mercredi 4 novembre 2020

Célébration du 31e mercredi du Temps ordinaire

 (Rosy)

La lettre de Paul aux habitants de Philippe, aussi bien que l’évangile selon Luc, sont des pages d’exhortations. Des invitations à se comporter en vue du plus grand bien qui soit.

Il y a beaucoup de joie chez Paul. Et beaucoup de lucidité chez Luc.

Il y a en tous cas de part et d’autres un appel à la cohérence : que les Philippiens agissent bien en tout temps, que Paul soit présent ou non.

Et que les auditeurs (ou lecteurs) des paroles de Jésus soient aussi conséquents avec leur désir de le suivre.

Le psaume nous rassurera : Le Seigneur est ma lumière et mon salut ; de qui – de quoi - aurais-je crainte ?

Avant d’aborder ces textes interpellant, exprimons notre louange au Seigneur par le chant des psaumes.

1e lecture – Ps 26 -  Lc 14, 25-33

Commentaire

A première vue, écrivait un professeur de français, nous sommes devant  un texte évangélique très mal composé où le passage central mérite la remarque "hors sujet". C’est précisément ce que j’ai ressenti en relisant ce passage.

Jésus a terminé son repas chez le chef des pharisiens. Après un miracle et quelques belles paraboles sur les convives invités, le revoici sur la route.

Et de grandes foules le suivent. On peut supposer que les motivations sont diverses et nous savons par ailleurs que Jésus en est conscient : recevoir du pain à satiété ? Bénéficier d’une guérison ou simplement en être témoin ? Entendre encore des paroles qui donnent espoir ? Certains sans doute veulent vraiment suivre Jésus, au propre comme au figuré : devenir ses disciples. Tous s’en vont ainsi, portés par la foule et l’enthousiasme de ce dont ils sont témoins.

Soudain, Jésus s’arrête et il se retourne vers eux.

« Si quelqu’un… ». Voilà d’un coup la sortie de l’anonymat : Jésus n’a que faire des foules, il s’en méfie même. Mais chaque personne, voilà ce qui lui tient à cœur :

« Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs, jusqu’à lui-même : Luc y va d’une belle énumération pour être sûr d’être complet. Mt (10,37) lui, s’en tient aux parents et aux enfants : il en oublie même l’épouse !

Cette affirmation en a déstabilisés plus d’un. Bien sûr, nous n’avons rien à craindre : suivons Jésus, tentons de l’aimer de toutes nos forces… et aussitôt il nous renverra vers tous ceux que nous chérissons : « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 17,21)

Nous les aimerons donc alors de l'amour même de Dieu : je crois qu'ils y gagneront au change, que l'amour que nous aurons pour eux sera décuplé au lieu d'être anéanti.

Mais Jésus poursuit déjà : "Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher à ma suite ne peut pas être mon disciple."

Si Jésus a connu la croix, c’est bien parce qu’il a tellement aimé les hommes…

Alors, nous aussi, si nous essayons d’aimer en vérité, il nous reviendra de porter notre croix, chacun la sienne. Tout amour, quel qu’il soit, n’est-il pas inévitablement assorti de soucis, d’inquiétude, de blessure, de souffrance… ? Mais nous ne sommes pas abandonnés, n’oublions pas que le Père nous envoie des anges pour nous porter sur leurs mains…

C’est ici que s’insèrent deux questions pour étayer le propos.

Je ne parlerais pas de paraboles car il n’y a pas vraiment d’histoire, pas de point de basculement. Ce sont plutôt des illustrations où il est question de bâtir et de guerroyer.

Mais quel rapport avec le détachement et la croix ?

Et quel rapport entre ces deux images ? Ce qui leur est commun, ce sont quelques mots : « commencer par s’asseoir ». Car chacun, le bâtisseur comme le roi, a un projet et il lui faut d’abord « réfléchir avant d’agir ».

Voyons le premier : il veut construire une tour, une maison-tour disent certaines traductions. Et je vois ces maison-tour qui dominent depuis des siècles les toits des villes toscanes. Au moyen-âge leur hauteur a été limitée à … 25 mètres… pour ne pas faire ombrages aux palais des princes. Aujourd’hui on en est à 830 mètres à Dubaï… Babel n’est pas loin ! Mais on ne sait rien de l’objectif de cette tour, ni si elle serait  arrogante  ou hospitalière…

Tout est dans la simple question : «  ne commence-t-il pas par s’asseoir pour calculer la dépense ». Compter les mètres cubes de pierre, les sacs de sables, les sesterces ou les drachmes… Surprenant ! Jésus qui pousse au calcul… Pire encore est l’argument final : éviter les moqueries… Drôle de références pour qui veut le suivre !

Et le roi aussi doit s’asseoir et compter : par milliers cette fois : 10.000, 20.000.

Sommes-nous vraiment dans l’évangile ?

Quand nous avons perçu l’appel du Seigneur, avons-nous vraiment tant calculé ? Ou bien nous sommes-nous laissés séduire…

Nous avons écouté ce Dieu qui nous dit (selon Sulivan) : « laisse-moi faire les comptes, je ne sais pas compter ».

Non, Dieu ne sait pas compter, il n’œuvre que dans la surabondance, dans l’excès de bonté et de dons. Dieu appelle et nous invite au sérieux de cet appel, au bouleversement qu’implique dans une vie le fait de vouloir marcher à sa suite. Mais il ne demande jamais rien d’impossible puisqu’il assorti ses appels de tout ce dont nous avons besoin pour y répondre. En surabondance.

C’est cela, je crois, que l’on appelle la grâce. Réjouissons-nous donc et partageons sa joie.

Notre Père :

Au moment de prier notre Père, nous pourrions aussi nous asseoir et évaluer combien ces mots appris de Jésus nous engagent, non pas seulement en tant que disciples, mais en tant qu’enfants du Père. Tournons-nous donc vers lui une totale confiance.

Oraison :

Donne-nous, Dieu notre Père, d’accueillir ton amour et d’y puiser la force de répondre à tes appels de chaque jour, toi qui nous envoies sans cesse auprès de nos frères et sœurs, de tous ceux qui nous sont proches ou plus lointains. Donne-nous de les aimer comme tu les aimes. Donne-nous à tous vivre dans la joie et l’espérance. Par Jésus, ton fils et notre frère, lui qui est vivant pour les siècles des siècles.


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