Ac 24, 17-23
Le
texte (traduction : Bible de Jérusalem) :
« 17 ‘Au bout de
bien des années, je suis venu apporter des aumônes à ma nation et présenter des
offrandes :
18 c'est ainsi qu'ils m'ont trouvé dans le
Temple ; je m'étais purifié et ne provoquais ni attroupement ni tumulte.
19 Mais quelques Juifs d'Asie... - c'est eux
qui auraient dû se présenter devant toi et m'accuser, s'ils avaient quelque
chose contre moi !
20 Que ceux-ci du moins disent, eux, de quel
délit ils m'ont trouvé coupable lorsque j'ai comparu devant le Sanhédrin !
21 À moins qu'il ne s'agisse de cette seule
parole que j'ai criée, debout au milieu d'eux : C'est à cause de la
résurrection des morts que je suis mis aujourd'hui en jugement devant vous’.
22 Félix, qui était fort exactement informé de
ce qui concerne la Voie, les ajourna en disant : ‘Dès que le tribun Lysias sera
descendu, je statuerai sur votre affaire’.
23 Il prescrivit au centurion de garder Paul
prisonnier, mais de lui laisser quelques facilités et de n'empêcher aucun des
siens de lui rendre service ».
Prière (suggérée
par Enzo Bianchi) :
« Notre Dieu, Père de la
Lumière, tu as envoyé dans le monde ton Fils, Parole faite chair, pour te
manifester à nous, les hommes.
Envoie maintenant sur
moi ton Esprit Saint, afin que je puisse rencontrer Jésus-Christ dans cette
Parole qui vient de toi ; afin que je la connaisse plus profondément et
que, en la connaissant, je l’aime plus intensément pour parvenir ainsi à la
béatitude du Royaume. Amen »
Lecture verset par
verset :
L’atmosphère de complot
et de plaidoirie se poursuit en ce chapitre 24. Paul plaide une nouvelle fois
sa cause, en présence du gouverneur Félix, du grand-prêtre Ananias, de la
délégation du Sanhédrin – composée exclusivement d’anciens –, et d’un avocat
nommé Tertullus. Des Juifs y assistent également, qui viennent de confirmer les
accusations lancées contre Paul (24, 9 : « Les Juifs
l'appuyèrent, assurant qu'il en était bien ainsi »).
L’accusation, reprise
par l’avocat, est double : d’un côté, Paul est « une peste : il
suscite des désordres chez tous les Juifs du monde entier, et c'est un meneur
du parti des Nazôréens » (24, 5) et, de l’autre, « Il a même tenté de
profaner le Temple » (24, 6).
La première accusation
rapporte le danger que représente Paul pour l’ordre public : il est
soupçonné d’être un agitateur politique. Paul intéresse donc le pouvoir romain,
puisqu’il est un obstacle à la paix romaine (la célèbre pax romana).
Quant à la seconde
accusation, elle apparaissait déjà au chapitre 21, lorsque les Juifs d’Asie
disaient de Paul : « ‘… Le voici, l'individu qui prêche à tous et
partout contre notre peuple, contre la Loi et contre ce Lieu ! Et voilà encore
qu'il a introduit des Grecs dans le Temple et profané ce saint Lieu’. Précédemment
en effet ils avaient vu l'Éphésien Trophime avec lui dans la ville, et ils
pensaient que Paul l'avait introduit dans le Temple » (21, 28-29).
C’est ce second point
qui retiendra l’attention de Paul et sur lequel il se prononcera : il s’en
tiendra ainsi au contenu religieux.
Eclairés par
l’explication du contexte, nous pouvons commencer la lecture de notre
extrait :
(v. 17) « Au bout
de bien des années, je suis venu apporter des aumônes à ma nation et présenter
des offrandes… »
Pour contrer l’accusation de semeur de désordre et
attester de sa « conscience irréprochable devant Dieu et devant les
hommes » (24, 16), Paul évoque une mission de charité. Cette information n’est attestée qu’ici dans les Actes,
comme motif de sa montée à Jérusalem[1]. Relevons
l’élément significatif de cette déclaration : l’expression « à ma
nation » montre combien Paul veut rester solidaire de son peuple.
(v. 18-20) « c'est
ainsi qu'ils m'ont trouvé dans le Temple ; je m'étais purifié et ne provoquais
ni attroupement ni tumulte. Mais quelques Juifs d'Asie... - c'est eux qui
auraient dû se présenter devant toi et m'accuser, s'ils avaient quelque chose
contre moi ! Que ceux-ci du moins disent, eux, de quel délit ils m'ont trouvé
coupable lorsque j'ai comparu devant le Sanhédrin ! »
Paul retrace ici des
événements auxquels nous avons assisté dans les chapitres précédents :
l’arrestation, sa comparution devant le Sanhédrin… et se défend de toute
culpabilité.
(v. 21) « À moins
qu'il ne s'agisse de cette seule parole que j'ai criée, debout au milieu d'eux
: C'est à cause de la résurrection des morts que je suis mis aujourd'hui en
jugement devant vous ».
Il termine sa
plaidoirie par le sujet qui suscite le désaccord entre Pharisiens et
Sadducéens, à savoir la résurrection des morts (cfr Ac 23). L’habileté de Paul
est notable, car il est clair qu’un tribunal romain ne pourrait condamner
quelqu’un pour une croyance religieuse…
(v. 22) « Félix,
qui était fort exactement informé de ce qui concerne la Voie[2], les
ajourna en disant : ‘Dès que le tribun Lysias sera descendu, je statuerai sur
votre affaire’ »
De fait, le jugement du
gouverneur Félix rejoint l’estimation du tribun Lysias, qui écrivait dans la
lettre citée plus haut : « J'ai constaté que l'accusation se
rapportait à des points contestés de leur Loi, mais qu'il n'y avait aucune
charge qui entraînât la mort ou les chaînes » (23, 29).
Les deux officiers
romains sont donc du même avis : l’objet du procès est interne au
judaïsme. Comme au chapitre 18, on aurait pu assister au renvoi des plaignants
et à la clôture de l’affaire (v. 15 et suivants), mais le procès est une
nouvelle fois postposé[3].
(v. 23) « Il
prescrivit au centurion de garder Paul prisonnier, mais de lui laisser quelques
facilités et de n'empêcher aucun des siens de lui rendre service »
Paul est gardé
prisonnier… et cet état se poursuivra dans les versets suivants.
Néanmoins, son sort
n’est pas des plus funestes. Il bénéficie en effet d’un traitement de faveur,
étant entendu que le régime carcéral n’était pas à l’époque des plus
propices : les détenus dépendaient de la générosité de leurs relations
personnelles. Paul pourra ainsi, dans son emprisonnement, éprouver la
sollicitude et la fidélité de son Dieu…
Prière :
Seigneur,
tu as appelé ton apôtre Paul à une vie de missionnaire et de témoin. Il a connu
de nombreuses embûches et éprouvé beaucoup de contrariétés… mais il a aussi
ressenti ta présence, ton soutien, ton Amour.
Tu lui as exprimé ta proximité, au creux du cœur et par
ceux qui sont restés proches de lui.
A tous ceux qui veulent témoigner de Toi, Seigneur, comme
tu le fis pour Paul, envoie ton Esprit de persévérance et de confiance !
Amen
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