mercredi 8 octobre 2025

Liturgie de la Parole 27e mercredi TO-I 

Une prière qui unit (Luc 11, 1-4)

Lectures : Jonas 4,1-11 ; Psaume 85 ; Luc 11,1-4

Méditation 

Un dimanche de vacances, nous allions vers une petite église paroissiale pleine de vie : habitants du village, familles avec enfants de tous âges, vacanciers et visiteurs discrets attirés par l’architecture sobre du lieu. A côté des paroissiens, beaucoup semblaient peu familiers de la liturgie, parce qu’ils n’étaient pas du cru, ne comprenaient pas la langue du pays ou découvraient la messe pour la première fois… Un monde varié, comme pour les jours de fête…
Au moment du Notre Père, il s’est passé quelque chose d’inattendu : chacun a prié dans sa langue sans qu’on l’y invite : Padre nostro, Notre Père, Vater unser, et d’autres idiomes que je ne connaissais pas. Pourtant, ce n’était pas une cacophonie.
Cela m’a rappelé Taizé, ou Chevetogne avec nos amies ukrainiennes, ou Hurtebise quand les hôtes prient en néerlandais. La mélodie, ou plutôt le rythme était le même pour tous ; chaque mot prononcé s’inscrivait dans un même tempo, dans un souffle commun. Les voix se croisaient et résonnaient dans l’église. C’était beau, pas gênant.
Les langues différentes ne séparaient pas : elles enrichissaient la prière. Le cœur tourné vers le Père était partagé, peut-être même en silence par ceux qui n'y croyaient pas trop. En y prêtant plus attention, on sentait presque le souffle circuler de voix en voix, un souffle vivant, léger, puissant. Ce Père n’était pas le mien ou le leur : il était le nôtre, celui qui rassemble, unit et transforme la diversité en harmonie.
Avant Vatican II, la participation active de chacun à la liturgie dans sa langue était limitée. On nous a appris les prières en latin : le cœur y était, mais la prière s’exprimait dans une langue morte et pour beaucoup peut-être désincarnée, trop sacralisée. Il y avait aussi les personnes qui se sentaient exclues, indignes, malvenues, à moitié dedans et à moitié dehors, moralement et parfois physiquement. Aujourd’hui, nous n’en sommes plus là.
Le souffle pluriel de cette petite église de vacances est devenu presque « normal ». Il est désormais possible à tous et toutes, de toute culture et de toute langue, de toute origine, de tout parcours personnel, d’entrer dans une église, de dire la même prière et de vivre ensemble simplement du même souffle.
En entendant cette diversité de langues autour de moi, j’ai pensé aussi aux autres familles chrétiennes unies dans la foi. Ce « Notre Père » unit les chrétiens. Chaque voix, différente et semblable à la fois, participe à ce même chant : une seule respiration dans la prière commune adressée à Dieu.
Parfois, la véritable rencontre avec l’autre commence avec ce simple Notre Père, partagé sur une mélodie commune. Repère de foi et d’unité, témoin de nos ressemblances et de nos différences. Les paroles restent un instant suspendues entre le ciel et la terre, comme un fil invisible qui nous relie tous, avec ce que nous sommes. Profitons-en : c’est une grâce…
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Bien sûr la version du « Notre Père » de Luc n'est pas celle de Matthieu que nous récitons à chaque célébration. Mais qu'est-ce que cela change ? Ne sont-elles pas, elles aussi, des traductions ? Et ne les disons-nous pas avec la même foi et le même élan ?

Isabelle le 8 octobre 25


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