samedi 3 mai 2025

Liturgie de la Parole 3 mai 2025 fête des saints Philippe et Jacques

Ouverture

Fête de Philippe et Jacques (le « mineur », le « frère du Seigneur », le même ?). La première lecture parlera de Jacques. L’évangile nous emmène au cénacle, dans l’intimité de la conversation entre Jésus est ses disciples les plus proches, ceux à qui il confie sa parole comme un héritage. Dans les deux lectures, il est question de « voir ». Peut-on voir Dieu ? Le Ressuscité s’est « donné à voir » à ses témoins sur qui repose toute la foi de l’Église.

Résonances

« Puisque vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père. Dès maintenant, vous le connaissez et vous l’avez vu ». Que veut-il dire ? Que veut dire « connaître » ? et « voir » ?
Nous comprenons Philippe qui cherche à comprendre les paroles énigmatiques de Jésus. Ce Jésus qui, plus tôt, avait déclaré : « Personne n’a jamais vu le Père, sinon celui qui vient de Dieu. Celui-là seul a vu le Père » (Jn 6,46).
Philippe lui dit : « Seigneur, montre-nous le Père et cela nous suffit ». Ce que Philippe exprime là, c’est le désir profond et toujours inassouvi de tout croyant : « voir Dieu ! ». Déjà Moïse, parvenu à une grande intimité avec le Seigneur du Buisson ardent, parvenu à un stade très profond de sa proximité avec le Dieu de l’Alliance, Moïse, le plus grand mystique de l’AT, exprime ce désir : « Je t’en prie, laisse-moi contempler ta gloire ». Et il s’entend répondre : « Je vais passer devant toi avec toute ma splendeur et je proclamerai devant toi mon nom qui est « le Seigneur » … tu ne pourras voir mon visage, car un être humain ne peut pas me voir et rester en vie ». (Ex 33,18-20)
Nul ne peut voir Dieu. Voilà donc le message de L’AT qui passe vers le NT. Saint Jean le confirme dans le dernier verset de son Prologue : « Dieu, personne ne l’a jamais vu ». Mais il ajoute : « le Fils unique, lui qui est Dieu, lui qui est dans le sein du Père, c’est lui qui l’a fait connaître » (Jn 1,18).
Il l’a fait connaître. Ce n’est pas « il l’a montré ». Philippe lui demande : « montre-nous le Père ». Montrer, c’est désigner quelque chose qui est extérieur à soi. Mais faire connaître, c’est quoi ? Le terme grec pourrait être traduit : « il en a fait l’exégèse ». C’est-à-dire : « il a conduit hors de… ». Le travail de l’exégète, c’est de « faire sortir », de faire émerger le visage de Dieu hors des textes (l’image de M.A Ouaknin). Un peu comme Michel-Ange fait émerger la statue hors du bloc de pierre.
Mais la traduction de ce terme en latin a donné : enarravit : il « en fait la narration, il en a fait le récit, il l’a raconté ». Tout l’évangile de Jean peut être suspendu à cette question : « comment Jésus nous a-t-il raconté le Père, comment nous en a-t-il fait l’exégèse ?
Philippe demande : « montre-nous le Père ». Jésus ne peut pas lui montrer le Père comme extérieur à lui. Il répond : « celui qui m’a vu a vu le Père ». Le chemin de la foi, c’est donc de regarder Jésus. Le regarder vivre, le regarder travailler aux œuvres du Père, regarder comment il va jusqu’à donner sa vie… et voir en transparence, en filigrane, la signature de Dieu, ce Dieu qu’il désigne comme « son Père » et dont il veut que nous soyons, nous aussi, les enfants. Regarder, contempler, regarder au-delà des apparences et reconnaître. Reconnaître et nous laisser enfanter, nous laisser devenir enfants de Dieu.
L’évangile de ce jour nous trace un chemin : connaître, voir, croire… et finalement glorifier le Père en lui adressant nos demandes au nom de Jésus. La boucle est bouclée : tout vient du Père et tout retourne à lui. Mais le chemin obligé, c’est Jésus. Puissions-nous le parcourir à la suite des disciples.

Sœur Marie-Raphaël


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