samedi 14 novembre 2020

Célébration du 32e samedi du TO

 (sr Marie-Raphaël)

Introduction

« Le Seigneur ne tarde pas à tenir sa promesse, alors que certains prétendent qu’il a du retard. Au contraire, il prend patience envers vous, car il ne veut pas en laisser quelques-uns se perdre, mais il veut que tous parviennent à la conversion ». (2 P 3, 9)

Cette phrase de la deuxième lettre de saint Pierre pourrait bien constituer le commentaire de l’évangile d’aujourd’hui. Il y est question de temps dans la prière et de patience de Dieu. Puisque, dans l’évangile, Jésus raconte une parabole pour encourager ses disciples à prier sans se décourager, entrons avec confiance dans la prière des Psaumes, en compagnie de la Vierge Marie dont nous faisons mémoire en ce samedi.

Commentaire.

« Écoutez bien ce que dit ce juge dépourvu de justice ! Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus, qui crient vers lui jour et nuit ? Les fait-il attendre ? »

La note signale qu’il y a plusieurs traductions possibles pour ce verset. En effet, la construction grammaticale est un peu déroutante. Mais, sous le verbe « les fait-il attendre » », il y a la racine makrothumia, qui exprime clairement la notion de patience de Dieu. On peut traduire : « et Dieu ne ferait pas justice à ses élus… ? Si, bien sûr (c’est une question rhétorique), et il montre sa patience envers eux ».

Il n’y a pas de contradiction entre le fait que Dieu fasse justice à ses élus et qu’il leur réponde sans tarder, et sa patience. Il est à la fois plein de patience envers les lenteurs humaines et prompt à rendre justice. Mais il attend avec patience que nous nous mettions enfin à le prier… à l’exemple de cette veuve qui vient harceler sans répit le juge inique. Ce juge, c’est par impatience qu’il finit par réagir…

Mais qu’est-ce que la patience, sinon une extrême impatience, contenue et maîtrisée ? Il n’y a pas de patience sans impatience. Le contraire de la patience n’est pas l’impatience, mais l’indifférence ! La patience est un des principaux attributs de Dieu, révélés dans l’ancienne Alliance : il est « lent à la colère » … ce qui ne contredit ni sa tendresse, ni sa justice pleine de fidélité.

Encouragement à la prière, donc. Mais la conclusion de jésus nous provoque : avons-nous assez de foi pour vraiment prier ? Cette parabole nous invite à réfléchir à la façon dont nous prions. Et notre foi (notre conception de Dieu) influence notre façon de prier. Si nous voyons Dieu comme un juge qui doit nous rendre justice contre nos adversaires, nous serons peut-être acharnés comme cette veuve. Si nous voyons Dieu comme un être tout-puissant qui est capable de changer le cours du monde par un décret de sa puissance, nous allons le prier avec grande déférence et crainte. Nous allons peut-être offrir des sacrifices pour apaiser sa colère et nous le rendre favorable. Quelle image avons-nous de Dieu ? Notre façon de prier dit quelque chose de notre foi. Mais il est vrai aussi que notre façon de prier va parfois influencer notre foi. C’est peut-être le sens du dernier verset : ma prière persévérante ne va pas d’abord changer les choses autour de moi, elle va me changer moi-même, elle va changer mon regard sur les choses et la perception de la présence de Dieu en toutes ces choses.

Alors, allons-y, prions sans nous décourager, et en priant, découvrons la patience de Dieu !

Prière de conclusion :

Augmente notre foi, Seigneur, et conduis-nous dans la voie de la prière incessante. Accueille notre humble prière et montre-nous ton immense patience. Regarde le monde dans lequel nous vivons, entends la voix de ceux qui te supplient et rends-leur justice. Que notre désir ardent hâte la venue de ton Règne, déjà présent en nous et au milieu de nous, par Jésus…

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