vendredi 6 novembre 2020

Célébration du 31e vendredi du TO

 Introduction : Bonjour à tous et à toutes, bonjour à vous qui nous rejoignez par zoom, pour célébrer le Seigneur et nous nourrir de sa Parole.

Nous sommes citoyens de la terre, unis à nos frères et sœurs du monde entier, qui comme nous sont affrontés à la pandémie et à ses conséquences, surtout pour les plus pauvres et les plus fragiles. Mais aussi « nous avons notre citoyenneté dans les cieux ; d’où nous attendons comme sauveur le Seigneur Jésus Christ » comme le dira saint Paul dans la 1ère lecture.

Forts de cette foi et de cette espérance chantons le Christ, notre vie par les Psaumes, prières qu’il a lui-même faites siennes.

 Commentaire : Les deux lectures d’aujourd’hui sont bien embarrassantes : Paul demande que nous l’imitions ! Il y va un peu fort. Et cette parabole de l’intendant malhonnête que personnellement je supprimerais volontiers de l’Évangile !

Mais justement c’est une parabole et elle s’adresse aux disciples, à ceux qui sont gérants des dons reçus du Seigneur.

 Chaque fois que j’entends cette parabole je me rappelle les explications données par Frère François de Wavreumont quand il nous a prêché la retraite (en 2009 à Oriocourt). Je le cite et le résume. Un gérant n’avait pas de salaire, mais il pouvait « prêter une partie des biens qui lui étaient confiés et de percevoir des intérêts pour son propre compte. Pour comprendre la parabole il faut remonter dans le temps et raconter ce qui s’est passé avant le début de l’histoire, et que les auditeurs de Jésus devinaient sans peine. »

C’est dit Jésus, l’histoire d’un homme riche ; c’est dire qu’il a plus que ce qu’il faut pour vivre. ...il a des réserves. Même si l'année prochaine est maigre, il ne craint rien.

Cet homme riche a un gérant pour veiller au grain. Il a aussi des voisins, moins fortunés que lui dont les terres produisent trop peu et qui ont de la peine à vivre jusqu‘à la prochaine moisson. Ils sont obligés d’emprunter pour faire la soudure, pour nouer les deux bouts.

En voici un qui vient trouver le gérant, « s’il te plaît, demande-t-il, prête-moi 80 sacs de blé, ma dernière récolte a été mauvaise, mais celle de cette année s’annonce bien, dès que j’aurai pu moissonner je te rendrai 100 sacs ». Le régisseur lui donne de quoi écrire et lui dit « tiens, fais-moi un reçu ». L’emprunteur certifie qu’il a reçu 100 sacs et en charge seulement 80 sur ses mules.

De même un petit commerçant des environs tombe à court d’huile et vient demander au gérant de lui prêter 50 barils afin de pouvoir servir sa clientèle jusqu’au jour où l’huile fraîche coulera de son pressoir. Si tu prends 50 barils, tu m’en rapportes 100 et je les repartagerai honnêtement avec mon patron, 50 pour lui, 50 pour moi». C’est dur, mais le commerçant finit par accepter.

Nous en sommes là quand commence la parabole. Un délateur, il y en a toujours, vient trouver l’homme riche et lui dit « ton gérant gaspille tes biens, il va te ruiner. Pour avoir tout ce qui lui faut, il consent sur tes biens des quantités excessives, il vide tes caves et de tes greniers. Qui peut garantir que les champs et les oliveraies de ses débiteurs produiront assez pour qu’ils soient en mesure de payer leurs dettes. Et si tes propres récoltes étaient jamais insuffisantes, de quoi vivrais-tu ? »

L’homme riche se laisse convaincre et limoge le régisseur.
Que fait alors le gérant ? Il convoque ceux qui ont des dettes envers son maître et il leur fait corriger les reçus.

Le gérant ne fait donc rien de malhonnête, il renonce seulement à sa marge bénéficiaire ; il sacrifie ses intérêts immédiats, pour pouvoir compter sur l’accueil de ceux qu’il a ainsi soulagés.

Alors, pourquoi l’évangile dit-il que ce gérant est trompeur ?

En réalité, l’évangile ne dit pas cela, c’est la traduction qui le dit. L’évangile dit « ce gérant de l’injustice, le maître fit son éloge ». Il a été un bon gérant de l’injustice.

De quelle injustice ? De celle que son maître aurait commise en toute bonne foi, en se basant sur les reçus, s’il avait pu réclamer 100 sacs de blé à celui qui n’en avait reçu que 80 ; et 100 barils d’huile à celui qui n’en avait emporté que 50.

Tant que la différence entre les reçus et les quantités réellement prêtées, 20 sacs et 50 barils, étaient destinés au gérant, c’était tolérable puisque c’était son seul revenu. Mais que le propriétaire qui a déjà trop d’huile et trop de grain, s’enrichisse sur le dos de ses pauvres voisins, ce serait injuste. En faisant corriger les reçus signés à son avantage, le gérant veut s’attirer la sympathie des débiteurs, mais en même temps, il empêche son maître de s’enrichir honteusement après son départ. Il écarte l’injustice. Il est un bon gérant de l’injustice, parce qu’il empêche l’injustice, ou du moins parce qu’il en limite les effets.
Si l’évangile nous dit que nous ne pouvons pas servir à la fois Dieu et l’argent
(ce que nous entendrons demain), il nous enseigne aussi en filigrane, qu’il est possible de faire un bon usage de l’argent : le bon usage de l’argent, c’est de l’employer au service de la justice.

Vous me direz que dans la parabole, le souci du gérant n’est pas d’éviter une injustice. Son intention est de se faire des amis. Ses préoccupations ne sont pas très nobles…

Par bonheur, l’évangile ne met pas sous nos yeux des héros, mais des gens très ordinaires, mis en branle par des mobiles intéressés.
La Bonne Nouvelle de Jésus s’accommode de nos petits calculs. Dieu fait avec ce qu’il a. Il nous achemine vers la sainteté à travers nos recherches de nous-mêmes ; n’est-ce pas rassurant ?

 Ce commentaire de frère François rejoint les invitations du Pape François à utiliser ce que nous avons en vue d’une vie plus sobre et en partageant avec de plus pauvres qui en ont vraiment besoin.

 Mais aussi, moi, disciple du Seigneur, quand je dilapide les biens reçus, mes dons et qualités, en les utilisant à mon profit, le Seigneur le sait. Je peux me convertir, changer de regard, de point de vue, faire servir ces dons à mes frères et sœurs, au service de la justice, de la charité fraternelle. Pas besoin de choses difficiles dont je ne suis pas capable (piocher) ou humiliantes (mendier). Simplement penser et agir un peu plus en mettant en 1er les autres, et cela changera tout. Mes intentions ne sont pas pures (le sont-elles jamais ???) ? Qu’importe, le Seigneur les purifiera, unifiera mon cœur peu à peu. Et cet évangile pourra être Bonne Nouvelle.

 Introduction au Notre Père : Notre Père nous aime tels que nous sommes, c’est pourquoi nous osons dire :

 Oraison de conclusion : Seigneur, nous sommes tous et chacun gérants de ta grâce reçue à notre baptême. Quand nous la dilapidons et nous dispersons, viens Seigneur unifier et pacifier nos cœurs. Viens nous libérer de l’égoïsme et nous faire goûter la joie d’une vie donnée, pour ta plus grande gloire et le salut du monde. Toi le Dieu d’amour et de miséricorde qui nous accueille et nous transforme pour nous conduire tous ensemble à la vie avec toi aujourd’hui et pour toujours.

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