vendredi 5 novembre 2021

Liturgie de la Parole, 31e vendredi TO

 (Isabelle)

 Introduction :

Au moment des fêtes d’automne, l’évangile nous interpelle sur le Royaume de Dieu. Nous l’avons entendu les derniers jours ;  nous écouterons ce matin encore une parabole, que Jésus adresse cette fois, à ses disciples, et qui questionne : la parabole du gérant malhonnête, de l’intendant trompeur, du gestionnaire inique que le maître commence par licencier et qu’il finit par louer.

Mais prenons d’abord le temps d’entrer en communion, de nous rappeler que nous sommes porteurs de la grâce et de la miséricorde du Christ, pour tous et toutes. Entrons en prière par le chant des psaumes.

Méditation :

Il y a de quoi bondir en entendant cette parabole : un intendant malhonnête, une dénonciation, un licenciement immédiat, une magouille pour assurer ses vieux jours, avec des faux en écriture. Et voilà que le maître trouve ce malin digne d’admiration ! A n’y rien comprendre !

J’ai cherché ce que d’autres en disaient, mais le moins qu’on puisse dire, c’est que les huit premiers versets de Luc 16 n’ont pas fait couler beaucoup d’encre. Ils étaient déjà encombrants pour les Pères de l’Eglise à qui on demandait « Qui est l’intendant ?», « Qui est le maître ?». St Jérôme lui-même n’en a parlé qu’à la demande expresse d’amis. Et Cyrille d’Alexandrie, pour tempérer les ardeurs de certains qui se perdaient en conjecture, nous dit que « toutes les parties de la parabole ne se prêtent pas à une explication détaillée ». Je considère cela comme une invitation à relire …

Je suis étonnée par la formulation du texte : le style n’est pas polémique, il n’y a pas de violence, pas de blessure décrite, pas de prise de position, pas d’invitation à l’indignation. Est-ce une invitation au calme, à la réflexion, à la prise de recul ?

Un intendant, dans une période difficile, se demande ce qu’il va faire. Il se dit que pour continuer d’exister, vu ses capacités limitées, il doit aller vers les autres. Et plutôt que de développer une nouvelle filouterie  ou une nouvelle arnaque (en avait-il d’ailleurs fait ? - l’Evangile ne le dit pas),  il fait le pari que ceux qu’il rencontrera l’accueilleront, auront de la compassion pour lui.

« Il se dit en lui-même » ... En dedans de lui-même. Il ouvre son espace intérieur. Voilà une invitation qui retentit à chaque page de l’Evangile ! Et nous savons qu’on y fait des rencontres, au profond de nous-mêmes.

Il se dit en lui-même « Que vais-je faire ? ». Et il trouve : il va vers les autres. Il entre en relation avec eux, leur fait confiance pour l’avenir. Il commence par leur remettre une partie de leurs dettes – celles sur lesquelles il a prise. L’air de rien, il leur donne un avenir plus serein. Avec adresse et intelligence. Faire avec adresse et intelligence, c’est cela, la définition de l’habileté.

On est bien loin de l’attitude de l’homme riche évoqué dans Luc 12, 16-21. Rappelez-vous : Il se disait aussi « Que vais-je faire ? » parce qu’il avait trop de récoltes, et il décidait de construire des greniers plus grands pour jouir après de l’existence ... Et Dieu lui dit :  « Tu es fou ?! »

Changer de richesse ! Basculer de l’avoir qui isole à l’être qui rapproche. C’est ce renversement-là, bien sûr, cette habileté que loue le maître dans notre parabole !  C’est cette capacité humaine qui fait entrer en soi-même, au plus intime, pour changer de perspective, en s’en remettant aux autres et au tout Autre.  C’est changer de manière de vivre, rebondir sur ses erreurs et ses errances, pour transformer ses comportements égocentrés en comportements ouverts sur les autres.

N’est-ce pas là notre ultime vocation, l'engagement des engagements, l'habileté des habiletés ?  Tout le génie de l'Évangile n’est-il pas là ?

« Qu’allons-nous faire » ? Réfléchissons-y « en dedans de nous-mêmes ».

 Introduction au Notre Père :  

Jésus, pour nous accueillir dans ton Royaume, tu nous as appris à nous tourner ensemble, avec les autres, vers le Père. Répands sur nous ton Esprit, que nous puissions avec Toi, reprendre cette prière que Tu nous as enseignée.

Oraison de conclusion :

Seigneur, donne-nous d’être chaque jour des fils et des filles de ce monde, des fils et filles de lumière : au-dedans de nous, avec Toi, et dans ces liens, dans ces attachements qui nous relient les uns aux autres. Conduis-nous sur le chemin de la bienveillance, de l’humanité dans laquelle le bien existe, de multiples façons, même si ce n’est que partiellement. Donne-nous de nous réjouir de Toi et des autres pour mieux accueillir ton royaume et œuvrer à son avènement.

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