Osée 10, 1-8
Le
texte (traduction de la Bible de Jérusalem) :
1 « Israël était une vigne luxuriante, qui donnait
bien son fruit. Plus son fruit se multipliait, plus il a multiplié les autels;
plus son pays devenait riche, plus riches il a fait les stèles.
2 Leur coeur est
double, maintenant ils vont expier; lui-même renversera leurs autels, il
dévastera leurs stèles.
3 Alors ils diront
: " Nous n'avons pas de roi, car nous n'avons pas craint Yahvé, mais le
roi, que pourrait-il faire pour nous ? "
4 On tient des
discours, on jure en vain, on conclut des alliances; et le droit prospère comme
la plante vénéneuse sur le sillon des champs!
5 Pour le veau de
Bet-Aven les habitants de Samarie tremblent; oui, sur lui son peuple mène le
deuil, ainsi que sa prêtraille : Qu'ils exultent sur sa gloire maintenant
qu'elle est déportée loin de nous!
6 Lui-même, on le
transportera en Assur comme tribut pour le grand roi. Éphraïm recueillera la
honte, et Israël rougira de son dessein.
7 C'en est fait de
Samarie! Son roi est comme un fétu à la surface de l'eau.
8 Ils seront
détruits, les hauts lieux d'Aven, ce péché d'Israël; épines et chardons
grimperont sur leurs autels. Ils diront alors aux montagnes : "
Couvrez-nous! " et aux collines : " Tombez sur nous! " »
Prière (suggérée
par Enzo Bianchi) :
« Notre Dieu, Père
de la Lumière, tu as envoyé dans le monde ton Fils, Parole faite chair, pour te
manifester à nous, les hommes.
Envoie
maintenant sur moi ton Esprit Saint, afin que je puisse rencontrer Jésus-Christ
dans cette Parole qui vient de toi ; afin que je la connaisse plus
profondément et que, en la connaissant, je l’aime plus intensément pour
parvenir ainsi à la béatitude du Royaume. Amen »
Lecture
verset par verset :
La méditation quotidienne de ce livre d’Osée vous aura
confronté au double fil rouge qui traverse ses prophéties : celui de
l’attachement du Seigneur d’Israël pour son peuple et celui du reproche envers
ses infidélités.
Ce double tissage peut nous rejoindre… Découvrons-le.
(v. 1) « Israël était une vigne luxuriante, qui
donnait bien son fruit… »
En plus d’être une végétation typique de la région, la
vigne fut utilisée comme image pour désigner Israël dans la relation avec son
Dieu. Objet des soins du jardinier, son Seigneur, Israël est le peuple choisi,
aimé de Dieu. Il n’a cependant pas bien interprété la fécondité qu’il reçut de
Dieu :
« … Plus son fruit se multipliait, plus il a
multiplié les autels; plus son pays devenait riche, plus riches il a fait les
stèles »
Dès le verset 1, le narrateur nous présente le péché par
excellence, l’idolâtrie, contre laquelle tous les prophètes se sont élevés.
Au lieu de reconnaître en son Dieu l’origine de son
fruit, il l’attribua à d’autres, à ses idoles, auxquelles il voua des autels et
des stèles.
(v. 2) « Leur cœur est double… »
Terrible dénonciation. Rappelons-nous l’histoire
d’Israël : la libération de l’esclavage en Egypte, l’offre de la Loi, le
don de la Terre promise… et, à travers tous ces cadeaux, l’attachement de Dieu
qui se laisse deviner.
Dieu constate que le cœur de son peuple n’est pas
clairement en sa faveur.
Dans un premier temps, c’est la réaction instinctive de
Dieu qui s’exprime. Il veut punir :
« … maintenant ils vont expier; lui-même renversera
leurs autels, il dévastera leurs stèles »
Le verset 3 fait référence à un épisode charnière de
l’histoire d’Israël : le peuple réclame un roi pour le conduire. On trouve
ce récit dans le Premier Livre de Samuel. Ce projet était désapprouvé par Dieu
car, derrière cette demande d’un roi, Dieu comprend bien que « c'est (Lui)
qu'ils ont rejeté, ne voulant plus qu’(Il) règne sur eux » (1 S 8).
Dans l’optique de Dieu, un roi devrait être son
« lieu-tenant », mais le peuple veut substituer l’un à l’autre. Dès
lors, on comprend mieux la réplique du peuple :
(v. 3) « Alors ils diront : ‘Nous n'avons pas de
roi, car nous n'avons pas craint le Seigneur, mais le roi, que pourrait-il
faire pour nous ?’ »
Le verset suivant poursuit la dénonciation :
(v. 4) « On tient des discours, on jure en vain, on
conclut des alliances… » ; et le droit est comparé à « une
plante vénéneuse ».
On peut se rappeler la désolation du vigneron chez Isaïe,
où Israël était également comparé à la vigne :
« … La vigne du Seigneur Sabaot, c'est la maison d'Israël…
Il attendait le droit et voici l'iniquité, la justice
et voici les cris » (Is 5, 7).
(v. 5) « Pour le veau de Bet-Aven les habitants de
Samarie tremblent… »
Le veau en question fut l’objet de l’idolâtrie du peuple
dès Jéroboam, successeur de Salomon (1 R 12, 32) : le roi sacrifia à des
idoles qui avaient l’apparence de veaux et il leur établit des prêtres. En
guise de moquerie, le prophète change le nom de Béthel (« maison de
Dieu ») en Beth-Aven (« maison du crime »).
Comme punition, la déportation est annoncée :
(v. 6-7) « Lui-même, on le transportera en Assur
comme tribut pour le grand roi. Éphraïm recueillera la honte, et Israël rougira
de son dessein… »
Dans cette honte qu’éprouvera Israël, on peut espérer un
début de conversion, un désir de revenir à Dieu, de renouveler l’Alliance…
Après la déportation des habitants, c’est la destruction
des autels, l’abandon des lieux d’idolâtrie :
(v. 8) « Ils seront détruits, les hauts lieux
d'Aven, ce péché d'Israël; épines et chardons grimperont sur leurs autels… »
« … Ils diront alors aux montagnes : ‘Couvrez-nous!’
et aux collines : ‘Tombez sur nous!’ »
Dans cette demande, c’est le désespoir du peuple qui s’exprime :
face aux désastres vécus, plutôt mourir !
Mais la Parole de Dieu ne s’en tiendra pas à cette
note-là…
Nous annoncions dans l’introduction le double fil qui
tisse les prophéties d’Osée. Si nous avons largement évoqué ici les infidélités
d’Israël, le chapitre suivant tissera le fil de l’attachement de Dieu pour son
peuple. Nous ne pouvons nous empêcher d’en citer un extrait, pour susciter le
goût de la lecture :
« Comment t'abandonnerais-je, Éphraïm, te
livrerais-je, Israël ? Comment te traiterais-je comme Adma, te rendrais-je
semblable à Çeboyim ? Mon cœur en moi est bouleversé, toutes mes entrailles
frémissent. Je ne donnerai pas cours à l'ardeur de ma colère, je ne détruirai
pas à nouveau Éphraïm, car je suis Dieu et non pas homme, au milieu de toi je
suis le Saint, et je ne viendrai pas avec fureur… » (11, 8-9)
En fait, ces paroles parfois dures de Dieu pour son
peuple ne visent qu’un seul objectif : le reconduire dans l’Alliance, lui
rappeler le bonheur de sa jeunesse, lui indiquer la voie de ses amours d’antan…
Prière :
Seigneur, par la
parole de ton prophète, tu veux détruire nos idoles et nos autels, mais pas
nous-mêmes…
Tu veux purifier
notre cœur, pour l’aider à mieux aimer et surtout à se tourner vers Toi. Toi
seul peux nous offrir le vrai bonheur.
Pour cette
invitation à reconnaître tes bienfaits et à susciter notre fidélité. Pour ton
Esprit qui nous y aide, jour après jour, Seigneur, sois béni !
Sr Marie-Jean
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