mercredi 11 novembre 2020

Célébration de la fête de St Martin

(sr Marie-Jean)

 Introduction

Nous voici rassemblés en communauté, en Eglise.

« On t’a fait connaître ce qui est bien, ce que le Seigneur réclame de toi : rien d’autre que respecter le droit, aimer la fidélité, et t’appliquer à marcher avec ton Dieu »

Avec cette prophétie rapportée par Michée, nous fêtons St Martin !

Saint Martin a laissé un grand souvenir dans toute l’Europe : plus de 3000 lieux portent son nom ! Même l’Unité Pastorale où j’ai vécu à Liège…

D’ailleurs, un vitrail de notre église lui est dédié. La citation indiquée rappelle la fin de sa vie.

Je cite son biographe :

« Il se tourne vers le Seigneur et, devant ses frères qui pleurent, il lui parle :

‘Seigneur, si je suis encore nécessaire à ton peuple, je ne refuse pas le travail – Non recuso laborem – : Que ta volonté soit faite’ »

Nous connaissons la vie de St Martin grâce à la biographie de Sulpice Sévère.

Il est né en Hongrie au début du 4e siècle, d’une famille non chrétienne.

D’abord soldat, il reçoit le baptême après l’événement célèbre du partage du manteau.

Peu de temps après, il quitte l’armée pour rejoindre Hilaire, évêque de Poitiers.

Il sera moine, attirant des disciples ; puis évêque, choisi par le peuple.

Il accomplit de nombreux miracles et guérisons.

St Martin mourra de maladie et son corps sera ramené à Tours.

L’évangile que nous écouterons est la prophétie de Mt 25 : « J’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé… »

Martin a découvert le Christ dans le pauvre…

Rejoignons dès à présent tous les pauvres de la terre, bien-aimés du Seigneur, par la prière des psaumes.

Et comptons sur l’intercession de St Martin, selon les mots de son biographe :

« J’ai l’espoir qu’il nous protégera de là-haut,

Moi qui écris cette lettre, et toi qui me lis »

 

Méditation

Je voudrais reconsidérer l’événement bien connu du « manteau partagé ».

Certes bien connu, mais dont il faut saisir la pointe. Un moine de Ligugé guidera notre lecture[1].

Je rappelle le récit :

« Un jour, Martin a seulement sur lui ses armes et son grand manteau de soldat.

C’est l’hiver. Il fait plus froid que d’habitude, et beaucoup de gens meurent à cause de ce froid très dur.

À l’entrée de la ville d’Amiens, Martin rencontre un homme pauvre et nu.

Le malheureux prie les gens qui passent : ‘Ayez pitié de moi !’. Mais personne ne fait attention à lui.

Martin est un homme de Dieu. Il comprend ceci : le Seigneur lui confie ce malheureux, puisque les autres n’ont pas pitié de lui.

Mais que faire ? Martin n’a rien. Il n’a sur lui que son manteau.

En effet, il a déjà donné tout le reste pour une bonne action de ce genre.

Alors il prend l’arme qu’il porte à la ceinture. Il partage son habit en deux.

Il en donne une partie à l’homme pauvre et il s’habille avec le reste.

Parmi ceux qui voient cela, certains se mettent à rire. Martin est un peu ridicule avec son vêtement coupé.

Mais beaucoup pensent d’une façon plus sage. Ils regrettent maintenant de tout leur cœur de n’avoir pas fait comme Martin. Ils sont plus riches que lui. Ils pouvaient habiller ce malheureux sans manquer de vêtements pour eux-mêmes.

La nuit suivante, Martin est en train de dormir. Il voit le Christ.

Celui-ci porte la moitié du manteau de soldat que Martin a donnée à l’homme pauvre.

Le Seigneur dit : ‘Martin, regarde-moi avec grande attention, et reconnais le vêtement que tu as donné’.

Une foule d’anges l’entourent. Alors, Martin entend Jésus leur dire d’une voix très claire :

‘Martin est seulement catéchumène. Pourtant, il m’a couvert de ce vêtement’.

Autrefois, le Seigneur a dit : ‘Chaque fois que vous avez fait quelque chose pour l’un de ces tout-petits, c’est pour moi que vous l’avez fait’.

Oui, maintenant, le Seigneur se souvient de ces paroles quand il dit à Martin :

‘Ce pauvre que tu as vêtu, c’est moi-même’… »

Si les scènes artistiques représentent les deux personnages principaux, Martin et le pauvre, elles en oublient souvent le 3e, la foule qui passe et néglige ce pauvre.

Pour cette foule, « Martin est signe de contradiction : comme il a partagé son manteau, il partage la foule. Une minorité se moque de l’allure ridicule de ce soldat au manteau mutilé. Mais la majorité pense autrement. Elle regrette sa dureté envers le pauvre. Le geste de Martin ouvre les yeux et réveille les consciences ».

Lors de la vision du Christ la nuit suivante, Martin « voit aussi le Christ dire du bien de lui devant la foule des anges. Cela renvoie à une autre parole des évangiles ‘Celui qui se déclarera pour moi devant les hommes, le fils de l’homme se déclarera pour lui devant les anges de Dieu’…

Cette citation évangélique permet de donner tout son sens au partage du manteau. Il ne s’agit pas seulement d’une bonne action… Martin a témoigné du Christ devant la foule rassemblée à la porte d’Amiens. Et c’est pourquoi le Christ lui rend hommage devant la foule des anges…

Après cet événement, Martin se fera baptiser. Il enlève ses anciens vêtements pour revêtir un vêtement blanc… »

Saint Martin nous invite à témoigner dans son sillage. Revêtir le vêtement baptismal, le vêtement blanc que nous portons est une invitation à témoigner du Christ…

Quel témoignage apportons-nous au monde… lui qui en a tant besoin ?

 

Temps de silence ; Notre Père

Oraison

Seigneur, ton apôtre Saint Martin a livré le bon combat, celui de la charité.

Accorde à ceux et celles qui ont revêtu le Christ le jour de leur baptême, de témoigner de Lui et d’exprimer par des actes la foi qui les anime.

Nous te le demandons par Jésus-Christ, ton Fils ressuscité, qui règnes avec Toi et le Saint-Esprit, un seul Dieu pour les siècles des siècles.



[1] Traduction et commentaire : Sulpice Sévère, Vie de Martin de Tours, Collection « La Manne des Pères » n° 7, Saint-Léger éditions, 2015.

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