(Rosy)
Introduction
:
Un
vrai roman policier qui commence par un cadavre ? Auquel s’ajouteront 7 autres
!
Pourtant
le meurtrier est connu, enfin son appartenance, et là n’est pas l’objet du
récit.
En
fait, ce livre est inclassable : il donne beaucoup de détails concrets mais qui
sont en fait pseudo-historiques et pseudo-géographiques. Il irait plutôt du
côté de la psychologie et de l’éthique, du spirituel bien sûr… Du sérieux donc.
Et pourtant, que de surprises il nous réserve, que de rebondissements, que
d’humour et de sourires. Il suffirait de relever le rôle des animaux dans ce
fameux bestiaire de Tobie pour en démontrer l’originalité ! Ceux qui apportent
les catastrophes comme les oiseaux clandestins : pas très observateur, notre
Tobit ! Ce n’est pas à Htb qu’un nid d’hirondelles – ou de moineaux –
échapperait au recensement !
L’innocent
chevreau déclenche aussi une fameuse dispute !
D’autres
animaux apportent les solutions comme les poissons, mais aussi bélier,
chameaux… et le chien bien sûr… !
Dans
ce débordement de personnages, je m’en tiendrai à celui qui a le dernier mot
aujourd’hui : Azarias ! L’archange est le messager de Dieu. Parfois, dans le
premier testament, il est même considéré comme la manifestation de Dieu
lui-même. Nous attacher à Raphaël nous fera donc regarder vers Dieu en
personne.
Car
tout le Livre nous invite à la louange, alors, chantons les psaumes !
Là,
nous avons un bel exemple – parmi tant d’autres – de la saveur du Livre de
Tobie.
Car
notre archange est un rien vantard :
« J’ai
été souvent là-bas (en Médie) et je connais
tous les chemins par cœur. Durant mes nombreux séjours, je passais la nuit chez
Gabaël, notre frère, qui habite à Raguès de Médie. Il faut deux bonnes journées
de marche pour aller d’Ecbatane à Raguès, car Raguès se trouve dans la
montagne, et Ecbatane au milieu de la plaine. » (la TOB les remet toutes deux
dans la montagne comme il se doit).
Donc,
les anges que nous rencontrons au départ de nos routes sont de bons guides, de
bons connaisseurs, nous sommes en de bonnes mains.
Parfois,
ils sont aussi un peu impatients… « Ne
sois pas long » ; petite remarque surprenante elle aussi et qui me fait penser
qu’il faut agir avec une bonne hâte, « aussitôt », sans trainer, sans se
laisser distraire : il y a urgence pour le Royaume.
Ainsi
donc les voilà partis, Tobie ignore l’identité de son compagnon, mais on dirait
que son père, lui, a une intuition : « un bon ange l'accompagne ».
Je
suis convaincue que nous sommes entourés d’anges, visibles ou invisibles,
reconnaissables ou pas, et finalement cela n’a pas tellement d’importance.
Comme
Tobie, il nous faut seulement nous laisser guider. Car il y a une condition, un
thème qui court tout au long du livre : la confiance ! Nous avons déjà tous
imaginé cette scène où il est dit : « l’enfant partit avec l’ange ».
Voici
Tobie désigné par ce mot « enfant », autrement dit celui qui met toute sa
confiance en celui qui le guide. Sans compter le chien qui montre aussi
l’exemple !
Il
faut savoir que ce bon guide nous mènera souvent sur des chemins que nous ne
comprenons pas (pourquoi ce foie, ce cœur, ce fiel ? interroge Tobie.)
De
quoi solliciter encore notre confiance.
Il y a
un autre épisode que je trouve particulièrement intéressant. C’est le rapport
de l’ange à l’argent. Vous le voyez, marchant sur la route avec ses deux chameaux
pour aller chercher chez Gabaël les lingots de Tobit ? Anna avait rouspété,
pleuré au départ de son fils, presque de nouveau insulté son mari : « Pourquoi
vouloir de l’argent, et encore de l’argent ? »
Et voilà que l’ange laisse les amoureux
jouirent de leur bonheur et se charge lui-même de la récupération de l’argent.
Etonnant et instructif : ce n’est pas seulement dans les choses qui nous
semblent les plus grandioses que Dieu nous envoie des anges mais aussi dans les
tâches les plus quotidiennes, celles qui pourraient paraître les plus viles…
comme une course à la banque !
C’est
d’ailleurs avec cette argent que Tobit et son fils voudraient aujourd’hui
récompenser l’incroyable compagnon.
Celui-ci
va alors prendre la parole, rappeler une fois encore la nécessité autant de la
prière que des œuvres, appel qui court tout au long du livre. Il révèle qu’il
était non seulement auprès de Tobie et de Sarra mais aussi auprès de Tobit dans
toutes ses bonnes œuvres. Il revient d’ailleurs sur l’argent : « Mieux vaut
faire l’aumône qu’amasser de l’or ». Comme dans les autres recommandations de
Raphaël, rien ici n’est éthéré, rien n’est angélique, c’est le concret de la
vie, avec ses malheurs et ses joies, qui est relu à la lumière de ce qui plaît
à Dieu.
S’y
rajoute un ordre original, aussi inattendu que magnifique : « Mettez par écrit
tout ce qui vous est arrivé ». Ce n’est pas la première fois que l’on parle
d’écrit dans le livre : il y est mentionné que Raphaël « lisait » à Dieu les
prières de Tobit et de Sarra, que l’acte de mariage a été consigné à Ecbatane,
sur un feuillet ou dans un livre…
Mais
ici, dans ces ultimes mots, c’est de témoignage qu’il s’agit, c’est de la
reconnaissance des œuvres du Seigneur et de la Louange et de la célébration qui
s’ensuivent.
Nous
qui accordons tant d’importance à l’Ecriture, nous voilà conviés à y joindre
notre propre écriture, à écrire le « Livre de » chacun et chacune.
Quelle
attention de Dieu que de nous donner ainsi des anges comme compagnons, et même
si nous ne les voyons pas, ou si nous ne les reconnaissons pas, ils sont là
pour nous accompagner.
A
moins que – parfois – nous ne soyons nous-mêmes investis d’une telle mission… ?
Oui, il faut révéler les œuvres de Dieu et les célébrer
comme elles le méritent.
Je
vais rappeler tes œuvres, Seigneur.
Ce que
j’ai vu, je vais le raconter :
c’est
par ta parole, Seigneur, que tu as réalisé tes œuvres.
Nous
t’en rendons grâce, toi qui es vivant, avec le Père et l’Esprit Saint, pour les
siècles des siècles.
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