Lc 22
21 « Mais voici : la main de celui qui me livre se sert à cette
table avec moi. 22 Car le Fils de l'homme s'en va selon ce qui a été fixé. Mais
malheureux cet homme par qui il est livré ! »
Esprit saint, heureux celui qui
accueille la Parole, qui conserve dans le cœur les paroles et les gestes du
Seigneur. Veille avec nous sur ces paroles précieuses.
Mais voici : quel enchaînement abrupt !
Jésus vient de partager le pain et le vin, corps et sang de la nouvelle
alliance, et, sans la moindre transition, sans même annoncer la trahison, il
parle du traître.
la main de celui qui me livre se sert à cette table avec moi : chez Luc,
Jésus ne répond à aucune question. Pas de « Qui est-ce ? » ni de
« Est-ce moi ? » La phrase tombe comme un couperet… on imagine
le choc des apôtres, même s’ils n’ont, de nouveau, rien compris ! Car
Jésus ne nomme personne, ce n’est pas par Luc que nous connaissons le nom du
traître.
L’image de ce geste est forte :
Jésus et celui qui va le livrer se servent en même temps, au même plat, l’un
avec l’autre. Ce geste est, apparemment, celui de quelqu’un qui vit de la
communion signifiée par le plat partagé. Et Jésus accepte, ou provoque, ce
geste de communion entre eux.
Car le Fils de l'homme s'en va selon ce qui a été fixé : Luc emploie
cette expression « ce qui a été fixé » pour exprimer à ses lecteurs
grecs l’idée juive des Ecritures à accomplir et souligner ainsi que Jésus est
bien le Messie attendu. Oui, c’est bien « le Fils de l’homme » qui va
« s’en aller ».
Mais malheureux cet homme par qui il est livré ! : bien sûr, il
n’y a là ni malédiction ni condamnation, mais une tragique constatation. Cet
homme « livre » Jésus, mais Jésus, lui, « s’en va », en
toute liberté et fidélité à sa mission. Combien est-il en effet malheureux, celui-là qui va trahir celui qui vient de tout lui donner, de se donner tout entier. Car
Luc a cette audace (contrairement à Marc et Matthieu) de situer l’institution
de l’Eucharistie en présence de Judas : l’Alliance nouvelle lui a donc été
offerte à lui aussi. Jésus, sachant ce qui allait arriver, l’a compté au nombre
des siens pour ce dernier repas.
Seigneur Jésus, nul n’est rejeté de
ton banquet, c’est à chacun, quoiqu’il ait fait, quoiqu’il s’apprête à faire,
que tu te donnes, que tu offres ton amour. Donne-nous d’accueillir tes dons,
ton amour, avec une humilité consciente que, grâce à ta miséricorde, toi-même
nous en rends dignes.
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