samedi 19 juin 2021

Liturgie de la Parole 11e samedi TO

 (sœur Marie-Jean)

Introduction

Nous voici rassemblés en communauté, en Eglise.

En ce 19 juin, un saint dans la lignée de Benoît est à l’honneur.

Saint Romuald de Ravenne, mort en 1027, fondateur de l’ordre camaldule, branche érémitique de la voie bénédictine.

En son 11e siècle, période troublée, entre les compromissions de l’Eglise avec le pouvoir politique et une vie monastique relâchée, Romuald souhaite revenir à la liberté spirituelle du monachisme primitif.

Dans ses réformes et fondations, il allie solitude personnelle et célébrations liturgiques communes.

Le terme « Camaldule » tient à sa fondation à Camaldoli, dans la Toscane italienne.

On reconnaît les Camaldules à l’habit blanc et à leur barbe pleine…

L’intuition de Romuald s’enracine indubitablement dans l’appel de l’Evangile !

« Qui donc aime la vie et désire les jours où il verra le bonheur ? », demande le psalmiste.

Ce sera aussi l’invitation fondamentale de Benoît dans le Prologue de sa Règle

Ecoutons ce que le Seigneur veut nous dire aujourd’hui, quel chemin de vie et de bonheur Il nous trace et nous inspire.

Et appelons l’Esprit-Saint sur nous-mêmes et sur notre monde, qui en a tant besoin…

 

Méditation

Trois belles lectures nous sont proposées en ce jour pour répondre à la question « Qui donc aime la vie et désire les jours où il verra le bonheur ? ».

Le chapitre 12 de la deuxième lettre aux Corinthiens rapporte l’expérience spirituelle de Paul.

Il ne dit pas explicitement son nom, puisqu’il évoque « un fidèle du Christ… (qui) a été emporté au paradis et a entendu des paroles ineffables ».

Certes, on en déduit qu’il s’agit de lui-même lorsqu’il déclare plus loin :

« D’un tel homme, je peux me vanter… ce ne serait pas folie, car je ne dirais que la vérité »

Le « paradis » dont il fait mention fait écho aux conceptions juives : « qu’il y ait 3, 5 ou 7 cieux, le ciel le plus élevé (ou le « paradis ») est la demeure de Dieu »[1].

Face aux Corinthiens, Paul affirme son contact actuel avec la plénitude de Dieu.

Mais ces privilèges ne sont pas le chemin de vie proposé à Saint Paul et à nous-mêmes.

En effet, avec ces révélations jugées « tellement extraordinaires », Dieu lui a fait don d’une « écharde, dans sa chair, un envoyé de Satan qui est là pour le gifler, pour empêcher qu’il ne se surestime »

Paul se distancie ainsi de ces expériences extraordinaires qui l’arracheraient à la condition humaine.

En effet, après le « paradis », Paul évoque « le Seigneur », puis « le Christ ».

Il nous livre alors la clef reçue du Seigneur, celle de l’abandon au Christ :

« Ma grâce te suffit, car ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse »

Le chemin de vie que Paul propose est celui du décentrement :

« C’est donc très volontiers que je mettrai plutôt ma fierté dans mes faiblesses, afin que la puissance du Christ fasse en moi sa demeure… Lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort »

Laissons-nous rejoindre dans notre vie telle qu’elle est, dans nos expériences de fragilité ou de « situations angoissantes ».

Aujourd’hui, « sa grâce nous suffit » et se « reçoit toujours à nouveau »[2].

Accueillons la Bonne Nouvelle d’un Dieu présent, qui déploie sa puissance dans notre faiblesse...

Quant à l’Evangile, l’extrait du Sermon sur la montagne nous offre une autre clef de vie et de bonheur, tout aussi suggestive.

Il ne s’agit pas ici d’expériences spirituelles hors du commun, mais la parole de Jésus rejoint nos préoccupations tout humaines :

« Ne vous souciez pas, pour votre vie, de ce que vous mangerez, ni, pour votre corps, de quoi vous le vêtirez »

Jésus ne dénigre pas la nécessité de la nourriture et des vêtements, mais il les relativise.

Ce qui constitue l’essentiel tient en ces mots :

« Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice »

Et alors, qu’adviendra-t-il de la nourriture et des vêtements ?

« tout cela vous sera donné par surcroît »

Contemplation de l’acte créateur de Dieu manifesté dans les oiseaux et les lis des champs… qui nous conduit à la confiance.

Et, là aussi, invitation à un décentrement.

Comme l’écrit un commentateur :

« Le sens de cette confiance est de reconnaître la générosité démesurée de Dieu dans la beauté de la création et que cette reconnaissance libère chacun du souci de soi-même pour la recherche du Royaume et de la justice de Dieu »[3]

Aujourd’hui, nous sommes invités à un décentrement, par rapport à nous-mêmes et notre faiblesse, à nos soucis et préoccupations humaines.

Reconnaissons dans le Seigneur le Créateur de toutes choses qui, en cet instant, crée et continue à créer… Et offrons-Lui le cadeau de notre confiance :

Goûtez et voyez : le Seigneur est bon ! Heureux qui trouve en lui son refuge !

 Temps de silence

 Notre Père :

Avec Jésus, redisons la prière qu’Il nous a enseignée…

Oraison

Nous avons reçu ta Parole pour avancer aujourd’hui sur le chemin. Tu nous invites à un double décentrement : par rapport aux faiblesses « afin que la puissance du Christ fasse en nous sa demeure » et aux soucis tout humains qui nous préoccupent. Accorde-nous d’ouvrir notre cœur à la confiance, car « demain aura souci de lui-même ; à chaque jour suffit sa peine ». A l’intercession de Saint Romuald, nous te le demandons par Jésus-Christ, ton Fils Ressuscité, qui règne avec Toi et le Saint-Esprit, un seul Dieu pour les siècles des siècles.                                                                                           



[1] P. de Surgy – M. Carrez, Les Epîtres de Paul, I, Corinthiens, Paris, Bayard Editions, 1996, p. 208.

[2] P. de Surgy – M. Carrez, p. 210.

[3] M. Stiewe – Fr. Vouga, Le Sermon sur la Montagne, Genève, Labor et Fides, 2002, p. 170.

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