jeudi 29 octobre 2020

Célébration du 30e jeudi du Temps ordinaire

 Introduction :

« La poule et le renard ». Est-ce une nouvelle fable de la Fontaine ? Ou tout simplement le titre de l’évangile d’aujourd’hui ?

« La poule et le renard », les forces sont inégales. Ça ne peut que mal tourner, cette histoire-là… Car il s’agit bien d’un combat.

C’est ce que nous entendrons dans la première lecture, la fin de la lettre aux Ephésiens que nous lisons depuis deux semaines. Paul nous encourage à être forts. Et il nous donne le secret de la force ! Nous verrons cela, mais commençons par chanter les psaumes, qui sont, eux aussi, révélateurs d’un combat !

Commentaire :

Jésus est en route vers Jérusalem. Des Pharisiens viennent vers lui et lui disent : « pars, va-t’en d’ici, Hérode veut te tuer ». Jésus n’est pas dupe. Ce sont les pharisiens qui veulent le voir partir et qui espèrent arriver à leurs fins en lui faisant peur. Jésus ne craint pas Hérode ni les pharisiens : il leur donne rendez-vous à Jérusalem. Jésus est l’homme qui marche, aujourd’hui, demain et le jour suivant, jusqu’à ce qu’il arrive au but, sans se laisser distraire par les renards du chemin… Il est chaussé, comme dirait Paul, de « l’ardeur à annoncer l’évangile de la paix ».

L’évocation de Jérusalem amène alors la parole suivante, qui est comme une lamentation sur la ville sainte. « Jérusalem, Jérusalem, … combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants comme la poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous n’avez pas voulu ! ». L’image d’un oiseau qui plane et protège ses petits sous ses ailes déployées est une image de Dieu dans l’AT. C’est ainsi qu’il se présente à Israël, par la voix de Moïse, dans le livre de l’exode et du Deutéronome : « Tel un aigle qui éveille sa nichée et plane au-dessus de ses petits, il déploie son envergure, il le prend, il le porte sur ses ailes » (DT 32, 11). L’aigle est un oiseau impressionnant et inaccessible. La mère poule… est tellement plus proche de nous, plus familière ! Et tellement plus fragile aussi, tellement plus vulnérable. Que peut la poule contre l’aigle ou contre le renard ? Cependant, quand elle rassemble ses petits sous ses ailes, elle y croit ! Elle étend sur ses petits le bouclier de la foi ! La force de la poule, c’est sa tendresse, et aussi sa vigilance !

Oui, pour revenir à Paul dans sa lettre aux Ephésiens, la vie chrétienne à la suite du Christ est un combat, et un combat inégal. Et cela, c’est tout à fait d’actualité ! Après nous avoir invités à être forts, à nous armer de puissance, Paul décrit l’adversaire. Il utilise des concepts qui nous semblent obscurs (dominateurs de ce monde de ténèbres, principautés, souverainetés, esprits du mal qui sont dans les régions célestes…).

Démasquer l’adversaire, apprendre à le connaître, débusquer ses ruses : c’est le début de toute stratégie. Comment traduire cela dans des mots d’aujourd’hui ? Qui sont nos adversaires ? La pandémie ? La crise économique et écologique ? Les catastrophes naturelles ? Plus profondément, ce qui se cache dans le cœur, ce qui nous ronge : le découragement, l’indifférence, le repli sur soi, le déni de la gravité de la situation, la peur de l’autre, le mensonge, la manipulation des consciences… ce ne sont pas des ennemis de chair et de sang, mais ils sont puissants !

Paul nous dit : il ne s’agit pas de les attaquer frontalement, ces ennemis, mais de tenir, de tenir bon, de résister. Comment ? Il nous donne des armes : ceinturon de la vérité, cuirasse de la justice, ardeur à annoncer l’évangile, bouclier de la foi… Jésus, dans l’évangile, nous en montre d’autres : ruse du renard, détermination à aller jusqu’au bout de sa mission, confiance en soi, amour tendre de la poule, vigilance… Comme dans tout combat, les armes seront d’autant plus efficaces que l’on se sera bien entraîné. Mais il y a une condition supplémentaire qui apparaît dans le texte : c’est de savoir que nous ne pouvons rien sans l’Esprit… et que si nous avons l’Esprit, nous pouvons tout ! C’est l’Esprit qui nous donnera de prier et de rester éveillés dans la supplication. Nous voilà au cœur de notre vocation. Que ces paroles de l’apôtre nous encouragent à persévérer !

Prière de conclusion.

Seigneur Jésus, tu marches devant nous, tu marches vers Jérusalem sans te laisser arrêter par les embûches du chemin. Tu nous invites à t’accompagner, mais c’est toi qui nous accompagnes. Tu es avec nous dans toutes nos épreuves, tu nous abrites sous tes ailes, tu nous délivres de la peur. Parfois, tu pleures devant nos refus de confiance… pardonne-nous ! Apprends-nous la vigilance, accueille notre humble prière et protège l’humanité d’aujourd’hui en lui révélant ton salut. Toi qui nous aimes, dans l’amour du Père et de l’Esprit, pour les siècles des siècles.

 

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