Liturgie de la parole 6e mercredi du Temps Pascal
Un Dieu qui se laisse chercher
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Autel au Dieu Inconnu [1] |
Lectures du jour : (Actes 17, 15.22 – 18, 1) – Psaume 148 - (Jean 16, 12-15)
Introduction
La liturgie nous fait entendre aujourd’hui un texte venu du cœur du monde grec : l'adresse de Paul à l’Aréopage (Actes 17, 22-34). Paul ne parle plus à des juifs ; il ne s’adresse plus à des gens qui attendent un Messie. Il entre dans le cœur intellectuel d’Athènes, dans l’univers des philosophes, des penseurs, des chercheurs de sens. Et il leur annonce un Dieu vivant, créateur, proche, qui se rend accessible à qui le cherche.
Ce Dieu présent dans l’univers tout entier, se révèle dans toute la création. Paul en parle. Nous le chantons avec le psaume 148.
L’Évangile de Jean (Jn 16, 12-15), lui, nous rapporte la parole de Jésus : Il promet à ses disciples « l’Esprit de vérité qui guidera dans la vérité toute entière ».
Ces textes mettent en perspective tout ce que l’Ascension va déclencher : l’ouverture universelle du témoignage chrétien sous l’action de l’Esprit.
Préparons-nous à accueillir la Parole avec confiance.
Commentaire
Les lectures que nous venons d’entendre, je vous le disais, mettent en perspective tout ce que l’Ascension va déclencher : l’ouverture universelle du témoignage chrétien sous l’action de l’Esprit, avec une mission vers toutes les cultures, un langage nouveau pour traduire l’Évangile, un appel à la croire sans avoir vu, ou plutôt un appel à la conversion et à l'ouverte à cette présence particulière du Christ (une présence « mystérieuse », en ce qu'elle relève du mystère) à laquelle on accède par la foi.
Après l’Ascension, les disciples (dont nous sommes...) devront apprendre à vivre sans voir Jésus. Ils devront annoncer un Christ invisible, mais bien vivant, présent autrement. Et c’est exactement ce que Paul fait à Athènes !
À Athènes, Paul est seul, devant un auditoire cultivé et ouvert intellectuellement. Il a vu un autel dédié « au Dieu inconnu », qu'il interprète comme la trace d'une recherche spirituelle d'un « autre ». Un Dieu inconnu, un Dieu sans visage... Paul aborde son auditoire en utilisant les références culturelles des grecs. Il leur parle de leur aspiration spirituelle : « Ce Dieu que vous cherchez, je viens vous l’annoncer ».
Il parle d’un Dieu créateur de toutes choses, qui n’habite pas dans les temples, mais qui habite la vie. Un Dieu que nul ne peut posséder, mais que chacun peut chercher. Et il en vient à dire l’essentiel : ce Dieu-là a établi un homme [2] pour juger le monde avec justice. Et il l’a ressuscité d’entre les morts.
Et là, l’écoute se brise. Un homme ressuscité d'entre les morts ?! Certains se moquent. D’autres s’en vont. Quelques-uns seulement s’ouvrent. Comme Denys et Damaris [3], qui se convertissent...
Ce texte des Actes nous parle en fait du monde tel qu’il est et qu'il est encore aujourd'hui : traversé de désirs de Dieu, mais souvent rétif à la résurrection. Il nous dit quelque chose de notre mission : annoncer un Christ présent, parler à un monde qui ne partage pas nos codes, dire une parole ajustée, humble, patiente, habitée, oser une parole qui rencontre parfois le refus (mais parfois aussi l'adhésion).
Ce que dit Paul à Athènes, c’est une parole qui ouvre, sans forcer. Semer, sans toujours voir le fruit.
Dans l’Évangile, Jésus dit à ses disciples : « J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez pas les porter maintenant. », « L’Esprit de vérité vous conduira dans la vérité tout entière. »
Ce que dit Jésus, c'est qu'il faut laisser l’Esprit préparer les cœurs. Croire que la vérité est une lumière qui se donne en chemin.
Prenons le temps de préparer notre cœur à vivre l’Ascension comme une espérance vivante : celle d’un Dieu qui se laisse chercher, qui laisse place à un autre mode de présence, plus intérieur, plus libre, plus exigeant aussi. L'espérance d’un Dieu qui marche avec nous et nous envoie son Esprit pour nous conduire à la vérité, d'un Dieu dont on ose humblement mais sûrement témoigner aujourd'hui.
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[1] Autel au Dieu Inconnu, musée du Palatin, Rome (Photo : Sailko) https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=56294298)
[2] Avez-vous remarqué que Paul ne cite pas le nom de Jésus ?
[3] Tiens donc, une femme dans l'Aréopage !
Isabelle Halleux, 29/5/2025
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