vendredi 13 mai 2022

Liturgie de la Parole, 4e vendredi du Temps Pascal

(Isabelle)

Lectures du jour : Ac 13, 26-33 ; Ps 2 ; Jn 14, 1-6

Introduction

Par sept fois, dans l’Evangile de Jean, Jésus dit « Je suis… » (Je suis + un attribut avec un article défini). « Je suis le pain de vie », « Je suis la lumière du monde », « Je suis la porte des brebis », « Je suis le bon berger », « Je suis la Résurrection et la vie », « Je suis le chemin, la vérité et la vie », « Je suis le cep ».

 Les « Je suis… » sont donnés par Jésus en réponse au questionnement de ses disciples et de ses amis, notamment quand la pression monte autour de lui, avant la passion : Que se passe-t-il ? Comment cela va-t-il se terminer ? Qu’allons-nous devenir ? Où vas-tu ? Comment ferons-nous sans toi ? Jésus ne leur donne pas de longues explications contextuelles. Il leur dit  « Vous me connaissez », « Je suis… ». Quelle reconnaissance de la relation intime existant entre eux : « Vous me connaissez » ! Quelle transparence, dirait-on aujourd’hui : « Je suis… ». Et en même temps, quelle invitation à la foi ! Il y a dans les attributs des « Je suis... » (la lumière, le bon berger, la vérité, la vie,…) tout l’indicible de la passion, et surtout de la résurrection que les disciples semblent avoir du mal à appréhender, et c’est normal.  Ils ont compris plus tard, et les suivants l’ont expliqué, avec l’aide de l’Esprit, comme Paul quand il annonce, à la synagogue d’Antioche de Piside, « … cette Bonne Nouvelle : la promesse faite à nos pères, Dieu l’a pleinement accomplie pour nous, en ressuscitant Jésus » (Ac 13, 26-33). Nous savons que le Christ est ressuscité, nous comprenons ce que cela signifie - même si nous avons toujours besoin de nous convertir - et nous pouvons relire et méditer ces paroles, en toute sérénité.

 Entrons en prière en chantant les psaumes.

 Méditation

 « Je suis le chemin, la vérité, la vie ». En entendant « Je suis », je ne peux pas m’empêcher de penser à la réponse donnée par Dieu à Moïse dans l’Exode (Ex 3, 13-14). Rappelez-vous l’épisode du buisson ardent : Dieu confie à Moïse la mission de faire sortir d’Egypte les fils d’Israël et de les délivrer de l’oppression. Moïse demande à Dieu ce qu’il doit répondre s’ils demandent qui l’envoie. Et Dieu dit : « Tu répondras ainsi : Celui qui m’a envoyé vers vous, c’est "Je suis" ». La traduction littérale serait « Je suis l’étant », « Je suis celui qui est, qui était et qui vient ». Je pense ne pas me tromper en disant que, dans l’Evangile de Jean, « Je suis… » est une affirmation réfléchie de la nature divine du Christ, une référence à Dieu, son Père. Jésus est Dieu.

 « Je suis le chemin, la vérité, la vie ». Cela m’a rappelé une petite discussion autour du Siracide, un soir, avec mon mari - oui, on a parfois des drôles de conversations. Il me racontait les accents déjà entendus de ce livre de notre bible[1]. Au chapitre 24 : « la Sagesse divine (…) prend la parole, devant le Dieu tout puissant elle se glorifie : Je suis sortie de la bouche du Très Haut et, comme la brume, j’ai couvert la terre (…), j’ai dressé ma tente (…), j’ai cherché le lieu de mon repos (…), je me suis enracinée dans le peuple élu ». Et la Sagesse ajoute : « J’ai reçu toute grâce pour montrer le chemin et la vérité. En moi, toute espérance de vie et de force » (Si 24, 18).  Tiens, les mêmes mots que ceux du « Je suis… » du jour : « chemin, vérité, vie » ! Il est évident[2] que, pour les juifs, la Sagesse, c’est la loi de Moïse, la Torah, le don de Dieu à son peuple pour éclairer toute la terre et conduire à lui. Pour Jean, pour nous, chrétiens, le Christ est « la nouvelle Torah ». Vivre par lui, avec lui et en lui, c’est vivre en Dieu. Il est le chemin, la vérité, la vie.

 Je reprends brièvement les sept « Je suis… » prononcés par le Christ dans l’Evangile de Jean, et je les laisse au choix à votre méditation :

-       « Je suis le pain de vie » (Jn 6,35) : Jésus ne donne pas le pain du ciel : il est le pain qui donne la vie. Celui qui vient à lui n’aura plus jamais faim car Jésus remplit « son vide ». 

-       « Je suis la lumière du monde » (Jn 8,12) : La lumière, c’est Dieu en action qui produit la vie. Jésus est cette lumière-là, pour tous.

-       « Je suis la porte » (Jn 10,9): Il n’existe qu’un moyen d’entrer dans la vie divine, dans le royaume et de recevoir la vie éternelle : Jésus. « Personne ne va au Père sans passer par moi » (Jn 14,6).

-       « Je suis le bon berger » (Jn 10,11) : Jésus est le berger généreux, prêt à donner sa vie pour ses brebis, en faisant la volonté du Père.

-       « Je suis la résurrection et la vie » (Jn 11,25) : Il n’y a pas que la résurrection des morts au dernier jour : ceux qui croient en Dieu ont immédiatement la vie éternelle et ne mourront jamais. Il n’existe ni résurrection ni vie en dehors de Jésus.

-       « Je suis le chemin, la vérité, la vie » (Jn 14,6) : Jésus n’est pas qu’un chemin vers Dieu : il est le chemin, parce qu’il est la vérité de Dieu et la vie de Dieu. Il est vérité parce qu’il incarne la révélation de Dieu ; il est vie, parce qu’il a la vie divine en lui-même.

-       « Je suis le cep » (Jn 15,1) : La vigne, dans l’Ancien Testament, c’est Israël. Jésus est le cep et tous ceux qui croient en lui, qui tirent leur vie de lui, sont les sarments. Dieu prend soin de sa vigne, de tous, de toutes les nations. La vigne porte du fruit.

 Accueillons dans notre prière les « Je suis… » de l’Evangile de Jean, et rendons grâce à Dieu pour Jésus, Parole incarnée, qui Le révèle à nous. Il est son Fils. Il est Dieu.

 Prière finale

Avec Saint Augustin[3], nous prions :

Christ, notre espérance, tu es la paix du monde !

Tu es la lumière, la vie, la route, le salut et la gloire de tous les tiens.

Tu es notre Dieu vivant et véritable, notre Seigneur, notre Sauveur et notre Roi.

Tu es la joie de notre vie, le prêtre de notre éternité, le guide qui nous conduit à la vraie patrie, la lumière véritable, la divine sagesse et la paix du monde.

Tu es le meilleur de nous-mêmes, notre salut à jamais, celui qui nous donne miséricorde, patience, rédemption et espérance, amour et résurrection.

Nous t’en supplions, fais-nous venir jusqu’à toi, afin que nous trouvions notre repos en toi, sans qui personne ne va au Père, car tu es chemin, vérité et vie.



[1] Le « Siracide », appelé aussi « Ecclésiastique » ou « Livre de Ben Sira le Sage » est un livre présent dans les bibles orthodoxe et catholique (« livre deutérocanonique ») qui ne fait pas partie des bibles juive et protestante (pour savoir pourquoi :  https://regardsprotestants.com/bible-theologie/quelles-sont-les-differences-entre-une-bible-protestante-catholique-orthodoxe/ )

[2] lire la suite du texte : Si 24, 23 ss

[3] in « Prières glanées par Enzo Bianchi », Ed. Fidélité, Namur, 2011, 80p. 

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