samedi 4 octobre 2025

Liturgie de la Parole 26e samedi TO-I

Lectures : Baruc 4,5-12.27-29 ; Psaume 68 ; Luc 10,17-24

Résonances 

Le début du livre de Baruch se présente comme une lettre écrite à Babylone par Baruc, le secrétaire de Jérémie, en 582, la 5ème année de la déportation. Elle s’adresse aux survivants qui sont restés à Jérusalem, le « petit reste ». Ce livre a cependant été écrit beaucoup plus tard, probablement aux 2ème siècle av. JC. Il se réclame de Baruc parce qu’il rejoint sur certains points l’enseignement de Jérémie. Notamment le fait de considérer l’exil comme un temps de grâce et de retour à soi dans la pénitence, un temps de purification qui ne pourra qu’aboutir à un retour, une nouvelle alliance. Donc, Baruc écrit pour ses contemporains (au 2ème siècle, on est sous le joug des Séleucides) en leur donnant pour miroir l’épreuve des exilés de Babylone qui ont reconnu que leur épreuve est la conséquence de leur abandon des préceptes de Dieu, et qui s’en sont repentis. Nous avons entendu hier une partie de la prière pénitentielle. Aujourd’hui, nous recevons une partie plus exhortative, à la fin du livre, où résonne à plusieurs reprises le mot « courage ! »
Le fil rouge du livre de Baruc, c’est donc une relecture de l’histoire, avec l’idée que ce qui nous arrive, nous l’avons bien mérité, et que Dieu est à la fois celui qui nous envoie l’épreuve et celui qui nous en retire. D’où l’encouragement à la conversion et à chercher Dieu (vv. 27-29)
Comment cette théologie résonne-t-elle à nos oreilles ? Nous avons de la peine à voir en Dieu celui qui nous envoie l’épreuve. Cependant, nous reconnaissons que parfois l’épreuve qui survient est en partie de notre faute. Nous voyons aussi clairement qu’il y a une sorte de faute collective, dont personne ne se sent ultimement responsable et qui pourtant nous culpabilise… Ou du moins nous procure un grand sentiment d’impuissance. Je pense, par exemple, au réchauffement climatique. Ou encore à la situation délétère de nos démocraties… Que pouvons-nous faire individuellement pour que cela change ?
La communauté juive vient de fêter la fête du grand Pardon, Yom Kippour. Une démarche de pénitence collective, qui s’exprime dans une liturgie, dans des rituels. Les rituels peuvent-ils changer le cours des choses, si les cœurs ne suivent pas ? Mais le message de Yom Kippour c’est aussi que la miséricorde de Dieu ne se laisse jamais décourager. La liturgie marque symboliquement dans le temps le fait que Dieu redonne toujours une chance de recommencer. On ne doit jamais se laisser enfermer dans la culpabilité.
Le prophète aujourd’hui nous dit : « courage ! » Autrement dit : « soyez forts ! » Comme Dieu l’avait dit à Josué au moment d’entrer en terre promise « sois fort et prends courage ». Il faut une force intérieure, il faut du courage et de l’audace pour ne pas se laisser engluer dans le sentiment de l’impuissance.
Quand Francesco Bernardone a pris conscience du système inégalitaire et violent dans lequel il se trouvait impliqué de par sa naissance et son tempérament bouillonnant, il a pris son courage à deux mains pour sortir de ce déterminisme. Et le Seigneur a utilisé ce caractère entier, ardent, radical, pour secouer le cocotier de son Église. « Courage ! »
Cela peut donner une forme d’enthousiasme exalté, comme celui des disciples revenant de mission : « Seigneur, même les démons nous sont soumis en ton nom ! » Et Jésus de répondre : « je voyais Satan tomber du ciel comme l’éclair ! » Cependant, la joie qui en résulte doit être bien orientée : « réjouissez-vous parce que vos noms sont inscrits dans les cieux ».
L’évangile de ce jour nous permet d’être témoins de la joie de Jésus, une joie inattendue. « Père, je proclame ta louange. Ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits ». Puissions-nous entendre aujourd’hui et accueillir pour notre compte cette parole de Jésus : « heureux les yeux qui voient ce que vous voyez ! ».
Seigneur, ouvre nos yeux, fais-nous voir les chemins de ta joie.

Sr Marie-Raphaël le 4 octobre 2025

Aucun commentaire: