(sœur Marie-Jean)
Introduction
Nous
voici rassemblés en communauté, en Eglise.
« Il
s’est toujours souvenu de son alliance, parole édictée pour mille générations »
Telle
est la foi du psalmiste, qui chante la fidélité de Dieu.
La
liturgie nous rapporte aujourd’hui l’interpellation que Dieu lance à Abram selon
le livre de la Genèse :
« Ne
crains pas, Abram !... Ta récompense sera très grande »
Interpellation
de Dieu, qui mène à un dialogue :
«
Mon Seigneur Dieu, que pourrais-tu donc me donner ? Je m’en vais sans enfant… »
Puis
ce dialogue conduit à une promesse, à l’Alliance :
« À
ta descendance je donne le pays que voici… »
Et,
malgré les apparences, cette Alliance apparaît aussi en filigrane dans
l’Evangile.
En
effet, il y est question des « faux prophètes… déguisés en brebis, alors
qu’au-dedans ce sont des loups voraces »
Les
prophètes bibliques sont effectivement des porteurs de la Parole de Dieu, des
relais de son Alliance…
En
ce mercredi, rejoignons notre monde dans ses peines et ses joies, avec les mots
du psalmiste qui nous convient à la louange :
« Rendez
grâce au Seigneur, proclamez son nom, annoncez parmi les peuples ses hauts
faits ; chantez et jouez pour lui, redites sans fin ses merveilles ! »
Méditation
Le
dialogue entre Dieu et Abram peut nous instruire, nous inviter, nous aussi, à
entrer en dialogue avec notre Dieu.
« Tu
ne m’as pas donné de descendance, dit Abram à Dieu, et c’est un de mes
serviteurs qui sera mon héritier »
Confidence,
aveu teinté d’un léger reproche envers ce Dieu de la Vie qui prive Abram de la
richesse biblique par excellence, la descendance biologique.
L’invitation
qu’il lui lance « Regarde le ciel, et compte les étoiles, si tu le peux… »,
est une invitation à dépasser les vues humaines, à élever son regard, à se
tourner vers Dieu pour recevoir de Lui l’inattendu, l’inespéré…
C’est
bien ce que Dieu lui suggère :
« Telle
sera ta descendance ! »
Abram
n’exprime ni doute, ni scepticisme… ni conviction d’ailleurs.
Mais
le narrateur se fait le porte-parole de son sentiment intérieur :
« Abram
eut foi dans le Seigneur et le Seigneur estima qu’il était juste »
Après
la descendance, il est question de la deuxième richesse de ces peuples du
Moyen-Orient, la terre :
« Seigneur
mon Dieu, comment vais-je savoir que je l’ai en héritage ? »
De
nouveau, Abram exprime une difficulté à vues humaines.
Dieu
n’argumente pas. Il s’engage :
« …
un brasier fumant et une torche enflammée passèrent entre les morceaux d’animaux »
Si
ce genre de rite était répandu à l’époque dans les traités de vassalité, il est
par contre significatif que seul le Seigneur conclut l’alliance, et non les
deux partenaires.
En
effet, tandis que la torche enflammée, image de Dieu, passait, Abram dormait
d’un sommeil mystérieux… c’est-à-dire divin.
En
somme, c’est une alliance inconditionnelle que Dieu conclut avec Abram.
Et
qu’en est-il de l’Evangile ?
«
Méfiez-vous des faux prophètes, nous enjoint Jésus, (eux) qui viennent à vous
déguisés en brebis, alors qu’au-dedans ce sont des loups voraces »
Qu’est-ce
qui qualifie ces prophètes ?
« brebis »
à l’extérieur ; « loups voraces », à l’intérieur.
Il
y a une duplicité, une scission entre l’apparence et l’être profond.
Cela
rappelle les dénonciations de Jésus et son appel à une attitude unifiée :
« Que
votre parole soit ‘oui’, si c’est ‘oui’, ‘non’, si c’est ‘non’ » (Mt 5, 37)
Cela
fait écho à la Règle de Benoît qui prescrit :
« Dire
la vérité de cœur comme de bouche » (RB 4, 28)
Ces
prophètes sont faux, car la vérité n’est pas en eux.
D’Abram,
le narrateur écrit :
« Abram
eut foi dans le Seigneur et le Seigneur estima qu’il était juste »
Un
homme juste, un homme ajusté, unifié, en accord avec la volonté de Dieu.
Par
cette association de l’alliance conclue avec Abram et de l’invective contre les
faux prophètes, la liturgie nous invite, et Dieu à travers elle, à revisiter
nos vies, à examiner où nous nous trouvons sur ce chemin de la justice, de la
justesse, de l’unicité.
Mais
ayons confiance !
Dieu
est fidèle et désire renouveler l’Alliance avec chacun(e) de nous, là où nous
sommes sur le chemin, aujourd’hui.
Le
psalmiste s’en porte garant :
« Il
s’est toujours souvenu de son alliance, parole édictée pour mille
générations »
Temps
de silence
Notre
Père :
Avec
Jésus, redisons la prière qu’Il nous a enseignée…
Oraison
Seigneur
notre Dieu, tu nous as rappelé l’Alliance conclue avec Abram, père des
croyants. Aujourd’hui, tu nous questionnes, nous interpelles, nous invites, à
accorder notre vie à cette Alliance. Inspire-nous de choisir la justice, la
justesse, l’unicité, afin que nous portions les bons fruits que tu espères. Nous
te le demandons par Jésus-Christ, ton Fils Ressuscité, qui règne avec Toi et le
Saint-Esprit, un seul Dieu pour les siècles des siècles.
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