lundi 13 octobre 2025

Liturgie de la Parole 28e lundi TO-I

Lectures : Romains 1,1-7 ; Psaume 97 ; Luc 11,29-32

Méditation

La dernière phrase de l’Évangile de samedi était : Heureux (…) ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la gardent. Jésus en propose une illustration à ceux qui cherchent un signe sans voir, sans vouloir voir peut-être, que le signe est devant eux : Jésus et son œuvre de vie.
La reine de Saba se dressera, les habitants de Ninive se lèveront. Se dresser, littéralement se réveiller, et se lever sont deux verbes utilisés pour la résurrection. 
La reine de Saba est venue des extrémités de la terre pour écouter Salomon : c’est dire sa soif d’écouter, de se laisser déplacer par l’écoute de la sagesse de Salomon. Elle est au centre de la péricope, elle, une femme étrangère. Elle se réveillera en même temps que les hommes de cette génération et elle ne les jugera pas, mais elle les condamnera par sa propre attitude de foi, de confiance, d’adhésion du fond du cœur à la sagesse de Salomon à travers laquelle elle reconnut la bienveillance du Seigneur pour Israël (voir 1Rois 10,1-13, surtout verset 9). De même les Ninivites se lèveront et condamneront par leur conversion ceux qui refusent de se convertir.
En fait , je pense que ce ne sont ni la reine de Saba, ni les Ninivites, encore moins Jésus, qui condamneront. C’est plutôt en voyant leur soif d’écoute, leur foi, leur désir de conversion, que les hommes de cette génération constateront qu’ils n’ont pas ces attitudes qui conduisent à la vie et ils se condamneront eux-mêmes.
L’exemple de ces païens, pire des ennemis héréditaires qu’étaient les Ninivites, devrait stimuler, ouvrir les cœurs à l’écoute de Celui est venu pour que nous ayons la vie, la vie en abondance. (cf. Jean 10,10). 
En quoi ces textes m’éclairent-ils et me stimulent-ils ? 
L’écoute, la conversion, accepter de se laisser bousculer et transformer par la parole agissante de Jésus, par la parole d’autres personnes, par les événements, c’est se réveiller, c’est se lever, c’est ressusciter. Une vie se réveille en nous, grandit, nous met debout. 

Que découvrons-nous ? Saint Paul nous donne des pistes dans le début de sa lettre aux Romains. Il s’adresse à tous les bien-aimés de Dieu qui sont à Rome… et ailleurs dans le monde. Chaque personne est bien-aimée de Dieu. Qu’elle vienne des extrémités de la terre comme la reine de Saba, qu’elle semble être ennemie comme les Ninivites, elle est aimée de Dieu de manière unique. C’est à la fois un don gratuit et un appel.
-Appel à être saints, non pas une statue dans une niche, mais, comme Paul, mis à part pour l’Évangile de Dieu, la Bonne Nouvelle. Mis à part, pour être apôtre -c’est-à-dire envoyé- annoncer que Dieu est fidèle à ses promesses, qu’il nous dit son amour par son Fils, Jésus-Christ, notre Seigneur. Jésus, qui a vécu notre condition humaine, qui est ressuscité d’entre les morts, qui est vivant. L’exemple de Jésus et de Paul rappelle que, mis à part et envoyés, nous sommes appelés à être témoins par notre vie quotidienne en plein pâte humaine, pas en se ghettoïsant.
-Appel à l’obéissance de la foi, attitude d’adhésion, de confiance existentielles. Une écoute obéissante et agissante. Une foi qui se laisse enseigner, une foi qui nous habite tout entier.
Comme le dit Tomas Halik dans le livre que nous lisons au réfectoire : 
« Ce n’est pas quand l’homme professe en paroles que l’on peut rechercher et juger de l’authenticité de sa foi, mais dans la mesure où celle-ci a pénétré et transformé son existence et son cœur, dans la façon dont il se comprend lui-même, dans sa relation vécue avec le monde, la nature et les hommes, dans son rapport à la vie et à la mort. L’homme ne professe pas sa foi dans le Créateur par ce qu’il pense sur l’origine du monde, mais par la façon dont il se comporte avec la nature ; il professe sa foi en un Père commun en accueillant les autres hommes comme ses frères et ses sœurs et sa foi en une vie éternelle en acceptant sa propre finitude. » (1)

« Si nous manquons de foi, [le Seigneur], lui reste fidèle à sa parole, car il ne peut se rejeter lui-même », avons-nous entendu hier (2 Timothée 2,13, 2e lecture du 28e dimanche année C) : gardons confiance !
Seigneur fais-nous la grâce d’être et de demeurer dans l’obéissance de la foi : qu’elle nous réveille, nous mette debout, nous transforme, et rayonne ta Présence de Vie, d’Amour.

Introduction au Notre Père

Bien-aimés de Dieu tournons-nous vers le Père pour lui chanter de tout notre être la prière du Seigneur, la prière de ceux qui ont reçu sa grâce et sa paix


Sr Marie-Christine le 13 octobre 25

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(1) Tomas HALIK L’après-midi du christianisme. Les éditions du Cerf. Paris 2025 page 35

dimanche 12 octobre 2025

Liturgie de la Parole 28e dimanche année C 

Lectures : 2 Rois 5,14-17; Psaume 97; 2 Timothée 2,8-13; Luc 17,11-19

Je vous propose au choix la méditation de Sœur Myrèse : RECONNAISSANCEhttps://partage-de-lectio.blogspot.com/2022/10/de-la-parole-28e-dimanche-du-to-annee-c.html 

ou celle du Père Jean Lévêque ci-dessous :http://bibleetviemonastique.free.fr/lu171119.htm 

Les 10 lépreux

Méditation du Père Jean Lévêque (Carme) 

Au temps de Jésus, en Palestine, avoir la lèpre, c'était, encore plus qu'aujourd'hui, être condamné à vivre en marge de la communauté humaine. La législation du Lévitique en témoigne: "Le lépreux portera ses vêtements déchirés et ses cheveux dénoués [..] et il criera: Impur! Impur! [..] Tant que durera son mal il demeurera à part; sa demeure sera hors du camp" (Lv 13,45).
Et de fait, c'est à l'entrée d'un village que Jésus entend qu'on l'appelle: "Jésus, maître, prends pitié de nous!" Dix lépreux sont là, compagnons de misère, mais décidés à saisir la chance de leur vie, la dernière chance, puisqu'ils sont rejetés des hommes.

Ils se tiennent à distance, par habitude, par crainte, peut-être, d'indisposer Jésus en osant s'approcher; et jamais la distance ne leur a paru si dure à supporter.
Ainsi en va-t-il de nous, dans notre relation à Jésus et à Dieu. Nous croyons que notre lèpre nous rend indignes de l'amour du Père et qu'elle va rebuter le Seigneur. Nous avons encore peur de nous approcher tels que nous sommes; nous avons peine à croire que Dieu nous aime ainsi, tels que nous sommes; non pas qu'il aime notre lèpre spirituelle, mais il nous aime tout lépreux que nous sommes, car il n'y a place, dans le cœur de Dieu, ni pour le rejet ni pour le dégoût:  "D'un cœur broyé, Seigneur, tu n'as pas de mépris" (Ps 51,19).
Nous imaginons sans cesse qu'une distance nous sépare du Christ. Or jamais le Christ n'est plus proche que lorsque nous souffrons, lorsque nous sentons le poids de la solitude et que nous nous croyons coupés de tout secours humain. 

Et Jésus ne brusque rien. Il respecte la gêne des lépreux, qui se sentent si laids et si peu agréables. Il ne leur dit pas: "Approchez, approchez donc; je vais vous guérir!", mais, avec beaucoup de douceur et de doigté: "Allez vous montrer aux prêtres."
En effet, d'après la Loi il revenait aux prêtres d'abord de faire le constat officiel de la guérison, puis d'offrir divers sacrifices, à la charge de l'homme guéri et à la mesure de ses possibilités financières.
"Allez ... pour le  constat!" Jésus leur demande un acte de foi total: se mettre en route pour le constat de guérison, alors que leur lèpre est encore là, sous leurs yeux, qui leur ronge la chair. Ils partent néanmoins, sur la seule parole de Jésus. 

Quelques instants plus tard, c'est la  guérison, subite, complète, pour les dix en même temps.
Les dix ont cru; mais un seul a remercié: le plus pauvre, le plus méprisé de tous, le seul samaritain de la petite bande de lépreux. Les neuf ont reçu le cadeau du Christ, et cela leur a semblé normal. La bonté de Dieu ne les a pas tirés de leur égoïsme; ils ont saisi avidement le bienfait, sans entendre l'appel; ils n'ont pas compris qu'à travers cette guérison, Jésus leur faisait signe, que Dieu les libérait pour la louange et le service.

Le samaritain, lui, est revenu, oubliant le constat; il est revenu, fou de joie, parlant tout haut et ne cessant pas de remercier Dieu. Il a pris conscience que le Christ l'aimait au point de le guérir, et devant cette évidence bouleversante: "Jésus m'a aimé", il vient se prosterner aux pieds du Maître, pour lui dire avec son corps guéri, avec son cœur soudain adouci par la joie, le merci qui n'est dû qu'à Dieu.


samedi 11 octobre 2025

Liturgie de la Parole 27e samedi TO-I

Évangile : Luc 11, 27-28

Commentaire

« Une lumière est semée pour le juste et pour le cœur simple une joie » Ps 96
« HEUREUX CEUX QUI ÉCOUTENT LA PAROLE DE DIEU ET QUI LA GARDENT. »
Une parole dont chacun des mots qui la constitue mérite que l’on s’y arrête.
Heureux
Ils sont heureux ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la gardent. Dans son discours d’adieu après la Cène, Jésus dira : « Je vous dis cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite » (Jean 15,11). Cette parole de Jésus est l’affirmation de cette prière qu’il connaît, celle du psaume 96. Oui, Pourquoi continuons-nous si facilement à chercher ce qui semble être une porte ouverte sur le bonheur, une illusion bien souvent, quand Jésus est cette Lumière semée pour le juste et le cœur simple, quand Jésus est cette porte d’entrée dans la joie.  Il y a, pour Jésus, un désir ardent à ce que nous puissions vivre heureux, à vivre dans ce qu’il nomme le Royaume de Dieu. N’allons rien chercher d’autre dans l’Évangile qu’un chemin de bonheur, un chemin qui est celui que nous propose Jésus. Nous sommes libres de marcher avec lui sur ce chemin et faire ainsi l’expérience d’être heureux… même quand, certains jours, c’est difficile, douloureux parfois.


Heureux ceux qui…
Ceux qui… ce ne sont pas des personnes précises, des juifs ou ses apôtres, ce sont toutes les personnes de tous les lieux et de tous les temps, c’est vous, c’est moi si nous sommes disposés à écouter la Parole.
 

Ceux qui écoutent 
Sans le silence et l’écoute, la parole rebondit. Il faut cette disposition intérieure et extérieure pour créer l’espace nécessaire à la Parole et lui permettre d’exister, de se dire et se déployer. 


La Parole de Dieu
Ce n’est pas n’importe quoi qui nous est demandé d’écouter, c’est « La Parole de Dieu ».  Écouter la Parole c’est écouter le Verbe de Dieu personnifié, Jésus-Christ. Si nous doutons de lui, de sa parole, adressons-lui notre interrogation, la même interrogation que celle de la Samaritaine au Puits de Jacob : « Je sais que le Messie doit venir – celui qu’on appelle Christ.  Lorsqu’il viendra il nous annoncera toutes choses » Et Jésus lui dit et nous redit : « Je le suis, moi qui te parle » (Jean 4,35-36).  Voilà bien la Source du vrai bonheur, LA Parole, une eau vive. « Celui qui boira de l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif ; l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source jaillissant en vie éternelle » (Jean 4,14).


Et qui la gardent
La garder ce n’est pas l’enfermer mais la mettre en pratique. Quand les Écritures nous disent que « Marie gardait toutes les Paroles dans son cœur » (Luc 2,19 et 51) c’est qu’elle laissait la Parole faire son œuvre en elle.  L’Évangile nous rapporte peu de paroles de Marie.  Elle les garde dans son cœur mais, quand elle parle c’est pour dire : « Faites tout ce qu’il vous dira » (Jean 2,5). Faites tout ce que Jésus dira !  Elle ne le clame pas haut et fort, elle le murmure aux oreilles des serviteurs à Cana. Après on ne l’entend plus parler, c’est sa dernière parole et ça me trouble. Finalement tout est dit.  Elle laisse son Fils parler, elle écoute et nous invite à faire de même,  à faire tout ce qu’il nous dit.

Je nous invite à méditer cette parole d’Évangile, cette Bonne Nouvelle. Que l’Esprit fasse son œuvre, qu’il nous guide, nous donne l’audace et la force d’accomplir ce qu’il attend de nous pour être de simples serviteurs de La Parole. Comme je le disais, garder la Parole c’est la mettre en pratique, c’est incarner La Parole qui fait vivre et nous fait vivre. 

Plus j’avance et plus je crois à une spiritualité dans la vie de tous les jours qui est une mise en pratique concrète des principes intérieurs. Notre liberté la plus noble est d’ouvrir et offrir nos mains et notre cœur pour pouvoir aider.  Il n’y a que de cette façon là que l’on puisse servir Dieu. C’est ce qu’Etty Hillesum percevait au cœur de ses tourments quand elle écrivait :
« Il m'apparaît de plus en plus clairement à chaque pulsation de mon cœur que tu ne peux pas nous aider, mais que c'est à nous de t'aider mon Dieu et de défendre jusqu'au bout la demeure qui t’abrite en nous. »


Invitation au Notre Père

A l’invitation de Jésus et en toute confiance, adressons notre prière à Dieu, Notre Père…

Raymond le 11 octobre 25



vendredi 10 octobre 2025

Liturgie de la Parole 27e vendredi TO-I

Lectures: Joël 1,13-15 ; 2, 1-2; Psaume 9; Luc 11,15-26

Méditation 

Je vous propose la méditation de Soeur Marie-Christine en 2021https://partage-de-lectio.blogspot.com/2021/10/liturgie-de-la-parole-27e-vendredi-to.html

 

Lien pour l'image :  https://www.histoiredunefoi.fr/wp-content/uploads/2018/02/Jesus-Christ-536-560x532.jpg

jeudi 9 octobre 2025

Liturgie de la parole 27e jeudi TO-I

Lectures : Malachie 3, 13-20a – Luc 11, 5-13

Introduction


Les deux lectures d'aujourd'hui parlent de demande, de prière. Le prophète Malachie, pseudonyme qui signifie « mon messager » est envoyé pour préparer le chemin du Seigneur. Est-ce que Dieu ne serait qu'un juge, prêt à condamner ? Malachie est face à une communauté désemparée, inquiète pour l'avenir. Le peuple vit le présent alors que Malachie est tourné vers l'avenir. Il veut ramener la communauté à la foi mais il veut surtout raviver l'espérance envers son Dieu. C'est une atmosphère de crise un peu comme aujourd'hui que le messager Malachie nous dit « le jour vient, Dieu apportera la guérison dans son rayonnement ».
Dans Luc, avec « l'évangile de l'importun » qui raconte qu'un ami est réveillé au milieu de la nuit, Jésus encourage les disciples à prier avec confiance, à demander, à frapper en insistant ainsi, notre Père donnera l'Esprit à ceux qui le demandent. « demandez, on vous donnera »
Nous le chantons dans les psaumes  « heureux est l'homme qui met sa foi dans le Seigneur » ou encore « à pleine voix, je crie vers le Seigneur et lui me répond ».


Commentaire

Aujourd'hui, Luc nous parle de l'enseignement de Jésus sur la prière, il ne s'agit plus d'écouter ou d'entendre, Dieu veut aussi qu'on lui parle. Jésus a prié à plusieurs reprises, et les apôtres en ont été témoins. « Je ne sais pas prier », cette phrase nous l'avons peut-être dite un jour comme les apôtres qui ont demandé à Jésus, « apprends-nous à prier ». Après la prière du notre Père, aujourd'hui, Jésus s'adresse à nous « qui parmi vous ? » 
Nous sommes toutes interpellées et nous pouvons nous mettre tantôt dans la peau de celui qui frappe à la porte, de celui qui réveille un ami mais aussi dans la peau de celui qui est réveillé. 
Ce texte nous apprend la persévérance, malgré un refus, l'ami importun finit par avoir ce qu'il veut. Cette parabole nous apprend aussi l'audace dans la prière, même au milieu de la nuit de notre foi, nous ne devons pas hésiter à supplier. Jésus nous invite à une attitude active et confiante de demande. 
Le voyageur vient la nuit, de nos jours, on se méfierait.  A cette époque, il n'y a pas d'internet ni de smartphone pour prévenir d'une arrivée tardive.
L'excuse « mes enfants dorment » est une excuse bidon, la vraie raison c'est qu'il n'a pas envie d'ouvrir mais plutôt que devoir encore discuter, - non pas au nom de l'amitié -, mais  pour être tranquille, il va se lever pour que cet ami qui le dérange puisse partir...

« Qui parmi vous » ? Cette question nous pousse à réfléchir.

 « Deux réponses possibles. La première, c'est que Dieu donne malgré les réserves qu'il peut avoir face à notre demande et la deuxième est que les croyants doivent suivre l'exemple de l'ami importun, ils doivent demander ». (1)


C'est ça la prière. Dieu nous donne, malgré nos faiblesses, nos manquements...
« Quiconque demande, reçoit, qui cherche trouve, à qui frappe, on ouvrira... »
Dieu donne l'Esprit à ceux qui le demandent, c'est lui-même, c'est le don ultime : Dieu se donne à nous.

 Danièle le 9 octobre 25

(1) eglise-protestante-unie-iles-de-saintonge.com


mercredi 8 octobre 2025

Liturgie de la Parole 27e mercredi TO-I 

Une prière qui unit (Luc 11, 1-4)

Lectures : Jonas 4,1-11 ; Psaume 85 ; Luc 11,1-4

Méditation 

Un dimanche de vacances, nous allions vers une petite église paroissiale pleine de vie : habitants du village, familles avec enfants de tous âges, vacanciers et visiteurs discrets attirés par l’architecture sobre du lieu. A côté des paroissiens, beaucoup semblaient peu familiers de la liturgie, parce qu’ils n’étaient pas du cru, ne comprenaient pas la langue du pays ou découvraient la messe pour la première fois… Un monde varié, comme pour les jours de fête…
Au moment du Notre Père, il s’est passé quelque chose d’inattendu : chacun a prié dans sa langue sans qu’on l’y invite : Padre nostro, Notre Père, Vater unser, et d’autres idiomes que je ne connaissais pas. Pourtant, ce n’était pas une cacophonie.
Cela m’a rappelé Taizé, ou Chevetogne avec nos amies ukrainiennes, ou Hurtebise quand les hôtes prient en néerlandais. La mélodie, ou plutôt le rythme était le même pour tous ; chaque mot prononcé s’inscrivait dans un même tempo, dans un souffle commun. Les voix se croisaient et résonnaient dans l’église. C’était beau, pas gênant.
Les langues différentes ne séparaient pas : elles enrichissaient la prière. Le cœur tourné vers le Père était partagé, peut-être même en silence par ceux qui n'y croyaient pas trop. En y prêtant plus attention, on sentait presque le souffle circuler de voix en voix, un souffle vivant, léger, puissant. Ce Père n’était pas le mien ou le leur : il était le nôtre, celui qui rassemble, unit et transforme la diversité en harmonie.
Avant Vatican II, la participation active de chacun à la liturgie dans sa langue était limitée. On nous a appris les prières en latin : le cœur y était, mais la prière s’exprimait dans une langue morte et pour beaucoup peut-être désincarnée, trop sacralisée. Il y avait aussi les personnes qui se sentaient exclues, indignes, malvenues, à moitié dedans et à moitié dehors, moralement et parfois physiquement. Aujourd’hui, nous n’en sommes plus là.
Le souffle pluriel de cette petite église de vacances est devenu presque « normal ». Il est désormais possible à tous et toutes, de toute culture et de toute langue, de toute origine, de tout parcours personnel, d’entrer dans une église, de dire la même prière et de vivre ensemble simplement du même souffle.
En entendant cette diversité de langues autour de moi, j’ai pensé aussi aux autres familles chrétiennes unies dans la foi. Ce « Notre Père » unit les chrétiens. Chaque voix, différente et semblable à la fois, participe à ce même chant : une seule respiration dans la prière commune adressée à Dieu.
Parfois, la véritable rencontre avec l’autre commence avec ce simple Notre Père, partagé sur une mélodie commune. Repère de foi et d’unité, témoin de nos ressemblances et de nos différences. Les paroles restent un instant suspendues entre le ciel et la terre, comme un fil invisible qui nous relie tous, avec ce que nous sommes. Profitons-en : c’est une grâce…
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Bien sûr la version du « Notre Père » de Luc n'est pas celle de Matthieu que nous récitons à chaque célébration. Mais qu'est-ce que cela change ? Ne sont-elles pas, elles aussi, des traductions ? Et ne les disons-nous pas avec la même foi et le même élan ?

Isabelle le 8 octobre 25


mardi 7 octobre 2025

Liturgie de la Parole 27e mardi TO-I

Lectures: Jonas 3,1-10; Psaume 129; Luc 10,38-42

Méditation


Je vous propose la méditation de Mère Myrèse... écrite en 2013 mais qui n'a rien perdu de sa saveur!

https://partage-de-lectio.blogspot.com/2023/10/de-la-parole-27e-mardi-to-i-marthe.html 

lien pour l'image:  https://vitrail.ndoduc.com/vitraux/imgj/P1160484.JPG

lundi 6 octobre 2025

Liturgie de la Parole 27e lundi TO-I

Évangile: « Le bon Samaritain » Lc 10, 25-37 

Méditation

Lorsque j’étais à l’école et qu’une institutrice racontait le « Bon Samaritain », j’entendais ensuite ce chant : « C’est la loi, c’est la loi, ne te salis pas les doigts, laisse-le sans remords, 
il est déjà presque mort
» (Akepsimas et Mannick) … Heureusement, il y avait une suite plus positive !
La loi de l’amour du prochain qui est donnée au peuple d’Israël et rappelée dans le Deutéronome. au ch. 5, 6-21 est le fondement d’une attitude ajustée à l’amour de Dieu. Mais comme Jésus n’hésite pas à renverser les codes lorsque ceux-ci l’empêchent d’exercer sa mission de Messie, les autorités s’inquiètent ! 
D’où, cette question d’un docteur de la loi : « Mais qui est mon prochain ? »

Prenons le temps de regarder la scène que Jésus nous propose dans cette parabole.

Avant tout, je crois que nous pouvons être surpris par le réalisme lucide Luc. Il n’économise pas les tonalités sombres : Une attaque de bandits … un homme roué de coups … dépouillé … à demi-mort … abandonné …

N’est-ce pas l’image de notre monde d’aujourd’hui avec, ses crimes, ses guerres
et toutes ces situations abominables?


Les personnages qui croisent le blessé ne sont pas pris au hasard : deux personnes … de « qualité » va-t-on dire : des ecclésiastiques, des représentants officiel du système religieux d’Israël. Ils se détournent soigneusement et discrètement du blessé ! Eh oui ! … Ils sont, peut-être, en route pour le temple. Alors s’il touchait le blessé, ils deviendraient impurs et incapables d’exercer leur office au Temple ! Donc, ils prennent la poudre d’escampette !

Nous allons les excuser !

  Alors que la situation paraît irrémédiable, l’auteur fait surgir dans le texte, le petit mot « Mais ! » … Un petit mot qui en dit long … et qui va changer la suite du déroulement de la scène.
« Un Samaritain … » Oh là ! Un étranger, … un hérétique ! ... Il semble ne pas avoir beaucoup de recours : il n’appartient à aucun centre de pouvoir… il n’est ni prêtre, ni lévite. De plus, il voyage seul avec seulement une besace et une monture !
Mais il va franchir la barrière culturelle et religieuse qui le sépare de cet homme blessé. Quelle en est la raison profonde ???


Il a vu … alors ses entrailles ont frémi … il est secoué de pitié … ému de compassion … Toute la tendresse qui vibre en lui, prend le dessus : il s’arrête, s’agenouille, soigne … sort son vin et son huile, … son argent même, … et puis, … il le confie à un relais …

Quelques questions peuvent surgir dans notre cœur en lisant cette parabole :
- A quel déplacement suis-je appelée dans mon comportement ?
- Suis-je là, quand il s’agit de venir en aide à certaines personnes dans le besoin ?
- Quelles sont les personnes que je côtoie ou recherche instinctivement ?


Et tiens … ce Samaritain … ne ressemble-t-il pas à Jésus qui a franchi la barrière infranchissable qui le séparait de nous ? Serait-ce donc lui-même qui serait entré en scène dans cette parabole ? Lui aussi, a été saisi de compassion et saisi aux entrailles devant ses enfants blessés.

A de nombreuses reprises, dans l’Évangile, nous pouvons lire et même deviner
les sentiments que Jésus ressent devant certaines situations difficiles.


Si le Samaritain nous prenait, nous, par la main, où nous conduirait-il, que nous dirait-il ? 

Il nous emmenait auprès du Grand Samaritain, Jésus, entré en scène dans ce texte et il nous dirait :

- Laisse Jésus s’approcher de toi, soigner tes plaies, et verser sur elles, l’huile apaisante de la consolation et de la tendresse. 
- Elle est arrivée, pour toi, l’heure, de faire totalement confiance à ce Samaritain, qui veut t’aider à découvrir et accepter tes fragilités pour t’ouvrir un nouveau chemin de vie, jamais achevé. 
- Laisse-toi conduire à l’auberge, le lieu de ta Congrégation et de l’Eglise : corps vivant et ouvert,  à ton service, … et ensuite, avec ta collaboration, au service d’un monde blessé.
 -   Tu sais, ce lieu est aussi marqué par le soin : accueil,
rencontres, amitié, dialogue, repos et silence.



 -   Et puis, la mission de l’auberge est aussi de consolider les liens entre toi et tes sœurs, mais par-dessus tout, faire raisonner en toutes et tous, la cause de l’humain et la cause de Dieu. 
 


Notre Père (saint Bruno )

Avec St Bruno, qui est un exemple de grande discrétion, adressons-nous au Père et demandons-lui d’avoir, pour les hommes qui sont dans la détresse, une vraie compassion mais aussi des gestes de réconfort, efficaces et discrets.

Sr Anne-Françoise le 6 octobre 25


dimanche 5 octobre 2025

Liturgie de la Parole 27e dimanche Année C 

SERVICE AUGMENTÉ 

Évangile : Luc (17, 5-10)

Méditation Evangile et peinture 2022-10-02

https://www.evangile-et-peinture.org/27eme-dimanche-du-temps-ordinaire-c/ 


Parfois nos désirs nous emmènent bien plus loin que nous le pensions. C’est ce qui arrive ici aux apôtres. On les imagine bien en train d’écouter Jésus, un peu dépassés par le programme évangélique qu’il leur déroule au fil du chemin. « Augmente en nous la foi! » On entend entre les lignes une marche haute… Ce qui semblait possible se fait lointain. Quelle autre ressource disponible si ce n’est une infusion de foi ? Donne-nous d’y croire, demandent les apôtres! Efface en nous le doute et la fatigue. Permets-nous de visualiser là où tu veux nous conduire. Donne-nous d’y adhérer… nous marchons côte à côte mais la distance est grande, tout comme la fatigue. Sont-ils réellement désemparés? Ou simplement tournés vers leur besoin de maîtriser ce qu’ils sont en train de vivre ? Que nous faut-il entendre dans cette requête? Écoutons plutôt la réponse de Jésus.
S’il y avait un besoin de maîtrise alors tout le monde fait fausse route. La foi n’est pas le pouvoir extraordinaire de faire des choses impossibles, c’est la réalisation de l’impossible dans l’ordinaire quotidien, et l’obéissance au pouvoir d’un autre. La foi n’a rien de magique. Elle est une vision et une adhésion. C’est Jésus qui est le modèle pour chacun d’entre nous. Jésus n’a été que foi en son Père. Toute sa vie n’a été qu’obéissance à son projet d’amour. Ce n’est pas la foi qui est limitée, c’est notre obéissance.
L’amour qui soulève une vie déplace les montagnes. La source est bien là. La foi ne cherche pas à déplacer les montagnes mais à aimer et vivre selon ce que l’amour commandera. Il n’y a pas de vie plus belle. La foi n’a rien à voir avec le pouvoir. Elle est service. La foi est humble. Elle ne revendique rien. Elle regarde la source et attend tout d’elle.
Oui Seigneur, donne-nous de cette eau-là, cette eau de foi qui nous détourne de nos désirs faciles et magiques. Donne-nous ton corps et ton sang pour que nous ayons comme toi le goût de l’obéissance à l’amour plus grand. Toi seul est le Seigneur, le Très-Haut avec le Saint Esprit dans la gloire de Dieu le Père. Amen!

samedi 4 octobre 2025

Liturgie de la Parole 26e samedi TO-I

Lectures : Baruc 4,5-12.27-29 ; Psaume 68 ; Luc 10,17-24

Résonances 

Le début du livre de Baruch se présente comme une lettre écrite à Babylone par Baruc, le secrétaire de Jérémie, en 582, la 5ème année de la déportation. Elle s’adresse aux survivants qui sont restés à Jérusalem, le « petit reste ». Ce livre a cependant été écrit beaucoup plus tard, probablement aux 2ème siècle av. JC. Il se réclame de Baruc parce qu’il rejoint sur certains points l’enseignement de Jérémie. Notamment le fait de considérer l’exil comme un temps de grâce et de retour à soi dans la pénitence, un temps de purification qui ne pourra qu’aboutir à un retour, une nouvelle alliance. Donc, Baruc écrit pour ses contemporains (au 2ème siècle, on est sous le joug des Séleucides) en leur donnant pour miroir l’épreuve des exilés de Babylone qui ont reconnu que leur épreuve est la conséquence de leur abandon des préceptes de Dieu, et qui s’en sont repentis. Nous avons entendu hier une partie de la prière pénitentielle. Aujourd’hui, nous recevons une partie plus exhortative, à la fin du livre, où résonne à plusieurs reprises le mot « courage ! »
Le fil rouge du livre de Baruc, c’est donc une relecture de l’histoire, avec l’idée que ce qui nous arrive, nous l’avons bien mérité, et que Dieu est à la fois celui qui nous envoie l’épreuve et celui qui nous en retire. D’où l’encouragement à la conversion et à chercher Dieu (vv. 27-29)
Comment cette théologie résonne-t-elle à nos oreilles ? Nous avons de la peine à voir en Dieu celui qui nous envoie l’épreuve. Cependant, nous reconnaissons que parfois l’épreuve qui survient est en partie de notre faute. Nous voyons aussi clairement qu’il y a une sorte de faute collective, dont personne ne se sent ultimement responsable et qui pourtant nous culpabilise… Ou du moins nous procure un grand sentiment d’impuissance. Je pense, par exemple, au réchauffement climatique. Ou encore à la situation délétère de nos démocraties… Que pouvons-nous faire individuellement pour que cela change ?
La communauté juive vient de fêter la fête du grand Pardon, Yom Kippour. Une démarche de pénitence collective, qui s’exprime dans une liturgie, dans des rituels. Les rituels peuvent-ils changer le cours des choses, si les cœurs ne suivent pas ? Mais le message de Yom Kippour c’est aussi que la miséricorde de Dieu ne se laisse jamais décourager. La liturgie marque symboliquement dans le temps le fait que Dieu redonne toujours une chance de recommencer. On ne doit jamais se laisser enfermer dans la culpabilité.
Le prophète aujourd’hui nous dit : « courage ! » Autrement dit : « soyez forts ! » Comme Dieu l’avait dit à Josué au moment d’entrer en terre promise « sois fort et prends courage ». Il faut une force intérieure, il faut du courage et de l’audace pour ne pas se laisser engluer dans le sentiment de l’impuissance.
Quand Francesco Bernardone a pris conscience du système inégalitaire et violent dans lequel il se trouvait impliqué de par sa naissance et son tempérament bouillonnant, il a pris son courage à deux mains pour sortir de ce déterminisme. Et le Seigneur a utilisé ce caractère entier, ardent, radical, pour secouer le cocotier de son Église. « Courage ! »
Cela peut donner une forme d’enthousiasme exalté, comme celui des disciples revenant de mission : « Seigneur, même les démons nous sont soumis en ton nom ! » Et Jésus de répondre : « je voyais Satan tomber du ciel comme l’éclair ! » Cependant, la joie qui en résulte doit être bien orientée : « réjouissez-vous parce que vos noms sont inscrits dans les cieux ».
L’évangile de ce jour nous permet d’être témoins de la joie de Jésus, une joie inattendue. « Père, je proclame ta louange. Ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits ». Puissions-nous entendre aujourd’hui et accueillir pour notre compte cette parole de Jésus : « heureux les yeux qui voient ce que vous voyez ! ».
Seigneur, ouvre nos yeux, fais-nous voir les chemins de ta joie.

Sr Marie-Raphaël le 4 octobre 2025

vendredi 3 octobre 2025

Liturgie de la Parole 26e vendredi TO-I

Lectures: Baruc 1,15-22; Psaume 78; Luc 10,13-16

Ouverture

Le début du livre de Baruch se présente comme une lettre écrite à Babylone par Baruc, le secrétaire de Jérémie, en 582, la 5ème année de la déportation. Elle s’adresse aux survivants qui sont restés à Jérusalem, le « petit reste ». Ce livre a cependant été écrit beaucoup plus tard, probablement aux 2ème siècle av. JC. Il se réclame de Baruc parce qu’il rejoint sur certains points l’enseignement de Jérémie. Notamment le fait de considérer l’exil comme un temps de grâce et de retour à soi dans la pénitence, un temps de purification qui ne pourra qu’aboutir à un retour, une nouvelle alliance. Donc, Baruc écrit pour ses contemporains (au 2ème siècle, on est sous le joug des Séleucides) en leur donnant pour miroir l’épreuve des exilés de Babylone qui ont reconnu que leur épreuve est la conséquence de leur abandon des préceptes de Dieu, et qui s’en sont repentis. Le texte qu’il leur envoie est une proposition de prière pénitentielle. Nous n’en entendrons qu’une toute petite partie (7 versets sur 50). 


Résonances

Ce texte invite donc à une démarche pénitentielle, liturgique, collective. Le premier verset donne le ton : « au Seigneur notre Dieu appartient la justice, mais à nous la honte sur le visage, comme on le voit aujourd’hui ».
La honte est un sentiment fort (comme la colère, comme la joie) qui peut guider une action. La honte peut nous paralyser, parce qu’elle enlève toute estime de soi. Mais, au contraire, la honte peut aussi nous stimuler, devenir le moteur puissant de notre réactivité. La honte peut être individuelle. Elle peut aussi être collective, comme ici. Elle vient alors du fait qu’on se sent solidaire d’un péché dont personne n’est totalement innocent… sans être pourtant coupable. Aujourd’hui, on parle de « péché systémique ». Par exemple dans la crise des abus.
La honte n’est pas facile à vivre, mais elle est une réaction saine. Elle peut être le point de départ de la conversion. Dans ce sens, elle est une grâce.
Dans l’évangile, Jésus se lamente sur Corazine et Bethsaïde, parce qu’elles ne connaissent pas la honte et ne reconnaissent pas les signes que Dieu leur envoie, devant lesquels des villes comme Tyr et Sidon auraient depuis longtemps fait pénitence.
Pour comprendre ce passage de l’évangile, il faut le raccrocher à ce qui précède (évangile d’hier) : le discours d’envoi en mission des 72. Jésus fait ses recommandations. Ne passez pas de maison en maison. Là où on vous accueille bien, mangez et buvez avec reconnaissance ce qu’on vous donnera. Mais si on ne veut pas de vous, n’insistez pas. Rejetez même la poussière de cette ville… C’est dans ce contexte que Jésus se lamente sur Corazine et Bethsaïde. Il se lamente : il exprime sa tristesse : il ne maudit pas. Il ne dit pas : « maudite sois-tu ! », mais : « malheureuse es-tu ! »
Le dernier verset de ce passage de l’évangile semble difficile à raccrocher à ce qui précède, mais c’est en fait le verset de conclusion de tout le discours d’envoi en mission : « qui vous écoute, m’écoute ; qui vous rejette, me rejette ; qui me rejette, rejette celui qui m’a envoyé ». Il insiste sur l’écoute. Le contraire de l’écoute, c’est le rejet, qui peut être un franc mépris, mais aussi le silence de l’indifférence. 
Actualisation : pour le synode, le pape François insiste sur l’écoute. Les participants ne doivent pas arriver avec l’idée d’imposer leur idée, leur point de vue. Mais écouter, laisser l’autre s’exprimer jusqu’au bout… au risque de se laisser transformer.
La prière de Baruc suggère que c’est le Seigneur qui met dans nos cœurs la « bonne honte », la « crainte de Dieu ». C’est lui aussi qui nous donne un « cœur qui écoute », afin que, en fin de compte, nous sachions le louer. Demandons-lui, sinon la honte, au moins le don de crainte et la grâce de l’écoute, afin que la puissance de sa Parole pénètre dans tous les lieux où nous amène la mission.


Prière

Seigneur, enseigne-nous la prière qui te plaît, donne-nous un cœur humble qui sache reconnaître ses erreurs et qui ne perd jamais la confiance en toi. Béni sois-tu pour ta confiance en nous, quand tu nous envoies proclamer à qui veut bien l’entendre que ton Royaume est tout proche. Prends pitié de ceux qui te rejettent ou te refusent. Que ta patience nous sauve tous, afin que notre louange s’élève sans relâche vers toi.

sr Marie-Raphaël le 6 octobre 2023


jeudi 2 octobre 2025

Liturgie de la Parole 2 octobre mémoire des anges gardiens 

Lectures propres : Exode 23, 20-23 ; Psaume 90 ; Matthieu 18, 1-5.10

Introduction 

Nous voici à nouveau convoqués à célébrer des êtres mystérieux : les anges gardiens !!! les angelots ne manquent pas dans la société, on les a renvoyés des églises, mais ils peuplent les magasins de décoration comme de vulgaires bibelots ! si vous allez voir sur internet, il y a une littérature abondante, foisonnante, j’allais dire délirante, à leur sujet. On vous explique comment trouver le nom de votre ange gardien, comment vous pouvez entrer en contact vibratoire avec lui, etc. bref, si vous voulez nourrir votre imagination, allez-y, ils vont bourdonner en votre tête. La Bible quant à elle, est beaucoup plus sobre. Et elle pointe vers le cœur du mystère. Si vous acceptez la possibilité d’existence d’êtres invisibles, sans avoir un besoin irrépressible de tout savoir, de mettre la main sur eux. Si vous pouvez consentir à ne pas être nécessairement le sommet de la perfection, de la création. Vous pouvez entrer en cette liturgie, avec le cœur ouvert, accueillant à ce que Dieu, aujourd’hui nous révèle à travers cet ange gardien à qui il confie de veiller sur chacun de nos pas. 


Après l’Évangile

Et voilà, en écoutant ces lectures, en les accueillant, nous avons quasi reçu tout ce que l’Écriture dit des anges gardiens. Bien sûr on parle encore d’anges ailleurs dans la Bible, mais il me semble que les deux lectures de ce jour nous disent bien la mission de ces êtres, que Dieu dispose sur nos chemins. 
Dans le livre de l’Exode, nous découvrirons non point un ange gardien personnel, mais un ange, chargé de garder le peuple de Dieu en chemin. Là les recommandations vont au peuple, invitation à respecter cet ange, à l’écouter. Il marche devant, il ouvre la voie. L’ange gardien de notre Église a fort à faire en ce moment… on peut aussi penser à l’ange qui veille à notre communauté ! Demandons-leur humblement de veiller… et puis suivons ce que nous percevons comme étant leur invitation à prendre la route. 
Dans l’évangile, nous avons écouté le début du discours sur « la communauté des disciples » (4ème discours de Jésus en Matthieu). Il nous dit la préséance des petits : ce sont eux les plus grands dans le Royaume. Ensuite la liturgie nous a fait enjamber les versets parlant du nécessaire respect des petits, et donc de la nécessité d’éviter de les scandaliser, pour aboutir à la justification essentielle de ce respect : Gardez-vous de mépriser un seul de ces petits, car, je vous le dis, leurs anges dans les cieux voient sans cesse la face de mon Père qui est aux cieux. Ici, un ange par personne. Et cet ange n’est pas n’importe qui puisqu’il est admis à voir Dieu ! Souvenez-vous de la vision grandiose d’Isaïe : les Séraphins entourent le trône de Dieu. Chacun est équipé de 6 ailes, dont les deux premières servent à se couvrir la face, ainsi ils ne plongent pas leurs regards sur Dieu. Et Isaïe qui a vu Dieu panique : car on ne peut voir Dieu sans mourir ! Donc, nos anges ici dans l’évangile, sont élevés à un rang vraiment supérieur, ils voient sans cesse la face du Père qui est aux cieux. 
Alors, si on réfléchit cela peut vite mener à des problèmes de torticolis : ces anges sont chargés de veiller sur les petits : chacun le sien, tellement le petit est important aux yeux de Dieu. Cet ange doit veiller sur le petit, donc depuis les cieux il pose son regard sur le petit bien sûr ! Il l’enveloppe de son affection, il pose la main sur lui. Et par ailleurs, il voit sans cesse la face du Père qui est aux cieux. Un peu difficile à tenir cela, vous ne trouvez pas ? il regarde où finalement mon ange gardien ? il veille sur moi, ou il contemple la face du Père ? Faut-il dire l’un ou l’autre ? ne voit-il pas simultanément les deux ? sans loucher ! oui, il me semble que c’est bien là la grâce de l’ange gardien : il veille sur le petit qui lui est confié, et ce faisant, il voit le Père. Car oui, le ciel du Père, n’est-ce pas le cœur profond du petit ? n’est-ce pas là que le Seigneur établit sa demeure pour toujours ? plus loin, dans l’évangile, dans le discours sur la venue du Fils de l’homme, dans cette grande fresque du jugement, le Fils de l’homme, Jésus, s’identifie au petit, au pauvre, à l’affamé, au prisonnier… (cf. Matthieu 25,31-46) et en st Jean, il déclare : qui m’a vu, a vu le Père (Jean 14,9). Ainsi le respect dû au petit, est fondé sur la présence en lui du Père. Il est tabernacle de la présence. Il est lieu de la révélation de Dieu. Voilà ce que me révèle aujourd’hui l’ange gardien. Et il m’invite à partager son regard ! il me chuchote à l’oreille : si tu savais le don de Dieu ! (Jean 4,10)


Invitation au Notre Père

Père, tu as disposé tes anges pour veiller sur nous. En nous, ils te découvrent Dieu présent. Qu’ils nous tiennent en cette présence, et nous pourrons te dire en vérité :


Prière conclusion

Père, par tes anges tu éveilles nos regards et guides nos pas. Ils ont reçu mission de nous faire grandir en ta présence. Rends nous dociles à leur voix, attentifs à leur invitation. Et partage-nous leur regard : Fais-nous découvrir ta présence en tous ceux et celles que nous côtoyons, particulièrement les plus petits. Et nous irons toujours plus avant, sur le chemin de ton Royaume. Nous te le demandons par JX… 

Sr Myrèse le 2 octobre 2020


mercredi 1 octobre 2025

Liturgie de la Parole 26e mercredi TO-I

Lectures : Néhémie 2,1-8 ; Psaume 136 ; Luc 9, 57-62

Introduction

Nous sommes rassemblés pour nous nourrir de la Parole du Seigneur.
En ce jour nous faisons mémoire de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus. Elle qui avait compris dans la prière qu’en se laissant attirer vers le Seigneur elle entraînait à sa suite tous ceux et celles qu’elle aimait et tant d’autres. Qu’elle nous accompagne en ce jour pour que nous nous laissions attirer de plus en plus vers le Seigneur.
Nous allons entendre dans la première lecture Néhémie prier le Seigneur avant de répondre au roi.
Seigneur, aide-moi,comme Néhémie, à ne pas oublier de me tourner vers Toi avant de parler ou d’agir : que tu habites mes paroles et mes actes.
Avec sainte Thérèse, Néhémie et les priants d’hier et d’aujourd’hui entrons dans la prière de l’Église par le chant des Psaumes.

Méditation. 

Jésus dans l’Évangile rencontre trois hommes. Le premier et le troisième expriment le désir de le suivre. 
« Je te suivrai partout où tu iras. »… Quelle bonne volonté ! On croirait entendre Pierre avant la Passion (cf. Luc 22,33). Comme eux, notre désir plein de générosité est bon, mais Jésus nous prévient qu’il y aura des épreuves, que c’est une vie de nomade ou plutôt de pèlerin. Un pèlerinage qui se terminera avec notre mort. Un pèlerinage qui pour lui se terminera par la Passion qu’il a annoncée pour la deuxième fois peu avant (Luc 9,43-45). Passion devant laquelle les disciples pourront perdre pied. Mais Jésus connaît nos faiblesses et comme pour Pierre il prie pour que notre foi ne défaille pas, que nous revenions et repartions. (cf. Luc 22,32). 
Le troisième homme dit à Jésus « Je te suivrai, mais laisse-moi d’abord… ». c’est encore bien nous, c'est bien moi. Oui… mais ! Jésus invite à le préférer sans regarder en arrière. Ceux que nous aimons ne sont pas oubliés, négligés. Mais certains, certaines savent bien que pour répondre à l’appel du Christ ils ou elles ont été, et parfois demeurent encore, incompris des leurs. Jésus nous invite à choisir nos priorités pour le suivre.
C’est une vie où il n’est pas bon de regarder sans cesse en arrière. Il nous faut avancer avec les circonstances telles qu’elles sont aujourd’hui . Assumer du mieux possible ce que nous ne pouvons changer, même si c’est difficile. Ce sera l’action de Jésus en nous si nous nous laissons attirer à lui jour après jour, un pas après l’autre. 
Cela me fait penser au passage de la lettre aux Hébreux : courons avec endurance l’épreuve qui nous est proposée, les yeux fixés sur Jésus, qui est à l’origine et au terme de la foi. (Hébreux 12,1b-2)
Cela rebondit avec la réponse de Jésus à celui qui veut d’abord enterrer son père : « Laisse les morts enterrer leurs morts. Toi, pars, et annonce le règne de Dieu. »
Il ne s’agit pas de négliger nos défunts. 
Je vous cite Mgr Jean-Charles Dufour (1) : Une phrase terrible à première vue?! L’Église n’a jamais compris cette phrase comme s’il fallait négliger nos défunts. C’est bien clair que le disciple de Jésus a lui aussi le devoir d’assurer à ses vieux parents une fin de vie heureuse et une mort décente. Ce que Jésus attend de ses disciples c’est qu’ils ne restent pas paralysés par leur deuil comme ceux qui n’ont pas d’espérance. Il veut des gens qui vont annoncer que Dieu veut la vie du monde, annoncer que Jésus est ressuscité et veut nous ressusciter nous aussi.
Accordons à nos défunts toutes les attentions nécessaires et normales. Mais ne soyons pas des morts vivants qui ne pensent qu’aux morts ! Il y a aussi les morts à nous-mêmes. Celles-ci, ne nous fixons pas dessus, car elles nous paralyseraient. Il nous faut vivre ! Avançons les yeux fixés sur Jésus et elles s’enterreront d’elles-mêmes. 
Jésus souhaite que nous soyons des vivants, des personnes tournées vers l’avant, vers la Vie qu’Il nous offre en partage dès maintenant. Que nous le suivions dans son pèlerinage qui traverse la mort, - mais aussi les petites morts quotidiennes à nous-mêmes-, pour entrer dans la Vie. Soyons des témoins heureux.

Introduction au Notre Père

Sans toi Seigneur nous ne pouvons rien faire. Que ton Esprit vienne en nous prier et intercéder. Que nous chantions en vérité la prière reçue de toi.

Sr Marie-Christine le 1er Octobre 2025

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(1) https://servantesdejesus-marie.org/homelie/mgr-j-c-dufour-3-octobre-2018-luc-9-57-62/