vendredi 4 juin 2021

Liturgie de la Parole, 9e vendredi TO

 (soeur Marie-Jean)

Introduction

Nous voici rassemblés en communauté, en Eglise.

« Le Seigneur ouvre les yeux des aveugles », chante le psalmiste.

Ce chant de louange s’adapte parfaitement au dénouement de l’aventure du livre de Tobie.

Rappelons que le livre repose sur deux énigmes, liées à une double prière adressée au Seigneur : d’une part, la cécité de Tobith le père et, d’autre part, la supplication de Sarra qui a vu mourir ses 7 maris avant leur première union.

La lecture de ce jour nous offre une happy end : après le mariage de Tobie et de Sarra, l’intervention de l’archange garde le jeune époux sain et sauf ; quant aux deux mariés, ils retournent à la maison paternelle, où Tobith reçoit la guérison de ses yeux et peut contempler son fils : « Je te revois, mon enfant, toi, la lumière de mes yeux ! »

A côté de ces réjouissances, l’Evangile nous plonge dans une atmosphère de controverses.

En ce jour, la liturgie, fondée sur la lecture continue, nous associe des textes difficilement conciliables…

Et pourtant, quels qu’ils soient, nous pouvons y découvrir une Parole de Dieu pour nous, aujourd’hui.

En entrant dans la Chapelle, maison de Dieu, faisons comme Tobie, qui « entra dans la maison, tout joyeux et bénissant Dieu à pleine voix ».

Bénissons-Le, au nom de tous les hommes et femmes de notre temps, et redisons-Lui notre confiance : « Heureux qui s’appuie sur le Dieu de Jacob, qui met son espoir dans le Seigneur son Dieu ! ».

 Méditation

La courte péricope que nous venons de recevoir est un peu hermétique à première vue.

D’abord, nous faut-il nous replacer dans le contexte de la joute rabbinique, qui se plaisait à confronter les textes des Ecritures Saintes, surtout s’ils semblent se contredire…

Jésus enseigne dans le Temple et propose à ses auditeurs deux versets.

D’abord, « Comment les scribes peuvent-ils dire que le Messie est le fils de David ? »

Ensuite, « David lui-même a dit, inspiré par l’Esprit Saint : Le Seigneur a dit à mon Seigneur : ‘Siège à ma droite…’ »

Donc, d’un côté : un Messie fils de David.

De l’autre, un Messie qui serait son Seigneur et donc, impossible qu’il soit son Fils.

 Les exégètes commentent en ce sens :

·       la filiation davidique du Messie est bien attestée, certes, concernant le Ps 109, par contre, il n’est pas acquis qu’il s’adresse au Messie, mais au roi : Dieu l’invite à siéger à sa droite et donc, à partager son pouvoir.

Confronter deux textes contradictoires est habituel dans la méthode rabbinique : il vise à prouver que ces deux textes doivent être simultanément tenus pour vrai[1].

En effet, la question de Jésus « David lui-même le nomme Seigneur. D’où vient alors qu’il est son fils ? » laisse entendre un conflit entre les deux versets.

Mais au fond, les deux textes sont-ils tellement en opposition ?

Si on pense que oui, alors il faut supposer que Jésus favorise la deuxième affirmation et supprime la première.

Ou mieux, Jésus souligne l’insuffisance de la première conception.

Certes, le Messie est fils de David, mais il est aussi supérieur à David, en tant que Seigneur.

Passage du « comment » (« Comment les scribes peuvent-ils dire… ? ») au « d’où » (« D’où vient alors qu’il est son fils ? »)

Transition entre une lecture humaine et une lecture inspirée par l’Esprit Saint.

 Et c’est à ce point que l’Evangile nous rejoint…

Comme il a questionné la foule qui l’entoure, Jésus nous interpelle :

« D’où est-il ce Messie ? »

Autrement dit, reconnais-tu son origine divine ?

Qui est-Il pour toi ?

En nous dépeignant les traits du visage du Messie (à la fois descendant de David et supérieur à lui), Jésus nous invite à une confession de foi.

Une vraie confession de foi, car l’expression « la foule nombreuse l’écoutait avec plaisir » ne signifie pas qu’elle se laisse interpeller par la parole de Jésus.

On a plutôt l’impression d’une satisfaction que Jésus ait « cloué le bec » des scribes.

 Qu’en est-il de nous ?

Cette Parole de Jésus nous rejoindra-t-elle pour nous engager à confesser notre foi dans le Messie ? Pour le découvrir en nos vies ?

Tel est le point où les trois textes du jour convergent : ils nous invitent à la reconnaissance et à la louange de Dieu.

Entrons dans cette louange, à la suite du psalmiste : « Je veux louer le Seigneur tant que je vis, chanter mes hymnes pour mon Dieu tant que je dure » !

 Temps de silence

Notre Père :

Avec Jésus, redisons la prière qu’Il nous a enseignée…

Oraison

Jour après jour, ta Parole nous questionne, nous interpelle, nous met en route. Comme tu le fis pour les foules, tu nous invites à nous prononcer, à reconnaître en toi le Messie qui dépasse toute classification, à te recevoir dans ta nouveauté qui s’offre aujourd’hui. Accorde-nous de t’accueillir et de t’inviter en nos vies, là où nous sommes. Nous te le demandons par Jésus-Christ, ton Fils Ressuscité, qui règne avec Toi et le Saint-Esprit, un seul Dieu pour les siècles des siècles.             



[1] Confronter deux textes a priori contradictoires relève d’un genre littéraire bien attesté, « l’aporie » : C. Focant, L’Evangile selon Marc, Paris, Cerf, 2004, p. 466-469.

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