vendredi 3 octobre 2025

Liturgie de la Parole 26e vendredi TO-I

Lectures: Baruc 1,15-22; Psaume 78; Luc 10,13-16

Ouverture

Le début du livre de Baruch se présente comme une lettre écrite à Babylone par Baruc, le secrétaire de Jérémie, en 582, la 5ème année de la déportation. Elle s’adresse aux survivants qui sont restés à Jérusalem, le « petit reste ». Ce livre a cependant été écrit beaucoup plus tard, probablement aux 2ème siècle av. JC. Il se réclame de Baruc parce qu’il rejoint sur certains points l’enseignement de Jérémie. Notamment le fait de considérer l’exil comme un temps de grâce et de retour à soi dans la pénitence, un temps de purification qui ne pourra qu’aboutir à un retour, une nouvelle alliance. Donc, Baruc écrit pour ses contemporains (au 2ème siècle, on est sous le joug des Séleucides) en leur donnant pour miroir l’épreuve des exilés de Babylone qui ont reconnu que leur épreuve est la conséquence de leur abandon des préceptes de Dieu, et qui s’en sont repentis. Le texte qu’il leur envoie est une proposition de prière pénitentielle. Nous n’en entendrons qu’une toute petite partie (7 versets sur 50). 


Résonances

Ce texte invite donc à une démarche pénitentielle, liturgique, collective. Le premier verset donne le ton : « au Seigneur notre Dieu appartient la justice, mais à nous la honte sur le visage, comme on le voit aujourd’hui ».
La honte est un sentiment fort (comme la colère, comme la joie) qui peut guider une action. La honte peut nous paralyser, parce qu’elle enlève toute estime de soi. Mais, au contraire, la honte peut aussi nous stimuler, devenir le moteur puissant de notre réactivité. La honte peut être individuelle. Elle peut aussi être collective, comme ici. Elle vient alors du fait qu’on se sent solidaire d’un péché dont personne n’est totalement innocent… sans être pourtant coupable. Aujourd’hui, on parle de « péché systémique ». Par exemple dans la crise des abus.
La honte n’est pas facile à vivre, mais elle est une réaction saine. Elle peut être le point de départ de la conversion. Dans ce sens, elle est une grâce.
Dans l’évangile, Jésus se lamente sur Corazine et Bethsaïde, parce qu’elles ne connaissent pas la honte et ne reconnaissent pas les signes que Dieu leur envoie, devant lesquels des villes comme Tyr et Sidon auraient depuis longtemps fait pénitence.
Pour comprendre ce passage de l’évangile, il faut le raccrocher à ce qui précède (évangile d’hier) : le discours d’envoi en mission des 72. Jésus fait ses recommandations. Ne passez pas de maison en maison. Là où on vous accueille bien, mangez et buvez avec reconnaissance ce qu’on vous donnera. Mais si on ne veut pas de vous, n’insistez pas. Rejetez même la poussière de cette ville… C’est dans ce contexte que Jésus se lamente sur Corazine et Bethsaïde. Il se lamente : il exprime sa tristesse : il ne maudit pas. Il ne dit pas : « maudite sois-tu ! », mais : « malheureuse es-tu ! »
Le dernier verset de ce passage de l’évangile semble difficile à raccrocher à ce qui précède, mais c’est en fait le verset de conclusion de tout le discours d’envoi en mission : « qui vous écoute, m’écoute ; qui vous rejette, me rejette ; qui me rejette, rejette celui qui m’a envoyé ». Il insiste sur l’écoute. Le contraire de l’écoute, c’est le rejet, qui peut être un franc mépris, mais aussi le silence de l’indifférence. 
Actualisation : pour le synode, le pape François insiste sur l’écoute. Les participants ne doivent pas arriver avec l’idée d’imposer leur idée, leur point de vue. Mais écouter, laisser l’autre s’exprimer jusqu’au bout… au risque de se laisser transformer.
La prière de Baruc suggère que c’est le Seigneur qui met dans nos cœurs la « bonne honte », la « crainte de Dieu ». C’est lui aussi qui nous donne un « cœur qui écoute », afin que, en fin de compte, nous sachions le louer. Demandons-lui, sinon la honte, au moins le don de crainte et la grâce de l’écoute, afin que la puissance de sa Parole pénètre dans tous les lieux où nous amène la mission.


Prière

Seigneur, enseigne-nous la prière qui te plaît, donne-nous un cœur humble qui sache reconnaître ses erreurs et qui ne perd jamais la confiance en toi. Béni sois-tu pour ta confiance en nous, quand tu nous envoies proclamer à qui veut bien l’entendre que ton Royaume est tout proche. Prends pitié de ceux qui te rejettent ou te refusent. Que ta patience nous sauve tous, afin que notre louange s’élève sans relâche vers toi.

sr Marie-Raphaël le 6 octobre 2023


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