lundi 16 août 2021

Liturgie de la Parole, 20e lundi TO

 (sœur Marie-Jean)

 Introduction

En ce lendemain de la grande et belle fête de l’Assomption, nous voici rassemblés en communauté, en Eglise.

La liturgie nous propose d’abord une incursion dans le Premier Testament, avec un extrait du livre des Juges. J’en retiens la dernière phrase :

« Ils ne renonçaient en rien à leurs pratiques ni à leur conduite obstinée »

Le psaume graduel nous offre ensuite une variation sur le même thème :

« Tant de fois délivrés par Dieu, ils s’obstinent dans leur idée… »

Et, enfin, l’évangile qui commençait par un verset suggestif, ouvrant tous les possibles « Maître, que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle ? » se termine par un dénouement sans grande espérance : « Le jeune homme s’en alla tout triste, car il avait de grands biens »

 Hier, en la fête de l’Assomption, nous avons célébré celle dont la vie ne fut qu’un oui.

Certes, les résistances, les questionnements, les incertitudes devaient se bousculer en sa vie de jeune fille de Nazareth face à l’annonce de l’Ange et puis avec ce fiston pas comme les autres.

Mais Marie a témoigné d’un « oui » puisé dans sa foi et sa confiance.

Elle est donc aux antipodes des obstinations, des refus que la liturgie nous évoque en ce jour.

Cette même liturgie nous questionne aujourd’hui. Nous avons la liberté de notre réponse.

En recueillant les intentions de notre monde, laissons descendre en nous l’invitation pressante de Jésus : « Viens, suis-moi ! »

 

Méditation

Le livre des Juges dont nous venons d’entendre un extrait contient en un verset un thème qui traverse tout le Premier Testament :

« Ils abandonnèrent le Seigneur, le Dieu de leurs pères, qui les avait fait sortir du pays d’Égypte, et ils suivirent d’autres dieux… »

La sortie d’Egypte se situe au cœur de la foi du peuple d’Israël.

C’est l’acte sauveur par excellence, qui a conduit à sceller l’Alliance.

Face à ces bienfaits de Dieu (depuis l’élection d’Abraham jusqu’au don de la Terre promise), le peuple s’est montré régulièrement infidèle.

La cause de cette infidélité, c’est l’oubli.

Oubli des dons, des bénédictions, du secours de Dieu…

 Et nous, aujourd’hui, face à tous ces bienfaits de jadis, pourrions-nous manquer d’Espérance ?

Pourrions-nous oublier les passages de Dieu dans nos vies, sa présence au quotidien ?

Pourrions-nous douter de l’assistance de Dieu à l’avenir, après tous les secours opérés jadis ?

Pourrions-nous manquer de foi et de confiance ?

 Comme pour le peuple d’Israël, il en va du jeune homme de l’évangile…

Pourquoi ne suit-il pas Jésus ?

« Il avait de grands biens », dit l’évangéliste.

N’est-ce pas parce qu’il a peur de manquer ?

Parce qu’il met sa confiance dans son avoir et non en Dieu ?

Parce qu’il manque de foi en l’appel de Jésus ?

 Pour stimuler notre méditation sur le sujet, je vous propose de découvrir une issue possible de ce récit évangélique qui finalement, est peut-être inachevé.

Nous avons assisté à la tristesse du jeune homme qui « avait de grands biens ».

Dans un apophtegme, c’est-à-dire une sentence des Pères du désert[1], on trouve un autre dénouement à une histoire un peu similaire.

Ecoutons le récit :

« Un frère demanda à un vieillard : ‘Veux-tu bien que je garde pour moi deux pièces d’or pour le cas où je serais malade ?’. Et le vieillard, voyant que dans sa pensée, il voulait les garder, lui dit : ‘Oui’. Retournant à sa cellule, le frère avait l’esprit inquiet, se disant : ‘Le vieillard m’a-t-il, oui ou non, dit la vérité ?’. Et il se leva, revint chez le vieillard, fit la métanie et lui dit : ‘Au nom du Seigneur, dis-moi la vérité, car je suis tracassé par les pensées à cause de ces deux pièces’. Le vieillard lui dit : ‘C’est parce que je voyais que tu voulais les garder que je t’ai dit cela ; pourtant, il n’est pas bien de conserver plus que nécessaire à la vie. Si donc tu gardes ces deux pièces, c’est en elles que tu places ton espérance ; et si par hasard elles se perdent, Dieu ne se soucie plus de nous. Jetons donc notre souci dans le Seigneur, car il prend soin de nous’ »[2]

 

Temps de silence

 

Notre Père :

Avec le jeune homme de l’évangile qui, revenant sur ses pas, a peut-être mis sa confiance en Jésus, redisons la prière du Notre Père…


Oraison

Dieu notre Père, tu nous invites à garder mémoire de tes bienfaits, de tes passages dans nos vies. En ce quotidien qui est nôtre, tu veux approfondir notre confiance et notre foi. Tu connais aussi les entraves qui sont au fond de nos cœurs, les ‘richesses’ qui empêchent de nous abandonner à toi. Apprends-nous à ouvrir les mains pour recevoir de toi la confiance et à placer en toi notre Espérance.

Nous te le demandons par Jésus-Christ, ton Fils Ressuscité, qui règne avec Toi et le Saint-Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles.



[1] Situés pour la plupart au 4e siècle en Egypte.

[2] Les apophtegmes des Pères. Collection systématique, 1, Chapitres I-IX, Introduction, texte critique, traduction et notes par J.-Cl. Guy, SC n° 387, Paris, Cerf, 1993, n° 26, p. 333.

Aucun commentaire: