jeudi 15 octobre 2020

Sainte Thérèse d’Avila.

 Textes : Rm 8, 22-27 ; Jn 15, 1-8

Introduction

Les lectures de ce jour correspondent bien à sainte Thérèse d’Avila. Le passage du chapitre 8 de la lettre aux Romains est très connu : il associe les gémissements de la création, les gémissements des humains et les gémissements de l’Esprit saint. Il montre, en fait, que la prière est le résultat d’une alliance entre nous et l’Esprit, qui intercède pour nous, afin que notre prière puisse porter du fruit. Et porter du fruit, c’est précisément le thème de l’évangile. Il y avait deux évangiles au choix pour aujourd’hui : le passage de Luc qui dit que l’on reconnaît l’arbre à ses fruits. Et l’évangile de Jean, qui parle de la vigne. C’est celui que j’ai choisi de méditer avec vous, brièvement. Pour ouvrir nos cœurs et nos intelligences à la Parole de Dieu, entrons dans cette liturgie par la porte des psaumes.

Commentaire de l’évangile.

De cette parabole de la vigne, je voudrais simplement proposer trois thèmes à votre méditation.

1. « Demeurez en moi comme moi en vous ». Cette formule évoque une réciprocité très forte, une union étroite. Un attachement. Thérèse d’Avila chante : « celui qui s’attache à Dieu, rien ne lui manque ! » C’est l’attachement des sarments à la vigne. Or, la réciprocité est belle, puisque la vigne a autant besoin des sarments que les sarments de la vigne. Ce sont les sarments qui portent les fruits, mais ils ne peuvent le faire s’ils ne sont attachés à la vigne. Et la vigne ne peut porter de fruit sans passer par les sarments. Les fruits sont l’œuvre de leur alliance. Et ce sont ces fruits qui donnent gloire au vigneron !

2. « Demeurez en moi comme moi en vous ». Ce « comme » indique qu’il est premier dans cette alliance, qu’il a pris l’initiative de venir demeurer en nous. Comment ? Dans le langage de Jean, c’est une façon de parler de l’incarnation du Verbe : « il a habité parmi nous, il est venu chez les siens ». Par l’incarnation, le Verbe a planté sa tente parmi nous. Et maintenant, il nous invite à entrer dans cette tente, la tente de son incarnation. Demeurer dans le Verbe, dans le Christ, ce n’est donc pas quitter notre condition humaine, mais entrer plus avant, avec lui, dans cette condition humaine où il est entré avec nous, pour nous. Souvent, on pense que « demeurer dans le Christ » est une rencontre mystique qui nous fait sortir de notre condition humaine. En fait, la vraie mystique passe par l’incarnation ! Elle nous invite à nous enraciner d’autant plus dans notre condition humaine : ne pas nous désincarner, mais nous incarner davantage, dans le Verbe incarné. Sainte Thérèse d’Avila ne renierait pas cela !

3. Une chose encore, à propos de l’action du vigneron : il taille ! Il ne taille pas de façon sauvage : il regarde chacun des sarments, et il taille en fonction de leur promesse de porter plus de fruit. Le vigneron, c’est l’image du Créateur. Son action n’est pas d’en rajouter, mais de diminuer… pour que la loi de la vie puisse triompher. C’est une belle leçon que la nature nous donne. Les amis du jardin sont venus nous la rappeler. Sans la taille, les buissons se déploient de façon irraisonnée, sauvage, et les fruits ne sont plus bons, parce qu’ils manquent de vigueur. Loi de la nature que nous pouvons appliquer à notre vie spirituelle. Nous pouvons devenir les vignerons de notre propre vigne. Tailler, c’est mettre de l’ordre, c’est laisser tomber ce qui a fait son temps, ne pas s’attacher à des branches qui ont porté du fruit à un moment donné, mais qui n’en portent plus. C’est la condition pour permettre à de nouveaux sarments de jaillir de la base. La base est bonne, la racine est bonne, elle s’enrichit d’année en année : nous pouvons lui faire confiance. Oser tailler, puis jeter au feu les sarments secs : la cendre enrichira note terre. C’est le cycle de la vie. Le créateur l’a voulu ainsi, et il vit que cela était bon.

Prière de conclusion

Père, tu es le vigneron, ta gloire est que nous portions du fruit, en restant fermement attachés à ton Fils Jésus. Béni sois-tu pour la confiance que tu nous fais et pour la mission que tu nous donnes dans ta création. Poursuis ton œuvre, prend soin de ta vigne, tiens-nous dans l’alliance et montre-nous le chemin de la vie au-delà de toute mort. Nous te le demandons par Jésus …

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