(sœur Marie-Jean)
Introduction
Nous
voici rassemblés en communauté, en Eglise.
En
ce 19 juin, un saint dans la lignée de Benoît est à l’honneur.
Saint
Romuald de Ravenne, mort en 1027, fondateur de l’ordre camaldule, branche
érémitique de la voie bénédictine.
En
son 11e siècle, période troublée, entre les compromissions de
l’Eglise avec le pouvoir politique et une vie monastique relâchée, Romuald
souhaite revenir à la liberté spirituelle du monachisme primitif.
Dans
ses réformes et fondations, il allie solitude personnelle et célébrations
liturgiques communes.
Le
terme « Camaldule » tient à sa fondation à Camaldoli, dans la Toscane
italienne.
On
reconnaît les Camaldules à l’habit blanc et à leur barbe pleine…
L’intuition
de Romuald s’enracine indubitablement dans l’appel de l’Evangile !
« Qui donc aime la vie et désire les jours
où il verra le bonheur ? », demande le psalmiste.
Ce
sera aussi l’invitation fondamentale de Benoît dans le Prologue de sa Règle…
Ecoutons
ce que le Seigneur veut nous dire aujourd’hui, quel chemin de vie et de bonheur
Il nous trace et nous inspire.
Et
appelons l’Esprit-Saint sur nous-mêmes et sur notre monde, qui en a tant
besoin…
Méditation
Trois
belles lectures nous sont proposées en ce jour pour répondre à la question
« Qui donc aime la vie et désire les jours où il verra le bonheur ? ».
Le
chapitre 12 de la deuxième lettre aux Corinthiens rapporte l’expérience
spirituelle de Paul.
Il
ne dit pas explicitement son nom, puisqu’il évoque « un fidèle du Christ…
(qui) a été emporté au paradis et a entendu des paroles ineffables ».
Certes,
on en déduit qu’il s’agit de lui-même lorsqu’il déclare plus loin :
« D’un
tel homme, je peux me vanter… ce ne serait pas folie, car je ne dirais que la
vérité »
Le
« paradis » dont il fait mention fait écho aux conceptions
juives : « qu’il y ait 3, 5 ou 7 cieux, le ciel le plus élevé (ou le
« paradis ») est la demeure de Dieu »[1].
Face
aux Corinthiens, Paul affirme son contact actuel avec la plénitude de Dieu.
Mais
ces privilèges ne sont pas le chemin de vie proposé à Saint Paul et à
nous-mêmes.
En
effet, avec ces révélations jugées « tellement extraordinaires »,
Dieu lui a fait don d’une « écharde, dans sa chair, un envoyé de
Satan qui est là pour le gifler, pour empêcher qu’il ne se
surestime »
Paul
se distancie ainsi de ces expériences extraordinaires qui l’arracheraient à la
condition humaine.
En
effet, après le « paradis », Paul évoque « le Seigneur »,
puis « le Christ ».
Il
nous livre alors la clef reçue du Seigneur, celle de l’abandon au Christ :
«
Ma grâce te suffit, car ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse »
Le
chemin de vie que Paul propose est celui du décentrement :
« C’est
donc très volontiers que je mettrai plutôt ma fierté dans mes faiblesses, afin
que la puissance du Christ fasse en moi sa demeure… Lorsque je suis faible, c’est
alors que je suis fort »
Laissons-nous
rejoindre dans notre vie telle qu’elle est, dans nos expériences de fragilité
ou de « situations angoissantes ».
Aujourd’hui,
« sa grâce nous suffit » et se « reçoit
toujours à nouveau »[2].
Accueillons
la Bonne Nouvelle d’un Dieu présent, qui déploie sa puissance dans notre faiblesse...
Quant
à l’Evangile, l’extrait du Sermon sur la montagne nous offre une autre
clef de vie et de bonheur, tout aussi suggestive.
Il
ne s’agit pas ici d’expériences spirituelles hors du commun, mais la parole de
Jésus rejoint nos préoccupations tout humaines :
« Ne
vous souciez pas, pour votre vie, de ce que vous mangerez, ni, pour votre
corps, de quoi vous le vêtirez »
Jésus
ne dénigre pas la nécessité de la nourriture et des vêtements, mais il les
relativise.
Ce
qui constitue l’essentiel tient en ces mots :
« Cherchez
d’abord le royaume de Dieu et sa justice »
Et
alors, qu’adviendra-t-il de la nourriture et des vêtements ?
« tout
cela vous sera donné par surcroît »
Contemplation
de l’acte créateur de Dieu manifesté dans les oiseaux et les lis des champs…
qui nous conduit à la confiance.
Et,
là aussi, invitation à un décentrement.
Comme
l’écrit un commentateur :
« Le
sens de cette confiance est de reconnaître la générosité démesurée de Dieu dans
la beauté de la création et que cette reconnaissance libère chacun du souci de
soi-même pour la recherche du Royaume et de la justice de Dieu »[3]
Aujourd’hui,
nous sommes invités à un décentrement, par rapport à nous-mêmes et notre
faiblesse, à nos soucis et préoccupations humaines.
Reconnaissons
dans le Seigneur le Créateur de toutes choses qui, en cet instant, crée et
continue à créer… Et offrons-Lui le cadeau de notre confiance :
Goûtez
et voyez : le Seigneur est bon ! Heureux qui trouve en lui son refuge !
Avec Jésus, redisons la prière qu’Il nous a enseignée…
Oraison
Nous
avons reçu ta Parole pour avancer aujourd’hui sur le chemin. Tu nous invites à
un double décentrement : par rapport aux faiblesses « afin que la
puissance du Christ fasse en nous sa demeure » et aux soucis tout
humains qui nous préoccupent. Accorde-nous d’ouvrir notre cœur à la confiance,
car « demain aura souci de lui-même ; à chaque jour suffit sa peine ».
A l’intercession de Saint Romuald, nous te le demandons par Jésus-Christ, ton
Fils Ressuscité, qui règne avec Toi et le Saint-Esprit, un seul Dieu pour les
siècles des siècles.
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