(sœur Marie-Raphaël)
Ouverture
Nous entrons
dans la troisième partie du temps ordinaire, celle où nous allons nous laisser
guider par l’évangile de Luc. Aujourd’hui, nous entrons par le porche de ce
récit inaugural, où Jésus vient à la synagogue de Nazareth, chez les siens.
La semaine dernière,
avec la fin de l’évangile de Matthieu, nous avons entendu l’appel à vivre la
vigilance et l’espérance, l’ouverture sur un avenir qui est une promesse. La
première lecture, extraite de la lettre aux Thessaloniciens, nous le rappelle
encore, en focalisant notre attention sur la promesse de la résurrection.
« Nous serons pour toujours avec le Seigneur ». Mais le début de
l’évangile de Luc que nous allons entendre fait résonner ce mot :
« aujourd’hui » ! Comment vivre l’aujourd’hui ?
Résonances
Jésus referma
le livre, le rendit au servant et s’assit. Tous, dans la synagogue, avaient les
yeux fixés sur lui. Alors, il se mit à leur dire : « Aujourd’hui
s’accomplit ce passage de l’Ecriture que vous venez d’entendre. »
Spontanément,
quand on entend cette phrase, on pense : cette prophétie d’Isaïe que Jésus
vient de lire, il est en train de leur dire qu’elle s’accomplit en lui,
qu’elle s’applique à lui. Autrement dit : c’est lui, Jésus, ce
prophète qui déclare : « l’Esprit du Seigneur est sur moi parce que
le Seigneur m’a consacré par l’onction » … c’est lui, Jésus, le Messie attendu
par Israël. Telle est la lecture classique : dans la synagogue de
Nazareth, par le biais de la prophétie d’Isaïe, Jésus décline son identité. On
comprend l’étonnement, et même le scandale de ses compatriotes. Pour qui se
prend-il ?
Je voudrais
suggérer une autre lecture possible. En disant à son auditoire :
« Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Ecriture que vous venez
d’entendre » (littéralement : dans vos oreilles), il suggère
aussi que ce passage s’accomplit pour nous, en nous. Que chacun
de nous peut dire : « l’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le
Seigneur m’a consacré par l’onction ». Cette onction, ne l’avons-nous pas
reçue à notre baptême ? Ne sommes-nous pas tous des « messies, oints
par la Parole qui se répand dans nos cœurs et dans nos intelligences à la
manière d’une onction ?
La question,
alors, rebondit : comment cela résonne-t-il dans ma vie à moi ? Quels
sont les pauvres vers qui le Seigneur m’envoie annoncer la bonne
nouvelle ? les captifs à qui je dois annoncer la libération ? Les
aveugles à qui je peux donner de la lumière ?
Je voudrais
faire un lien avec la belle lettre de Jacques que nous avons entendue hier et
qui nous disait : « Dieu a voulu nous engendrer (nous mettre au
monde) par sa parole de vérité, pour faire de nous comme les prémices de toutes
ses créatures… Accueillez dans la douceur la Parole semée en vous » (Jc 1,
18.21b). Comment accueillons-nous le travail de la Parole dans nos vies ?
Comment osons-nous croire qu’elle nous concerne directement, qu’elle nous
enfante ? C’est la question des gens de Nazareth. Mais ils n’ont pas osé y
croire. Jésus n’a rien forcé. Son temps, pour eux, n’était pas encore venu. Il
passe tranquillement au milieu d’eux, pour leur ouvrir un chemin, un possible.
Prière
Dieu notre
Père, tu nous enfantes par ta parole de vérité, tu nous envoies, comme des
messies, pour répandre autour de nous l’onction de ta bonne nouvelle. Béni
sois-tu ! Fais-nous marcher à ta suite aujourd’hui et chaque jour, dans la
confiance. Fais-nous discerner les jours de grâce où tu nous visites, afin que
nous puissions t’accueillir et te laisser féconder nos vies.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire