(sœur Marie-Jean)
En
ce lendemain de la grande et belle fête de l’Assomption, nous voici rassemblés
en communauté, en Eglise.
La
liturgie nous propose d’abord une incursion dans le Premier Testament, avec un
extrait du livre des Juges. J’en retiens la dernière phrase :
« Ils
ne renonçaient en rien à leurs pratiques ni à leur conduite obstinée »
Le
psaume graduel nous offre ensuite une variation sur le même thème :
« Tant
de fois délivrés par Dieu, ils s’obstinent dans leur idée… »
Et,
enfin, l’évangile qui commençait par un verset suggestif, ouvrant tous les
possibles « Maître, que dois-je faire de bon pour avoir la vie
éternelle ? » se termine par un dénouement sans grande espérance :
« Le jeune homme s’en alla tout triste, car il avait de grands
biens »
Certes,
les résistances, les questionnements, les incertitudes devaient se bousculer en
sa vie de jeune fille de Nazareth face à l’annonce de l’Ange et puis avec ce
fiston pas comme les autres.
Mais
Marie a témoigné d’un « oui » puisé dans sa foi et sa confiance.
Elle
est donc aux antipodes des obstinations, des refus que la liturgie nous évoque
en ce jour.
Cette
même liturgie nous questionne aujourd’hui. Nous avons la liberté de notre
réponse.
En
recueillant les intentions de notre monde, laissons descendre en nous
l’invitation pressante de Jésus : « Viens, suis-moi ! »
Méditation
Le
livre des Juges dont nous venons d’entendre un extrait contient en un
verset un thème qui traverse tout le Premier Testament :
« Ils
abandonnèrent le Seigneur, le Dieu de leurs pères, qui les avait fait sortir du
pays d’Égypte, et ils suivirent d’autres dieux… »
La
sortie d’Egypte se situe au cœur de la foi du peuple d’Israël.
C’est
l’acte sauveur par excellence, qui a conduit à sceller l’Alliance.
Face
à ces bienfaits de Dieu (depuis l’élection d’Abraham jusqu’au don de la Terre
promise), le peuple s’est montré régulièrement infidèle.
La
cause de cette infidélité, c’est l’oubli.
Oubli
des dons, des bénédictions, du secours de Dieu…
Pourrions-nous
oublier les passages de Dieu dans nos vies, sa présence au quotidien ?
Pourrions-nous
douter de l’assistance de Dieu à l’avenir, après tous les secours opérés
jadis ?
Pourrions-nous
manquer de foi et de confiance ?
Pourquoi
ne suit-il pas Jésus ?
« Il
avait de grands biens », dit l’évangéliste.
N’est-ce
pas parce qu’il a peur de manquer ?
Parce
qu’il met sa confiance dans son avoir et non en Dieu ?
Parce
qu’il manque de foi en l’appel de Jésus ?
Nous
avons assisté à la tristesse du jeune homme qui « avait de grands
biens ».
Dans
un apophtegme, c’est-à-dire une sentence des Pères du désert[1], on trouve un autre
dénouement à une histoire un peu similaire.
Ecoutons
le récit :
« Un
frère demanda à un vieillard : ‘Veux-tu bien que je garde pour moi deux
pièces d’or pour le cas où je serais malade ?’. Et le vieillard, voyant
que dans sa pensée, il voulait les garder, lui dit : ‘Oui’. Retournant à
sa cellule, le frère avait l’esprit inquiet, se disant : ‘Le vieillard
m’a-t-il, oui ou non, dit la vérité ?’. Et il se leva, revint chez le
vieillard, fit la métanie et lui dit : ‘Au nom du Seigneur, dis-moi la
vérité, car je suis tracassé par les pensées à cause de ces deux pièces’. Le
vieillard lui dit : ‘C’est parce que je voyais que tu voulais les garder
que je t’ai dit cela ; pourtant, il n’est pas bien de conserver plus que
nécessaire à la vie. Si donc tu gardes ces deux pièces, c’est en elles que tu
places ton espérance ; et si par hasard elles se perdent, Dieu ne se
soucie plus de nous. Jetons donc notre souci dans le Seigneur, car il prend
soin de nous’ »[2]
Temps
de silence
Notre
Père :
Avec
le jeune homme de l’évangile qui, revenant sur ses pas, a peut-être mis sa
confiance en Jésus, redisons la prière du Notre Père…
Oraison
Dieu
notre Père, tu nous invites à garder mémoire de tes bienfaits, de tes passages
dans nos vies. En ce quotidien qui est nôtre, tu veux approfondir notre
confiance et notre foi. Tu connais aussi les entraves qui sont au fond de nos
cœurs, les ‘richesses’ qui empêchent de nous abandonner à toi. Apprends-nous à
ouvrir les mains pour recevoir de toi la confiance et à placer en toi notre
Espérance.
Nous
te le demandons par Jésus-Christ, ton Fils Ressuscité, qui règne avec Toi et le
Saint-Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles.
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