Liturgie de la Parole 29e vendredi TO-I
Lectures : Romains 7,18-25a ; Psaume 118 (119), 66.68, 76-77, 93-94 ; Luc 12,54-59
Méditation
Quelle visage de Dieu ressort-il de ces textes ?
Paul est confronté à ses tiraillements intérieurs entre ce qu’il voudrait être et faire et ce qu’il est et fait en réalité. Cette page de la lettre aux Romains est précieuse, car je crois que chacun peut s’y reconnaître plus ou moins. De voir le grand Saint Paul plein de zèle et d’énergie se décrire ainsi… c’est finalement encourageant !
A Damas, Paul s'est rendu compte que son zèle plein de fougue l'éloignait de Dieu qu'il croyait servir ainsi.
je me suis inspirée du livre de Daniel Marguerat (1) et de la session qu'il a animée ici.
Je vous cite Daniel Marguerat dans sa conférence sur la lettre aux Romains lors de la session d’août 2024 : « Pour Paul, le péché ce n’est pas la faute, ce n’est pas la transgression de la Loi, c’est une puissance, un pouvoir. C’est un pouvoir qui coupe l’homme de Dieu ou qui rompt la relation à Dieu. C’est un pouvoir qui s’impose à l’humain et c’est de ce pouvoir là que le baptême va détourner l’individu. Mais Paul ne parle jamais du péché en soi. Quand il parle du péché c’est toujours pour dire : son pouvoir a été abrogé par la grâce. Sa prédication sur le péché n’est jamais culpabilisante parce que c’est toujours pour dire : ce péché a été abrogé par la grâce. »
Ainsi résonne la dernière phrase de notre passage, comme un cri de reconnaissance et d’espérance : Mais grâce soit rendue à Dieu par Jésus-Christ notre Seigneur !
Ce que ni Paul, ni nous, n’arrivons à faire le Seigneur l’accomplira au temps voulu par sa grâce et même l’accomplit déjà sans que nous nous en rendions compte. Cette faiblesse reconnue et acceptée sans résignation est le terreau où sa grâce peut agir. Elle agit en collaboration avec nous qui voulons le bien et qui n’arrivons pas à l’accomplir. Surtout, elle est un don gratuit, nous l’avons entendu hier, elle est la vie éternelle dans le Christ Jésus notre Seigneur. (Romains 6,23) Elle est la vie en relation avec Dieu. Elle est sa présence agissante en nous dont rien ne peut nous séparer.
Le lien avec l’Évangile de saint Luc ?
Une accumulation, un enchaînement inexorable : adversaire, magistrat, juge, huissier, prison, jusqu’au dernier centime !
Qu’est-ce que Jésus peut bien vouloir nous faire comprendre par ce passage? Avec la question centrale : « Ce moment-ci, pourquoi ne savez-vous pas l’interpréter ? Et pourquoi aussi ne jugez-vous pas par vous-mêmes ce qui est juste ? » Apprendre à interpréter et à discerner ce qui est juste !
Est-ce juste de voir le Seigneur comme un adversaire sans pitié ? Est-ce juste de voir l’autre comme un adversaire ? Est-ce juste de voir en cet adversaire moi-même et d’être tiraillé comme saint Paul le décrit ? Est-ce juste de se croire encore soumis au pouvoir du péché, au pouvoir de ce qui rompt la relation avec le Seigneur ?
Que nous dit Jésus? Pendant que tu es en chemin mets tout en œuvre pour t’arranger avec lui. Littéralement : mets en œuvre d’être délivré de lui.
S’arranger avec cet adversaire, en être délivré, c’est peut-être changer de regard. Sur Dieu, sur l’autre, sur moi-même. C’est ne plus voir le Seigneur comme un adversaire sans pitié ou un juge sans pitié. Jésus ne s’est-il pas décrit un peu plus haut (nous l’avons entendu mardi) comme le maître qui met le tablier de service et sert lui-même ses serviteurs ? Ne montre-t-il pas au long de sa vie un accueil inconditionnel de ceux qui se tournent vers lui ?
C’est me rappeler que le péché, tout ce qui rompt la relation avec le Seigneur a été abrogé par la grâce. Il met loin de nous nos péchés chante le psaume 102 (Psaume 102, 12).
Ce changement de regard sur Dieu rejaillit sur le regard porté sur l’autre, sur moi-même. Être délivré des oppositions et marcher sur le chemin de l’acceptation des différences, de la reconnaissance des complémentarités. Finalement marcher sur le chemin de la fraternité.
Demandons cette grâce au Seigneur, soyons sûrs qu’il n’attend que notre désir pour nous l’offrir.
Et n’oublions jamais que « rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur. » (Romains 8,38-39)
Introduction au Notre Père
Tu es béni, Père, Seigneur du ciel de la terre de nous offrir ta grâce : nous te chantons de tout notre cœur…
(1) Daniel Marguerat. Paul de Tarse, L'enfant terrible du christianisme. éditions du Seuil. Paris mars 2023. pages 246-264
sr Marie-Christine le 24 octobre 25
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