samedi 5 juin 2021

Liturgie de la Parole, 9e samedi TO

 (Rosy)

Introduction :

 Voici que se termine une semaine où nous avons eu le plaisir de lire un beau roman, LE roman de la Bible, intitulé les paroles de Tobit, bien que ce soit tout autant l’histoire de son fils.

Un vrai roman policier qui commence par un cadavre ? Auquel s’ajouteront 7 autres !

Pourtant le meurtrier est connu, enfin son appartenance, et là n’est pas l’objet du récit.

En fait, ce livre est inclassable : il donne beaucoup de détails concrets mais qui sont en fait pseudo-historiques et pseudo-géographiques. Il irait plutôt du côté de la psychologie et de l’éthique, du spirituel bien sûr… Du sérieux donc. Et pourtant, que de surprises il nous réserve, que de rebondissements, que d’humour et de sourires. Il suffirait de relever le rôle des animaux dans ce fameux bestiaire de Tobie pour en démontrer l’originalité ! Ceux qui apportent les catastrophes comme les oiseaux clandestins : pas très observateur, notre Tobit ! Ce n’est pas à Htb qu’un nid d’hirondelles – ou de moineaux – échapperait au recensement !

L’innocent chevreau déclenche aussi une fameuse dispute !

D’autres animaux apportent les solutions comme les poissons, mais aussi bélier, chameaux… et le chien bien sûr… !

Dans ce débordement de personnages, je m’en tiendrai à celui qui a le dernier mot aujourd’hui : Azarias ! L’archange est le messager de Dieu. Parfois, dans le premier testament, il est même considéré comme la manifestation de Dieu lui-même. Nous attacher à Raphaël nous fera donc regarder vers Dieu en personne.

Car tout le Livre nous invite à la louange, alors, chantons les psaumes !

 Méditation :

 Raphaël entre en scène – si je puis dire – lorsqu’il présente à Dieu les deux longues et belles prières parallèles de Tobit et de Sarra. Il les présente ensemble, il fait ainsi d’une pierre deux coups… mais le voilà dès lors chargé de les exaucer aussi toutes deux. Si l’auteur avait préservé le suspens, nous nous demanderions bien quel est le lien entre les deux personnes concernées et leur histoire. Retenons en tous cas que nous sommes soutenus et encouragés dans notre prière par des anges intercesseurs. Je pense qu’il y en a beaucoup par ici…

 Nous retrouvons Raphaël – enfin Azarias - debout devant la maison de Tobie. Celui-ci va sortir, par pure obéissance, car il ne connaît ni Gabaël ni la Médie. Mais il y va, il ouvre la porte. Il passe le seuil. Et il voit Raphaël prêt au départ.

Là, nous avons un bel exemple – parmi tant d’autres – de la saveur du Livre de Tobie.

Car notre archange est un rien vantard :

« J’ai été souvent là-bas (en Médie)  et je connais tous les chemins par cœur. Durant mes nombreux séjours, je passais la nuit chez Gabaël, notre frère, qui habite à Raguès de Médie. Il faut deux bonnes journées de marche pour aller d’Ecbatane à Raguès, car Raguès se trouve dans la montagne, et Ecbatane au milieu de la plaine. » (la TOB les remet toutes deux dans la montagne comme il se doit).

Donc, les anges que nous rencontrons au départ de nos routes sont de bons guides, de bons connaisseurs, nous sommes en de bonnes mains.

Parfois, ils sont aussi un peu impatients…  « Ne sois pas long » ; petite remarque surprenante elle aussi et qui me fait penser qu’il faut agir avec une bonne hâte, « aussitôt », sans trainer, sans se laisser distraire : il y a urgence pour le Royaume.

Ainsi donc les voilà partis, Tobie ignore l’identité de son compagnon, mais on dirait que son père, lui, a une intuition : « un bon ange l'accompagne ».

Je suis convaincue que nous sommes entourés d’anges, visibles ou invisibles, reconnaissables ou pas, et finalement cela n’a pas tellement d’importance.

Comme Tobie, il nous faut seulement nous laisser guider. Car il y a une condition, un thème qui court tout au long du livre : la confiance ! Nous avons déjà tous imaginé cette scène où il est dit : « l’enfant partit avec l’ange ».

Voici Tobie désigné par ce mot « enfant », autrement dit celui qui met toute sa confiance en celui qui le guide. Sans compter le chien qui montre aussi l’exemple !

Il faut savoir que ce bon guide nous mènera souvent sur des chemins que nous ne comprenons pas (pourquoi ce foie, ce cœur, ce fiel ? interroge Tobie.)

De quoi solliciter encore notre confiance.

Il y a un autre épisode que je trouve particulièrement intéressant. C’est le rapport de l’ange à l’argent. Vous le voyez, marchant sur la route avec ses deux chameaux pour aller chercher chez Gabaël les lingots de Tobit ? Anna avait rouspété, pleuré au départ de son fils, presque de nouveau insulté son mari : « Pourquoi vouloir de l’argent, et encore de l’argent ? »

 Et voilà que l’ange laisse les amoureux jouirent de leur bonheur et se charge lui-même de la récupération de l’argent. Etonnant et instructif : ce n’est pas seulement dans les choses qui nous semblent les plus grandioses que Dieu nous envoie des anges mais aussi dans les tâches les plus quotidiennes, celles qui pourraient paraître les plus viles… comme une course à la banque !

C’est d’ailleurs avec cette argent que Tobit et son fils voudraient aujourd’hui récompenser l’incroyable compagnon.

Celui-ci va alors prendre la parole, rappeler une fois encore la nécessité autant de la prière que des œuvres, appel qui court tout au long du livre. Il révèle qu’il était non seulement auprès de Tobie et de Sarra mais aussi auprès de Tobit dans toutes ses bonnes œuvres. Il revient d’ailleurs sur l’argent : « Mieux vaut faire l’aumône qu’amasser de l’or ». Comme dans les autres recommandations de Raphaël, rien ici n’est éthéré, rien n’est angélique, c’est le concret de la vie, avec ses malheurs et ses joies, qui est relu à la lumière de ce qui plaît à Dieu.

S’y rajoute un ordre original, aussi inattendu que magnifique : « Mettez par écrit tout ce qui vous est arrivé ». Ce n’est pas la première fois que l’on parle d’écrit dans le livre : il y est mentionné que Raphaël « lisait » à Dieu les prières de Tobit et de Sarra, que l’acte de mariage a été consigné à Ecbatane, sur un feuillet ou dans un livre…

Mais ici, dans ces ultimes mots, c’est de témoignage qu’il s’agit, c’est de la reconnaissance des œuvres du Seigneur et de la Louange et de la célébration qui s’ensuivent.

Nous qui accordons tant d’importance à l’Ecriture, nous voilà conviés à y joindre notre propre écriture, à écrire le « Livre de » chacun et chacune.

Quelle attention de Dieu que de nous donner ainsi des anges comme compagnons, et même si nous ne les voyons pas, ou si nous ne les reconnaissons pas, ils sont là pour nous accompagner.

A moins que – parfois – nous ne soyons nous-mêmes investis d’une telle mission… ?

Oui,  il faut révéler les œuvres de Dieu et les célébrer comme elles le méritent.

 Introduction au Notre Père

 Sur le conseil de l’archange Raphaël, tournons-nous vers Dieu pour le prier en vérité.

 Prière:

 Prions notre Dieu avec les mots de Ben Sira,..

Je vais rappeler tes œuvres, Seigneur.

Ce que j’ai vu, je vais le raconter :

c’est par ta parole, Seigneur, que tu as réalisé tes œuvres.

Nous t’en rendons grâce, toi qui es vivant, avec le Père et l’Esprit Saint, pour les siècles des siècles.

 

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