vendredi 21 novembre 2014

Ce qui concerne la Voie



Ac 24, 17-23


Le texte (traduction : Bible de Jérusalem) :
« 17 ‘Au bout de bien des années, je suis venu apporter des aumônes à ma nation et présenter des offrandes :
 18 c'est ainsi qu'ils m'ont trouvé dans le Temple ; je m'étais purifié et ne provoquais ni attroupement ni tumulte.
 19 Mais quelques Juifs d'Asie... - c'est eux qui auraient dû se présenter devant toi et m'accuser, s'ils avaient quelque chose contre moi !
 20 Que ceux-ci du moins disent, eux, de quel délit ils m'ont trouvé coupable lorsque j'ai comparu devant le Sanhédrin !
 21 À moins qu'il ne s'agisse de cette seule parole que j'ai criée, debout au milieu d'eux : C'est à cause de la résurrection des morts que je suis mis aujourd'hui en jugement devant vous’.
 22 Félix, qui était fort exactement informé de ce qui concerne la Voie, les ajourna en disant : ‘Dès que le tribun Lysias sera descendu, je statuerai sur votre affaire’.
 23 Il prescrivit au centurion de garder Paul prisonnier, mais de lui laisser quelques facilités et de n'empêcher aucun des siens de lui rendre service ».

Prière (suggérée par Enzo Bianchi) :
« Notre Dieu, Père de la Lumière, tu as envoyé dans le monde ton Fils, Parole faite chair, pour te manifester à nous, les hommes.
Envoie maintenant sur moi ton Esprit Saint, afin que je puisse rencontrer Jésus-Christ dans cette Parole qui vient de toi ; afin que je la connaisse plus profondément et que, en la connaissant, je l’aime plus intensément pour parvenir ainsi à la béatitude du Royaume. Amen »

Lecture verset par verset :
L’atmosphère de complot et de plaidoirie se poursuit en ce chapitre 24. Paul plaide une nouvelle fois sa cause, en présence du gouverneur Félix, du grand-prêtre Ananias, de la délégation du Sanhédrin – composée exclusivement d’anciens –, et d’un avocat nommé Tertullus. Des Juifs y assistent également, qui viennent de confirmer les accusations lancées contre Paul (24, 9 : « Les Juifs l'appuyèrent, assurant qu'il en était bien ainsi »).
L’accusation, reprise par l’avocat, est double : d’un côté, Paul est « une peste : il suscite des désordres chez tous les Juifs du monde entier, et c'est un meneur du parti des Nazôréens » (24, 5) et, de l’autre, « Il a même tenté de profaner le Temple » (24, 6).
La première accusation rapporte le danger que représente Paul pour l’ordre public : il est soupçonné d’être un agitateur politique. Paul intéresse donc le pouvoir romain, puisqu’il est un obstacle à la paix romaine (la célèbre pax romana).
Quant à la seconde accusation, elle apparaissait déjà au chapitre 21, lorsque les Juifs d’Asie disaient de Paul : « ‘… Le voici, l'individu qui prêche à tous et partout contre notre peuple, contre la Loi et contre ce Lieu ! Et voilà encore qu'il a introduit des Grecs dans le Temple et profané ce saint Lieu’. Précédemment en effet ils avaient vu l'Éphésien Trophime avec lui dans la ville, et ils pensaient que Paul l'avait introduit dans le Temple » (21, 28-29).
C’est ce second point qui retiendra l’attention de Paul et sur lequel il se prononcera : il s’en tiendra ainsi au contenu religieux.
Eclairés par l’explication du contexte, nous pouvons commencer la lecture de notre extrait :

(v. 17) « Au bout de bien des années, je suis venu apporter des aumônes à ma nation et présenter des offrandes… »
Pour contrer l’accusation de semeur de désordre et attester de sa « conscience irréprochable devant Dieu et devant les hommes » (24, 16), Paul évoque une mission de charité. Cette information n’est attestée qu’ici dans les Actes, comme motif de sa montée à Jérusalem[1]. Relevons l’élément significatif de cette déclaration : l’expression « à ma nation » montre combien Paul veut rester solidaire de son peuple.

(v. 18-20) « c'est ainsi qu'ils m'ont trouvé dans le Temple ; je m'étais purifié et ne provoquais ni attroupement ni tumulte. Mais quelques Juifs d'Asie... - c'est eux qui auraient dû se présenter devant toi et m'accuser, s'ils avaient quelque chose contre moi ! Que ceux-ci du moins disent, eux, de quel délit ils m'ont trouvé coupable lorsque j'ai comparu devant le Sanhédrin ! »
Paul retrace ici des événements auxquels nous avons assisté dans les chapitres précédents : l’arrestation, sa comparution devant le Sanhédrin… et se défend de toute culpabilité.

(v. 21) « À moins qu'il ne s'agisse de cette seule parole que j'ai criée, debout au milieu d'eux : C'est à cause de la résurrection des morts que je suis mis aujourd'hui en jugement devant vous ».
Il termine sa plaidoirie par le sujet qui suscite le désaccord entre Pharisiens et Sadducéens, à savoir la résurrection des morts (cfr Ac 23). L’habileté de Paul est notable, car il est clair qu’un tribunal romain ne pourrait condamner quelqu’un pour une croyance religieuse…

(v. 22) « Félix, qui était fort exactement informé de ce qui concerne la Voie[2], les ajourna en disant : ‘Dès que le tribun Lysias sera descendu, je statuerai sur votre affaire’ »
De fait, le jugement du gouverneur Félix rejoint l’estimation du tribun Lysias, qui écrivait dans la lettre citée plus haut : « J'ai constaté que l'accusation se rapportait à des points contestés de leur Loi, mais qu'il n'y avait aucune charge qui entraînât la mort ou les chaînes » (23, 29).
Les deux officiers romains sont donc du même avis : l’objet du procès est interne au judaïsme. Comme au chapitre 18, on aurait pu assister au renvoi des plaignants et à la clôture de l’affaire (v. 15 et suivants), mais le procès est une nouvelle fois postposé[3].

(v. 23) « Il prescrivit au centurion de garder Paul prisonnier, mais de lui laisser quelques facilités et de n'empêcher aucun des siens de lui rendre service »
Paul est gardé prisonnier… et cet état se poursuivra dans les versets suivants.
Néanmoins, son sort n’est pas des plus funestes. Il bénéficie en effet d’un traitement de faveur, étant entendu que le régime carcéral n’était pas à l’époque des plus propices : les détenus dépendaient de la générosité de leurs relations personnelles. Paul pourra ainsi, dans son emprisonnement, éprouver la sollicitude et la fidélité de son Dieu…


Prière :
Seigneur, tu as appelé ton apôtre Paul à une vie de missionnaire et de témoin. Il a connu de nombreuses embûches et éprouvé beaucoup de contrariétés… mais il a aussi ressenti ta présence, ton soutien, ton Amour.
Tu lui as exprimé ta proximité, au creux du cœur et par ceux qui sont restés proches de lui.
A tous ceux qui veulent témoigner de Toi, Seigneur, comme tu le fis pour Paul, envoie ton Esprit de persévérance et de confiance !
Amen


[1] La thématique de la collecte apparaît maintes fois dans les Epîtres pauliniennes : Gal 2, 7-10 ; Rm 15, 25-28 ; 1 Co 16, 1-4 ; 2 Co 8-9.
[2] « La Voie » désignait les premiers chrétiens, sans cesse sur les routes.
[3] Relisez particulièrement depuis 21, 27…

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