vendredi 13 novembre 2020

Célébration du 32e vendredi du TO

 (sr Jean-Baptiste)

Les Passionistes

Voilà un texte bien dur, ou Jésus nous dit que certains seront sauvés et d’autres non.  Ou il nous dit aussi que nul ne sait quand ce jour viendra, car il sera totalement inattendu.

On entend beaucoup de gens spéculer sur les évènements du temps présent et dire que ce sont des signes de la fin des temps et même du retour de Jésus ! Ce ne sont là que spéculations  personnelles. Nul ne sait l’heure ou le Christ reviendra !  Ce n’est donc pas cela qui doit nous inquiéter, mais bien de savoir si nous serons sauvés ou pas ! Pris ou laissés, pour reprendre le terme de l’évangile.

Que nous faut-il pour être sauvés ? Croire en Dieu, en sa parole, et vivre de ses commandement, car une foi sans les œuvres est une foi morte !

Certes Jésus est mort sur la croix et ressuscité pour offrir le salut à tous, mais justement c’est un cadeau qu’il nous fait, encore nous faut-il recevoir ce cadeau et  nous en servir, c'est-à-dire en vivre . Et ce n’est pas au dernier jour de notre vie qu’il faudra nous en soucier, car qui sait quel jour ou même à quelle heure il va mourir.  

Jésus nous interroge sur la réalité de notre foi, de notre vie avec lui. Il nous invite dès maintenant à nous préparer à le rencontrer, c'est-à-dire à vivre en notre cœur dès aujourd’hui comme si ce jour était le dernier.

 Cela ne veut pas dire, ne rien prévoir pour l’avenir, ou tout abandonner, mais être prêts à paraître devant lui dès maintenant si cela était sa volonté sur nous. Le sommes-nous ?  

 

«Qui cherchera à conserver sa vie la perdra. Et qui la perdra la sauvegardera»

Aujourd'hui, dans le contexte prédominant d'une culture matérialiste, beaucoup se comportent comme aux temps de Noé: «On mangeait, on buvait, on se mariait» (Lc 17,27); ou comme les concitoyens de Loth, qui achetaient, vendaient, plantaient, bâtissaient. C'est avec la même myopie que l'aspiration suprême d'un grand nombre se réduit à leur propre vie physique temporelle et, en conséquence, que tout leur effort tend à conserver cette vie, à la protéger et à l'enrichir.

Dans le passage d'Évangile que nous commentons, Jésus veut dénoncer cette conception fragmentaire de la vie qui mutile l'être humain et l'amène à la frustration. Il le fait au moyen d'une sentence sérieuse et tranchante, capable de remuer les consciences et de les obliger à se poser des questions fondamentales: «Qui cherchera à conserver sa vie la perdra. Et qui la perdra la sauvegardera» (Lc 17,33). En méditant sur cet enseignement de Jésus, saint Augustin dit: «Que dire, donc? Est-ce que périront tous ceux qui font cela, c'est-à-dire, qui se marient, plantent des vignes et construisent? Non pas eux, mais ceux qui présument de ces choses, qui placent ces choses avant Dieu, qui sont disposés à offenser Dieu à l'instant pour de telles choses».

De fait, qui est-ce qui perd sa vie pour avoir voulu la conserver, sinon celui qui a vécu exclusivement dans la chair, sans laisser affleurer l'esprit; ou plus encore, celui qui vit replié sur soi, oubliant complètement les autres? Car il est évident que la vie dans la chair doit nécessairement se perdre, et que la vie dans l'esprit, si elle n'est pas partagée, s'affaiblit.

Toute vie, par elle-même, tend naturellement à la croissance, à l'exubérance, à la frustration et à la reproduction. Au contraire, si on la renferme et si on la préserve dans le but de la posséder jalousement et exclusivement, elle se fane, devient stérile et meurt. C'est pourquoi, tous les saints, prenant comme modèle Jésus, qui vécut intensément pour Dieu et pour les hommes, ont donné généreusement leur vie de multiples manières au service de Dieu et de leurs semblables.

 

Carmel St Joseph

 Une perspective est ouverte par Luc : la venue du Royaume dans l’histoire des hommes, discrète et subreptice (v.20-21), et l’avènement fulgurant du Fils de l’homme à la fin des temps (v.22-24). Mais sans aucune précision de temps ou de lieu, il revient à celui qui s’y prépare d’attendre et de veiller (Lc 12).

Où sera-ce ? Quand sera-ce ? Qui sera choisi ?

La sélection semble aléatoire : « l’une sera prise, l’autre laissée » (v.34-35). Rien dans la description en symétrique de Luc ne semble différencier les personnes prédestinées …

Qu’est-ce qui les différencie ?

Nous sommes, avec Jésus, introduits dans un nouveau monde de l’invisible, non plus dans le faire, dans ce qui se voit, dans la chair seule : manger, boire, acheter, vendre, planter, ou bâtir (v.27-28), mais dans l’être avec, dans la chair habitée d’un souffle qui ne se voit pas.

Ce que la description narrative de Luc ne nous décrit pas : c’est le consentement intérieur auquel chaque disciple de Jésus est appelé, son adhésion totale au Christ à l’intime de son cœur, la part de Dieu et du Royaume en lui.

C’est justement à ce passage d’évangile que fait référence Xavier Beauvois pour la dernière eucharistie des moines de Tibhirine, dans son film « Des hommes et des dieux » (2010). Après un long discernement personnel et communautaire de trois ans (1993-1996), chacun et tous ensemble s’offrent pour l’Algérie et pour son peuple. Cela n’empêchera pas leur enlèvement la nuit du 26 au 27 mars 1996. « Là où sera le corps, là aussi se rassembleront les vautours. » (v.37). Mais la fin du film n’a pas l’odeur du sang et de la mort, il se termine par cette marche dans la neige et la brume où le corps disparaît … et cette dernière image évanescente s’ouvre comme un passage.

 Un peu plus tard, devant la reconnaissance unanime et les récompenses du film, puis de tout le déploiement des média, mais surtout par l’approfondissement pastoral et théologique de la pensée du Fr. Christian de Chergé, nous avons tous compris que les frères avaient gagné.

Le monde ancien s’en est allé,

Un nouveau monde est déjà né :

Il s’est levé le jour de Dieu

Qui fait renaître terre et cieux.


Cardinal 23

Si nous voulons sauver notre vie, comme nous le dit Jésus, alors nous la perdrons. Si nous voulons tirer Dieu pour faire marcher notre entreprise, acheter, vendre, manger, boire, si nous voulons faire de Dieu le protecteur de nos activités, nous les perdrons. La foi au Dieu éternel va faire exploser notre connaissance du monde et notre expérience du monde. Croire en Dieu, ce n’est pas simplement croire à l’éternité de ce que nous connaissons, c’est comprendre que ce que nous connaissons, ce que nous vivons, ce que nous éprouvons n’est pas éternel mais sera interrompu d’une façon ou d’une autre, soit par la fin du monde, soit par notre propre mort. Mais de quelque façon que ce soit, le cours ordinaire des jours où l’on mange, où l’on boit, où l’on se marie, où l’on achète, où l’on vend, de quelque façon, tout cela sera contesté et débordé par l’irruption de Dieu dans notre vie. C’est la grande leçon que le Christ nous donne sur la manière de comprendre notre relation avec Dieu. C’est un appel à mieux réaliser que la réussite de notre vie n’est pas la réussite de nos projets, que la réussite de notre vie n’est pas la réussite de ce que nous pensons, que la justice en ce monde n’est pas la réalisation de nos jugements, mais au contraire une nouvelle manière de voir, de comprendre et de juger qui va nous faire entrer dans une autre logique que celle du cours ordinaire des jours. Ce qui va dominer, ce n’est ni manger, ni boire, ni se marier, ni vendre, ni acheter, cela va être, comme nous le disait la Deuxième épître de Jean, d’entrer dans la relation d’amour avec Dieu, où l’on accepte de se perdre pour trouver notre vie, où l’on renonce à sauver notre vie, ou du moins à sauver l’image que nous nous faisons de notre vie, pour recevoir de Dieu la vie qui ne finit pas.

En disant tout cela, je mesure combien nous sommes loin de beaucoup de préoccupations, de beaucoup d’imagination, combien nous sommes loin de la conception spontanée de l’existence. Mais je mesure aussi que c’est l’espérance que Dieu nous donne : il veut faire de nous non pas les esclaves des événements du monde, mais les porteurs d’une force qui transcende les événements du monde et qui est la force de l’amour.

 Aujourd'hui, dans le texte de l'Évangile, la fin des temps et l'incertitude de la vie, sont remarquées, pas tant pour nous effrayer, que pour que soyons bien prévoyants et attentifs, préparés à la rencontre avec notre Créateur. La dimension sacrificiel présente dans l'Évangile se manifeste chez le Seigneur et Sauveur Jésus-Christ en nous libérant avec son exemple, au point de vue à être toujours préparés pour chercher et pour accomplir la Volonté de Dieu. La vigilance constante et la préparation sont le cachet du disciple vibrant. Nous ne pouvons pas nous ressembler aux gens qui " mangeaient, buvaient, achetaient, vendaient, plantaient, construisaient" (Lc 17,28). Nous, tant que disciples, nous devons être préparés et vigilants, ce ne fusse que nous finissions par être entraînés vers une léthargie spirituelle esclave de l'obsession - transmise d'une génération à la suivante - par le progrès dans la vie présente, en pensant que - après tout - Jésus ne reviendra pas.


Le sécularisme s’est enraciné profondément dans notre société. L’assaut de l'innovation et de la disponibilité rapide de choses et de services personnels nous font sentir autosuffisants et ils nous enlèvent la présence de Dieu dans nos vies. Seulement quand une tragédie nous frappe nous nous éveillons de notre sommeil pour voir Dieu au milieu de notre "vallée de larmes"... Même nous devrions être reconnaissants de ces moments tragiques, parce qu'ils servent sûrement pour fortifier notre foi.

Dans les temps récents, les attaques contre les chrétiens dans de diverses parties du monde, même dans mon propre pays - l'Inde - ont secoué notre foi. Mais le Papa François a dit : "Cependant, on donne de l'espoir aux chrétiens parce que, dans une dernière instance, Jésus fait une promesse qui est garantie de victoire : ' Celui qui perd sa vie, la conservera ' (Lc 17,33)". Celle-ci est une vérité dont nous pouvons confier… Le témoignage puissant de nos frères et sœurs qui donnent sa vie par la foi et par le Christ ne sera pas en vain.

Ainsi, nous luttons pour avancer dans le voyage de notre vie dans l'espérance sincère de trouver notre Dieu "le Jour dans lequel le Fils de l'homme se manifeste" (Lc 17,30).

 EVANGILE DU 15 NOVEMBRE JEAN-PIERRE POMMIER

 Commentaire Évangile de Luc, ch 17 v 26 à 37

Bonjour à tous,

Le passage d'Évangile proposé aujourd'hui est à considérer dans la séquence de Luc sur trois jours.

Hier les Pharisiens ont demandé à Jésus quand viendrait le Royaume de Dieu et Jésus les met en garde ainsi que ses disciples contre les fausses annonces avant sa Passion.

Demain, Il nous dira de prier sans se décourager pour être prêt le moment venu car Il se demande s'Il trouvera la foi quand Il viendra.

Aujourd'hui, Il nous donne des éléments pour que nous soyons toujours attentifs et prêts pour le Royaume.

En bon pédagogue, Il s'appuie sur le passé que ses auditeurs connaissent bien : les épisodes de Noé et de Loth. En plein milieu de leur vie ordinaire, tous ceux qui ne se soucient pas de Dieu meurent sous un déluge d'eau ou de feu et de soufre.

Mais Dieu épargne les siens, soit en les mettant à l'abri dans l'arche soit en les faisant sortir de la ville qui va être détruite. Dans notre propre mémoire, nous pouvons aussi rappeler la protection divine des Israélites en Égypte ainsi que les nombreux témoignages contemporains d'assistance surnaturelle lors d'accidents ou cataclysmes. De plus, dans certains témoignages, nous voyons clairement les interventions manifestes de la Sainte Vierge Marie.

Dans le texte de Luc, Jésus déclare qu'il en sera ainsi dans les jours du Fils de l'homme. Alors Il nous donne des conseils pour faire le bon choix à ce moment-là : ne pas chercher à sauver sa vie en rentrant dans la maison ou en se retournant dans son champ. N'imitons pas la femme de Loth.

Car Jésus aborde enfin explicitement le jugement de Dieu, parfois loin de notre avis sur nous-mêmes et sur les autres. Apparemment dans la même situation, l'un est pris, l'autre pas. Il suffit de relire Ézéchiel ou Matthieu qui nous ont dit que Dieu sépare brebis et bouc, brebis et brebis. Nous serons jugés sur l'amour, sur le fait d'avoir donné ou pas un verre d'eau au pauvre que Jésus habitait.

Pour les travaux pratiques, je nous renvoie à la lettre aux Romains qui nous donne bien des exemples à suivre. Ce faisant, nous pourrons boire, manger, écouter RCF Alpha en Paix, gardant Jésus et Marie dans notre cœur.

Pour terminer, je reprends simplement la fin du Je vous salue Marie : Sainte Marie, mère de Dieu, priez pour nous pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort !

Et je vous souhaite une bonne préparation pour le moment le plus important de votre vie. Bonne continuation à tous!

 Père Gabriel

 Méditation de l’évangile du vendredi 15 novembre

Jésus nous avertit : la mort vient sans prévenir, à nous de le savoir. Mais l’heure de l’Espérance, résolue dans la mort, est laissé au jugement du Père. Inutile donc de nous inquiéter ou de recourir aux extra-lucides.

 

Méditation de l’évangile du vendredi 15 novembre 2019

..”Souvenez-vous de la femme de Loth ! Celui qui chercherait à sauvegarder sa vie, la perdrait ; et celui qui la perdra, la conservera”

Pour Jésus, les chemins de la liberté chrétienne passent par le choix de la vie éternelle, au risque de nous faire perdre la vie.

Jésus se donne comme le Maître de l’absolu, et du radicalisme, en face du royaume de Dieu toujours à conquérir de haute lutte. Il faut choisir la vraie vie et ne pas imiter la femme de Loth, car elle fut l’exemple de l’attachement qui tue. Elle se retourna pour voir sa maison en flamme, et elle resta pétrifiée. Si elle avait su tout perdre, elle y aurait trouvé la vie.

Les chemins de la liberté chrétienne passent par le détachement.

…”Et comme, Il arriva aux jours de Noé, ainsi en sera-t-Il aux jours du FIls de l’homme”

Semblablement, comme Il arriva aux jours de Loth, Il en sera de même au jour où le Fils de l’homme doit être révélé : “Ce Fils de l’homme qui commande à toutes les époques de l’homme”.

“Alors deux se trouveront dans les champs : un est pris et un est laissé ; deux femmes moudront à la meule : une est prise et une est laissée”

Je vous le dis, cette nuit-là deux seront sur la même couche : l’un sera pris, l’autre sera laissé”

Jésus nous avertit : la mort vient sans prévenir, à nous de le savoir. Mais l’heure de l’Espérance, résolue dans la mort, est laissé au jugement du Père. Inutile donc de nous inquiéter ou de recourir aux extra-lucides.

 ² Quand les armées romaines arriveront en force, il faudra fuir, fuir devant soi sans prendre le temps de rien emporter, sans regarder en arrière, car s'arrêter serait la mort. Plus que jamais, celui qui voudra sauver ses richesses, même un minimum, s'exposera à tout perdre, et à mourir sur place. La mort frappera en aveugle: que l'on soit couché ou en plein travail, elle passera partout, et nul ne peut dire s'il aura la chance d'en réchapper.

Tous ces détails cadrent bien avec la perspective du désastre juif : en sacrifiant tout pour fuir, les disciples auront une dernière chance de survivre au massacre.

 ² En revanche, lors de la fin du monde, il n'y aura plus d'issue pour personne. Ce Jour où se manifestera le Fils de l'Homme arrivera tout d'un coup, sans que personne le voie venir, et il faut tout faire, explique Jésus, pour que ce Jour ne nous surprenne pas en pleine insouciance.

Manger, boire, se marier, acheter et vendre, planter et bâtir, tout cela, qui remplit la vie et qui peut être noble, ne doit pas cacher l'avenir que Dieu fera ni boucher l'horizon du Royaume. Puisque tout cela doit finir, la sagesse de l'Évangile dissuade de s'y attarder au point de perdre toute liberté et toute vigilance. Le chrétien  vit les joies saines du monde sans cesser d'attendre celles que Dieu promet, tout comme il vit les détresses du monde sans cesser d'espérer la victoire du Dieu qui est amour. Et nous-mêmes qui essayons de vivre, au nom de l'Église, une existence vouée à la prière, il nous faut renoncer constamment à mettre notre joie et notre sécurité dans l'œuvre de nos mains ou de notre esprit, dans ces idoles qui enchaînent le cœur. Nous ne saurions adhérer aux choses, aux choses à faire et à posséder, alors que Dieu est là, le Maître des choses, qui attend notre amour.

 ² Dieu qui est et qui était ne cesse pas d'être le Dieu qui vient. Dieu qui s'est donné et se donne demeure toujours le Dieu qui se promet. Car "dès maintenant nous sommes fils de Dieu, mais ce que nous serons n'a pas encore été manifesté" (1 Jn 3,2). Dieu, qui nous a mis en route et qui nous accompagne, reste encore tous les jours, dans le mystère, celui qui vient au-devant de nous .

 Dieu vient, et le retour de Fils de l'Homme marquera le début de la grande rencontre.

"Où cela, Seigneur?", demandaient les disciples. Et Jésus de répondre: les signes seront là, vous ne pourrez vous y tromper! Quand les vautours tournoient dans le ciel, on les aperçoit de très loin, et l'on dit: "À coup sûr ils ont trouvé une proie!" Ainsi les croyants attentifs à l'action de Dieu dans l'histoire verront de très loin s'annoncer les derniers jours.

Et ils pourront se préparer de loin à cette rencontre, qui pourtant les surprendra.

Car Dieu, pour nous, est toujours surprenant.

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