue Nouvelle, vol. 6, no. 6, 2021, pp. 44-53.

Seulement cet article lui-même cite un autre : Deegan P.E., « Recovery : The lived experience of rehabilitation », Psychosocial rehabilitation journal, 1988.

[3] Hébreux 7,25 (1ère lecture)

[4]  Psaume 39 accompagnant la 1ère lecture

[5] Cf. le verset de l’Alléluia

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