(Rosy)
Ouverture
Aujourd’hui nous fêtons Gertrude de Helfta.
Proche de nous en tant que moniale bénédictine, et plus distante
en tant que mystique médiévale.
Elle brûle d’amour pour son Dieu, mais comment traduire cela en
mots ?
Elle recourt donc aux images ; elle-même écrit :
« Les choses
spirituelles et invisibles ne peuvent être exprimées à l’entendement humain que
par des figures empruntées au monde sensible. Voilà pourquoi nul ne doit
mépriser ce qui lui est révélé par le symbole de réalités matérielles »
Bien des formulations, des descriptions nous sont devenues
étrangères car souvent du domaine du ressenti. C’est encore tout différent, par
exemple, de Maître Eckhart, lui-même mystique rhénan, contemporain de Gertrude,
mais qui conceptualise beaucoup plus. Ils sont donc très complémentaires dans
leur approche christologique.
Nous allons nous laisser porter par la grâce de Gertrude et son
amour dans le cœur de Jésus qui résonne si bien avec le « demeurer »
de l’évangile.
Chantons les psaumes et accueillons ce que la Parole nous révèle
aujourd’hui.
Commentaire
La vie mystique est un dialogue secret et silencieux entre un cœur
aimant et son Dieu.
Que pouvons-nous en recueillir sinon quelques bribes portées par
de pauvres mots…
Gertrude a connu la première de ses révélations à 25 ans :
une vision de Jésus qui la bouleverse et la convertit, même si elle vivait déjà
au monastère depuis ses 5 ans. Bloquée dans la routine, fut-ce celle des offices,
elle connaissait une sorte d’acédie dont cette première vision l’a sortie. C’est
une blessure d’amour dont elle ne guérira pas.
L’évangile du jour s’applique exactement à cette expérience de
Gertrude : « tout sarment qui porte du fruit, il –
le Père - le purifie en le taillant,
pour qu’il en porte davantage. » Oui, Gertrude fut comme
émondée, elle pris distance avec ses études profanes pour se donner réellement
tout à Dieu.
Désormais la liturgie, les sacrements sont autant de rencontres
ardentes.
Surtout l’Eucharistie : « Tu prépares la table pour moi » dit le psaume du
jour.
Les visions se poursuivent, qui lui révèlent l’amour
débordant de celui qu’elle appelle « mon très doux ami ».
Jésus lui dit : « Celle
qui consentira à m’aimer, je veux l’unir à moi, la chérir, l’aimer éperdument.
Je la serrerai dans les bras de ma tendresse, je la presserai sur le cœur de ma
divinité. Si tu veux être à moi, ma colombe chérie, il faut que tu m’aimes avec
tendresse, avec sagesse, avec force. »
Cláudio Pastro, lui, a supprimé la teneur doloriste pour joindre
en une danse, les deux cœurs en un seul. Ainsi, celui de Gertrude demeure dans
celui de Jésus, et celui de Jésus dans celui de Gertrude.
Demeurer ! Il nous reste sans doute à méditer longuement l’évangile
de ce jour sous l’éclairage de la vie de Gertrude : ici aussi, Jésus
parle, Jésus nous parle, et – comme avec Gertrue – il révèle toute la
profondeur de son amour pour nous, l’ « attachement » de son cœur ;
mais aussi comment cette intimité va porter fruit, comme le fut la vie de
Gertrude.
Demeurez en moi, comme moi en vous. De même que le sarment ne peut pas porter de fruit par lui-même s’il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi.
Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit.
Si quelqu’un ne demeure
pas en moi, il est, comme le sarment, jeté dehors, et il se dessèche.
Si vous demeurez en moi,
et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voulez,
et cela se réalisera pour vous.
Introduction au Notre
Père
Demandons donc au Seigneur la grâce de demeurer en son amour,
et, avec lui, adressons-nous à notre Père.
Prière de conclusion
Que le Christ habite en nos cœurs par la foi ; que nous puissions rester
enracinés dans l'amour, établis dans l'amour.
Nous connaîtrons alors ce qui dépasse toute connaissance : l’amour
du Christ et nous serons comblés jusqu’à entrer dans la plénitude de Dieu.
Voilà ce que nous dévoile Gertrude et tous les saints.
Permets-nous, Seigneur, de marcher sur cette route,
Nous te le demandons par le Père et l’Esprit Saint, avec qui tu vis et
règnes aujourd’hui et pour les siècles.
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